L’après Covid-19 en matière d'aménagement d'espace
High line _ New York City

L’après Covid-19 en matière d'aménagement d'espace

ELEMENTS DE REFLEXION…

La sécurisation des personnes sera la grande priorité à très court terme du retour au travail (ou de sa poursuite) quel que soit le secteur d’activité concerné. Cela passera par l’application des gestes barrières et notamment la distanciation physique ce qui aura des conséquences rapides et visibles sur l’aménagement des espaces. Les cantines scolaires, les salles de classe tout comme les open space, les salles de réunion mais aussi les salles de restauration et les espaces d’accueil et de convivialité en ehpad devront revoir leur aménagement afin de permettre le respect des distances entre les individus.

Vers le développement du télétravail et une re-définition de l’usage des bureaux en entreprise

Ce besoin de sécurisation pourra également être en partie comblé par le recourt au télétravail lequel a été largement utilisé pendant la période de confinement. Des entreprises auparavant réticentes à ce nouveau mode de fonctionnement du travail ont pourtant fini par se résoudre à son utilisation massive faute de solutions alternatives. Mais cela ne profitera aux tiers-lieux tels que les espaces de coworking qu’à la seule condition que ces derniers déploient des offres assurant une sécurité maximale ce qui implique une moindre densité des espaces occupés et un investissement supplémentaire dans la désinfection des locaux. Le « grand gagnant » sera certainement le « home office » (travail à la maison) appelé à se généraliser de manière beaucoup plus rapide que cela ne l’a été jusqu’à présent malgré des dispositions légales favorables. Cela implique des réflexions sur la manière d’optimiser l’aménagement des espaces de travail à la maison mais aussi de repenser l’usage des locaux de l’entreprise et d’adapter leur aménagement en fonction de leur réelle utilité : échanges informels, espaces de travail pour les sédentaires, espaces collaboratifs, accueil clients, etc.

L’inclusion de nos aînés

Cette crise a également mis en avant l’isolement de nos aînés qu’ils soient à domicile ou dans des établissements dédiés. L’extraordinaire capacité de solidarité a permis de générer un afflux de volontaires pour venir au secours des personnes isolées et notamment des personnes âgées et simplement prendre du temps pour appeler une personne au téléphone, faire les courses, etc. En matière d’aménagement, cela met en avant la nécessité de replacer nos aînés au cœur de nos projets urbains plutôt qu’à la marge car cela est porteur de sens pour tous, quelles que soient les générations. Les EcoQuartiers plébiscités ces dernières années (depuis 2009, 51 opérations ont été livrées, 200 sont en chantier et 380 sont en projet – Source : « Ça déménage dans l’aménagement » CityLinked) ne peuvent faire l’impasse sur l’habitat intergénérationnel. La ville inclusive appelée de nos vœux, ne peut se passer de nos aînés quel que soit leur état de santé, mais se doit d’être solidaire et bienveillante en ouvrant davantage les structures d’hébergement à la vie extérieure de la cité.

Une architecture et des aménagements scolaires plus ouverts et flexibles

En matière d’éducation, le développement « forcé » de l’usage du numérique pendant la période du confinement a permis non seulement de démystifier cet outil mais aussi de faire appel à d’autres formes de créativité afin de susciter l’intérêt des élèves et surtout de faire preuve d’une réelle capacité d’adaptabilité. Retourner dans des espaces de classe tels qu’ils ont été conçus sur le modèle du début du XIXème siècle deviendra de plus en plus difficile. L’enseignement n’a pas besoin d’espaces circonscrits et intangibles mais se nourrit plutôt de lieux flexibles qui suscitent l’envie d’apprendre : ateliers, espaces détente, laboratoires, agora, etc. L’usage des outils numériques aujourd'hui mieux maîtrisé, favorise le développement de tels espaces d’apprentissage.

Vers un ré-investissement durable de l’espace urbain

Par ailleurs, cette crise met en lumière la mise en péril de nos écosystèmes et pousserait à limiter l’étalement urbain afin d’en assurer la survie. Cependant, jusqu’où la densification urbaine peut-elle aller sans nuire à notre sécurité (notamment en matière de propagation des virus) ? Une première réponse pourrait se trouver dans le ré-investissement de certains lieux laissés à l’abandon tels que les friches industrielles ou encore certains immeubles de centre-ville partiellement voire totalement vides. Une seconde réponse pourrait également se trouver dans un mode de réflexion accès sur le court terme plutôt que sur des décennies. Cela permettrait de penser l’aménagement de manière provisoire avec des éléments recyclables et des structures flexibles permettant ainsi de s’adapter au plus vite aux usages. Enfin, une troisième réponse pourrait tout simplement provenir d’un partage des usages d’un même lieu : une cour d’école ne pourrait-elle pas avoir une utilité pour la communauté environnante en période de congés scolaires ou les week-ends… ?

La nécessité de projets participatifs et consensuels

Tout cela ne pourra effectivement se faire qu’avec la participation de tous : parties prenantes et usagers des projets. Seule une analyse des usages, des besoins et des contraintes au plus près des personnes concernées et sur un véritable temps dédié permettra d’aller vers des aménagements à la fois consensuels et respectueux de toutes les espèces de notre planète. 


 

Marie MERIAUX

Directrice de projet - AMO programmiste chez VOXOA

4 ans

Merci Céline pour ces pistes de réflexion ! En effet, il s’agit de bien réfléchir à l’après, au REX de cette crise pour pouvoir intégrer de nouveaux usages ou fonctionnements au sein des bâtiments et de la ville.

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