L'Appreciative Inquiry dans les transformations en entreprise

Par Christophe Boubault, Julie Duperret, Jean Pagès 

Les approches rassemblées sous le chapeau de la psychologie positive démontrent scientifiquement que le sentiment de bien-être est source de santé au travail et qu’il augmente les comportements coopératifs. C’est dans le même esprit que l'Appreciative Inquiry aborde les transformations en entreprise. Dans les études que la discipline de la psychologie positive rassemble, les chercheurs américains et européens pour l’essentiel ont montré ce que peut être « le fonctionnement optimal » pour les individus. Ils ont ainsi trouvé les déterminants du bien-être psychologique (plaisir, engagement et sens) et les dispositions positives favorisant ce sentiment de bonheur et de là les comportements prosociaux qu’il produit. Ces déterminants sont l’optimisme (Trottier, Magneau, Trudel et Halliwell, 2008), la gratitude (Shankland et Vallet, 2011), la disposition au pardon (Mullet Houdbine, Laumonnier et Girard, 1998) et la pleine conscience pour la double attention qu’elle procure à la fois « réceptive » et « focalisée ». Ils ont également cherché à évaluer le concept de satisfaction de la vie (Blais, Vallerand, Pelletier et Brière, 1989) et le sentiment de bonheur (Ryff, 1989). Aujourd’hui, on ne compte plus ces études qui perdurent ce nouveau paradigme d’accompagnements individuels ou collectifs en se poursuivant sous l’angle par exemple de l’altruisme, de l’enthousiasme ou encore de la gentillesse, … comme autres sources de comportements prosociaux qui seraient pertinents de voir se développer dans les organisations que nous accompagnons. L’atelier 4 sur les méthodes dites appréciatives ne se voulait pas être une présentation fastidieuse et incomplète de ces méthodes mais plutôt un moment pour tester l’effet d’une telle approche sur soi-même dans un premier temps et une application terrain très concrète réalisée au Conseil départemental du Loiret qui a réussi à emporter tout un collectif dans un projet transversal et coordonné par des fonctionnaires territoriaux enthousiastes. A l’origine de l’Appreciative Inquiry, David Cooperrider, Professeur en sociologie des organisations (“Organizational Development”) a démontré que s’appuyer sur les forces de vie d’une organisation permettait de conduire des changements sur un mode participatif, constructif et positif. L’Appreciative Inquiry (ou Exploration appréciative en français) rompt avec le mode “résolution de problème” : 1. identification d’un problème, 2. analyse des causes, 3. trouver des solutions. Avec l’AI, chacun.e est de facto considéré.e comme vivant.e et on s’appuie sur ces ressources, dispositions, talents, envies, … pour en multiplier les effets et le sens du collectif. L’Appreciative Inquiry est donc un « Being », c’est-à-dire un état d’être profond quant à la manière d’aborder les relations humaines et leur raison d’être, une méthodologie en 5 actes conduisant à des résultats avérés. Cette méthodologie est dite celle des 5 D soit : Définition, Découverte, Devenir, Design, Déploiement. Pour Christophe Boubault (ex DSI), cette démarche a été déclinée au sein de nombreux projets territoriaux. Au-delà du parcours d’initiation des agents volontaires à l’« Appreciative Inquiry » dont Christophe nous a présenté un film d’animation, un projet de direction a été produit collectivement en 9 jours à partir de 8 axes stratégiques et 96 actions opérationnelles. Ce projet mobilise encore une multitude d’acteurs travaillant en partenariat (associations, organismes publics, privés, …). A travers un autre exemple, la démarche appréciative a amené les collaborateurs à contribuer, avec des représentants de la société civile, à l’organisation des prochains Jeux Olympiques de 2024 ! « Ce projet n’aurait jamais eu lieu s’il n’était pas venu des acteurs eux-mêmes » nous confie Christophe. Pour les participants de l’atelier, Jean Pagès – Fondateur et associé de l’Institut de Formation à l’Appreciative Inquiry (l’IFAI) avec Jean-Christophe Barralis et Christine Cayré– leur a fait vivre le « dialogue appréciatif » dont l’accompagnant.e se sert lors de la phase de « Découverte ». Cela a permis aux participant.e.s de « se reconnecter à un idéal d’enfant », de leur « redonn[er] de l’énergie », de « rentr[er] dans l’esprit de l’autre et avec … l’Entre* ! » (*allusion au concept de François Jullien écouté précédemment en conférence) ou encore cela a donné des idées à certains : « il y a des questions auxquelles on ne pense pas. C’était très intéressant. »

Pour le Symposium de la SFcoach du 23 janvier 2020 sur les transformations au travail, article écrit par Christophe Boubault, Julie Duperret et Jean Pagès : Co-animateurs de l’atelier sur les méthodes appréciatives.