L'amertume d'un second sort
S'aurait du être une simple randonnée comme toutes les autres à travers mon univers de rêve; à visiter ceux à l'esprit de qui ma mémoire résonne, à apprécier, sinon me réjouir d'un paysage et d'un climat en quoi brillent éternellement les yeux perçant du soleil.
De préférence, la nature en a voulu de moi juste un siècle plus tôt, encore pire, bien des semaines trop tôt. Me voilà, un but nouvel, l'éventaire complète d'une maladive Ahyiti. Sa tête, enfouie comme par mystère au coeur ensanglanté de son sol "terrifiamment" chimérique, n'est que maintenant l'objet, l'épopée même de bien des siècles de misère et de controverse. Justes à quand, reste encore a deviner!
L'après-midi fut calme et paisible. Plus de vent, sauf une brise tendre, legère, et bourrée de compassion. Déjà, le nouvel an s'est apprêté à s'ajuster à la douceur de la journée, comme à l'ordinaire, on peut le sentir.
Payisans, villageois, citoyens de toute sorte, touristes, tous s'adonnent à leur routine quotidienne, considérant hier comme cette erreur de nature, laquelle jamais aurait du être; acceptant ce jourd'hui-là comme cadeau divin qui se retrouve guère une autre fois.
Tandis qu'à la surface tout dance au rythme de notre fierté et endurance, aux entrailles de notre pauvre mais adorable Ahyiti, tout chevauche; et, à l'instar des larmes d'un volcan résistant à son sort, le coeur de nos Aieux rejette toute tentation à la colère, sans pouvoir de l'empêcher à s'engrossir, ceci pour bien des siècles!
Bravo Boukman! Bravo Toussaint! Bravo Capois! Bravo Pétion! Bravo Christophe! Bravo Dessalines! Bravo Catherine! Bravo Marie-Jeanne! Bravo Charlemagne! Bravo à vous tous grand-parents, qui, ayant bravé l'incertain et l'inconcevable, avez cent fois prouvé cet amour inconditionnel qui vous anime à l'égard de cette patrie, laquelle, cent autres fois vous a trahi. Si seulement on savait combien lourde la tristesse assombrissant vos cieux...! Mais domage, au temps, la partie!
Cet après-midi-là, pas une âme, même un ange aurait pu prédire pareille prestation; un coup d'émotion si amer, si violent, en aurait voulu tant de nous autres, enfants des braves! Et, voilà, en juste une seconde que la tête inclinante des anges rebelles gardant nos villes côtières détournent leur regard de nos villages, que plus jamais sommes-nous aussi vulnerables!
La nature, en toute humilité, se fond à l'angoisse de nos ancêtres, tandis que la lumière d'en-Haut, tristement, scintille au rez-de-chaussée de notre ciel bleu. Et voilà, tout s'arrête en une synchronie magique et surnaturelle; ainsi, un silence de mort vient à régner. Soudainement, tout recommence; le coeur uni de nos Aieux palpite mille et une fois à la nanoseconde, notre monde gémit; ils s'ouvrent à peine la bouche à pleurer que de par leur cris, la terre tremble, les feuilles bondissent de leur tige, même les bâtiments les plus solides se voient acculer à prosterner à la prouesse d'un phénomène aussi monstrueux, écrasant dans leurs jointures tous ceux dont la malchance, ou peut-être la chance, aurait fait defaut!
Au reste, de l'histoire! Pour bien des heures, des jours, des semaines, à compter des mois, années même, nous autres se croyant survivants, avons pour nouveau devoir, le prix de ce deuil national. Que de mémoire hantée par ce fable! En toute franchise, et comme il parait, à tout jamais et au sol de notre conscience, nous autres, l'on demeure figé par la terreur, laquelle a réclamé notre chère Ahyiti ce 12 Janvier 2010!