L'apprentissage et le corps - Article de réflexion
Selon Michel Boileau dans « La peur ; une alliée possible ! », la peur du changement nous illusionne sur un monde confortable et statique quand au contraire nous vivons constamment le changement et la transformation. Cette peur peut devenir un repère nous indiquant que nous sommes dans une période de transition ; et possiblement, une porte d’entrée vers l’inédit ou l’apprentissage peut-être même la découverte ?
Qu’est-ce qui vient en premier ; le besoin de vivre une expérience nouvelle ou la peur du changement ? Est-ce que l’une pourrait précipiter l’autre, même à notre insu ? Et déjà lorsque l’on a peur du changement, c’est que quelque chose de nouveau se pointe à l’horizon. Il y a les difficultés que l’on vit qui nous forcent à emprunter un nouveau chemin et rencontrer aux passages certains apprentissages. J’ai toujours aimé ce mot « apprentis-sage » que l’on peut inverser en « sage apprenti ». Comme si la grandeur du sage nous rattrape parfois et laisses-en nous une empreinte. Quoi de plus merveilleux que de se laisser imprégner par une douce leçon… comme un goût de miel… haaa ! C’est comme ouvrir une porte et retrouver quelque chose que l’on avait oublié que l’on cherchait. Parfois, c’est dans la relation à l’autre que cette ouverture se crée. C’est tout un art que de guider une personne de la sorte au milieu du tumulte de ses conversations intérieures.
Est-ce que vous vous êtes déjà demandé quelles sont ces conversations intérieures qui font obstacles ou qui aident à l’apprentissage ? Quels sont les schémas de pensée qui contribuent à notre évolution ? Quelle serait une façon de synthétiser les anciens et nouveaux schémas pour leur donner une perspective différente ? Est-ce que nos schémas corporels jouent un rôle dans la fixation de nos idées ?
Comment installer les conditions idéales d’apprentissage pour nos amis, nos enfants, nos employés ou nos clients ? Ce qu’on pourrait appeler aussi une « pédagogie alternative » est partagé dans plusieurs milieux : coaching, relation d’aide, écoles alternatives, éducation communautaire, etc. Cette pédagogie est soutenue par une philosophie humaniste préconisant un dialogue d’égale à égale entre les humains. Il reconnaît le parcours unique de chaque personne et leur permet d’évoluer à leur plein potentiel. Les apprenants doivent prendre des initiatives et développer une autonomie dans leur propre apprentissage en trouvant des projets auxquels ils croient. Ils auront la motivation, car ils ont choisi non seulement le sujet, mais les connaissances et les compétences à apprendre. Dans cette approche, l’enseignant/coach est un guide accompagnant la personne dans son évolution (la stagnation n’est pas un choix). Au contraire, le modèle traditionnel considère l’apprenant comme un réceptacle et le professeur serait le maître absolu de la connaissance. Pourtant, la plus haute forme de connaissance ne serait-elle pas de se connaître soi-même ? Et cela, personne d’autre ne peut le faire à notre place. D’où l’importance « d’apprendre à apprendre » le plus tôt possible dans notre cheminement.
Une méthode d’égale à égale permet aussi d’éviter le phénomène de résistance déclenché par la peur du changement. Malgré la grande valeur des améliorations proposées, si la méthode utilisée ne porte pas en soi la semence de la transformation voulu, elle portera flanc à la critique, et à la résistance. Le contenant doit être fabriqué de la même nature que le contenu.
Plusieurs témoignages en entreprise démontrent l’inefficacité d’une approche de coaching imposée du haut vers le bas. Le gestionnaire, l’enseignant ou même le parent qui propose une nouvelle idée peut aussi se buter à une résistance plus ou moins consciente chez l’autre personne. Celle-ci s’exprime très différemment d’une personne à l’autre : dormir, bailler, confronter, se rebeller, changer de sujet, se laisser faire et vivre du ressentiment, dire oui, mais faire à sa tête dans son coin, se victimiser, être passif agressif, etc. Sans un dialogue sincère avec des propositions ouvertes et négociables, la personne dans le rôle de leadership ou de coach est vouée à créer une situation de résistance.
Dans le corps, cette idée est exprimée par la force de l’homéostasie, un terme en physiologie qui désigne le « maintien à un niveau constant, par les organismes vivants, des caractéristiques internes (...) ». (Le Petit Larousse, 1999) Le corps tente de maintenir le statu quo et il reproduit les habitudes qui lui ont permis de survivre jusqu’à maintenant. Heureusement, l’être humain possède aussi une force créative qui lui permet d’évoluer et qui le pousse constamment à être curieux.
Directeur sports, loisirs, culture et développement social à la Cité de Dorval / City of Dorval
9 ansTexte très riche. L'analogie avec l'homéostasie m'a permis de visualiser et mieux saisir la racine de ma propre résistance. Chapeau!
Conseillère et coach en gestion de carrière
9 ansJe trouve votre article exceptionnel, à la fois par ses côtés philosophique, pragmatique et psycho-sociologique. Merci.
Développement du leadership/Dirigeants/ milieu municipal, secteur public et entrepreneurs
9 ansTrès bien fait Nicole, le statu quo est l'instinct de survie de tout organisme vivant, quand on peut s'observer et sentir cet instinct puis vient les toutes les possibilités...
Professionnelle multitâche
9 ansLibérer l'esprit pour alléger le corps. Libérer le corps pour alléger l'esprit. Le mouvement de la vague! Oui, accueillir et susciter la mouvance en tout et partout. Célébrer l'impermanence...
🇨🇦 Years Coaching & Advising Leaders / Executive Onboarding / Certified Integral Coach & Facilitator / Ex-Shopify Coach
9 ansExcellent article Nicole. Le changement doit passer par le corps, et maintenant la science peut le démontrer. Un coaching ou une formation qui l'ignore se trouve limité.