L’autonomisation des femmes et des filles en Côte d’Ivoire : Une marche vers le progrès, entre victoires et défis
En Côte d'Ivoire, l'autonomisation des femmes et des filles se dessine depuis des décennies comme une quête courageuse et incessante. À travers les efforts conjugués du gouvernement, des organisations locales et internationales, ainsi que des leaders communautaires, le pays a accompli des avancées remarquables dans plusieurs domaines clés, tels que l'éducation, la santé et l'entrepreneuriat. Pourtant, malgré ces progrès, les obstacles sont encore nombreux, et la voie vers une véritable égalité entre les sexes reste sinueuse. S'appuyant sur des données nationales, régionales et internationales, cet article retrace les jalons franchis et les défis qui subsistent.
Des progrès dignes d’être célébrés
Au fil des ans, la Côte d’Ivoire a fait des pas de géant, particulièrement dans des domaines clés tels que l’éducation, la santé et l'entrepreneuriat. À travers le pays, dans les villes comme dans les villages les plus reculés, les histoires de femmes et de filles qui se frayent un chemin à travers les obstacles se multiplient.
1. Éducation et alphabétisation : un pas vers l'égalité
Dans les années 2000, l’accès à l’éducation pour les filles en Côte d'Ivoire était loin d’être garanti. Le taux d'alphabétisation des jeunes filles âgées de 15 à 24 ans atteignait à peine 38,3 %. Cependant, deux décennies plus tard, ce chiffre a grimpé à 57,9 %, selon le Rapport sur la Situation de l'Alphabétisation en Côte d'Ivoire de l'Institut National de la Statistique (INS, 2021) et le Rapport Mondial de Suivi sur l'Éducation de l'UNESCO (2022).
Le taux de scolarisation des filles dans le primaire a également connu un bond significatif, atteignant 96 % en 2021, selon le Rapport sur la Situation de l’Éducation en Côte d’Ivoire de l'UNICEF (2022). Ces statistiques démontrent une volonté collective de briser les barrières à l’éducation des filles.
Pourtant, au-delà du primaire, les inégalités refont surface : seulement 34 % des filles poursuivent leurs études au secondaire, contre 48 % des garçons, selon le Rapport sur l'Éducation Mondiale de la Banque Mondiale (2022). Dans les zones rurales, la situation est encore plus préoccupante, en raison de facteurs culturels comme les mariages précoces et les grossesses adolescentes qui entravent la progression scolaire des filles.
2. santé : Amélioration des soins maternels
Les efforts en matière de santé maternelle ont permis de sauver des vies. Entre 2000 et 2017, le taux de mortalité maternelle est passé de 645 à 617 décès pour 100 000 naissances vivantes, selon le Rapport sur la Santé Mondiale de la Banque Mondiale (2023). Bien que ce taux soit encore supérieur à la moyenne régionale de 534 décès, ces chiffres témoignent des améliorations apportées aux infrastructures de santé et à la formation des professionnels de santé.
De plus, l’utilisation de méthodes modernes de contraception par les femmes mariées a plus que doublé, passant de 8 % en 2000 à 22 % en 2021, selon le Rapport sur l'État de la Population Mondiale du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA, 2022). Toutefois, ce chiffre reste en deçà de celui observé dans des pays voisins comme le Ghana (33 %) et le Sénégal (30 %), ce qui montre qu'il reste des marges de progrès à atteindre.
3. Entrepreneuriat féminin : Une force montante
Dans les rues animées d'Abidjan, où l'effervescence des affaires se mêle aux bruits de la ville, et dans les marchés colorés de Bouaké, où les sourires et les échanges de marchandises révèlent une solidarité silencieuse, un phénomène puissant est en marche. De plus en plus de femmes se lèvent, déterminées à prendre leur destin en main. Elles sont entrepreneures, dirigeant leurs propres entreprises, défiant les stéréotypes et prouvant, chaque jour, que leur place est bien là, au cœur de l'économie ivoirienne. En 2022, 26 % des entreprises formelles en Côte d'Ivoire étaient pilotées par des femmes, selon le Rapport sur le Développement Mondial de la Banque Mondiale (2022).
Derrière ces chiffres se cachent des histoires de lutte, de résilience, et parfois de découragement. Malgré leur talent et leur ambition, ces femmes font face à des obstacles majeurs. L'accès au financement et au marché reste un mur difficile à franchir. Les banques et les institutions financières, souvent plus enclines à soutenir les hommes, accordent en moyenne 20 % de moins aux projets portés par des femmes, selon le World Economic Forum (2022). C'est une réalité douloureuse qui limite la portée de leurs rêves et freine la croissance de leurs entreprises. Pourtant, elles continuent de se battre, d’innover, et de créer des emplois, de soutenir leurs communautés, prouvant chaque jour que leur succès est aussi celui de toute une nation.
Grâce au Programme d’Appui à l’Entrepreneuriat Féminin, plus de 5 000 femmes ont pu bénéficier de microcrédits et de formations au cours des trois dernières années, d’après l’Agence Ivoirienne de Développement de la Petite et Moyenne Entreprise (AIDPME). Ce programme, bien qu’encourageant, n’est qu’une première étape vers un entrepreneuriat féminin pleinement soutenu et financé de manière équitable.
4. Lutte contre les Violences Basées sur le Genre (VBG)
Selon l’Institut National de la Statistique (INS, 2022), environ 37 % des femmes ivoiriennes âgées de 15 à 49 ans ont subi des violences physiques ou sexuelles au cours de leur vie. Ce chiffre a diminué par rapport à 2018, où il atteignait 41 %, grâce aux initiatives telles que le Plan d’action national contre les VBG, lancé en 2020. En 2022, plus de 3 500 femmes ont été prises en charge dans les centres de soutien mis en place par le gouvernement, un chiffre en hausse par rapport aux 2 200 femmes de 2019, selon ONU Femmes (2022)
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Les défis persistants à surmonter
1. Représentation politique : un plafond de verre à briser
Dans les couloirs feutrés du pouvoir, où se façonnent les décisions qui impactent la vie de millions de citoyens, une réalité persiste : les femmes y sont encore largement absentes. Lors des élections législatives de 2021, seulement 12 % des sièges parlementaires en Côte d'Ivoire étaient occupés par des femmes, un chiffre bien en dessous de la moyenne africaine de 24 %, selon un rapport de l'Union Interparlementaire (2022). Ce pourcentage devient encore plus frappant lorsqu'on le compare à des pays comme le Sénégal et Rwanda, où respectivement 43% et 61 % des parlementaires sont des femmes. Cette disparité met en lumière un fossé qui ne devrait plus exister, surtout dans un pays comme la Côte d'Ivoire, riche de talents féminins brillants et de leaders prometteuses.
Il est temps pour la Côte d'Ivoire de repenser sa stratégie pour garantir une meilleure représentation féminine au sein des instances décisionnelles. L’instauration de quotas, accompagnée de programmes de sponsoring et de mentorat pour les femmes, pourrait être une solution efficace pour renforcer la voix des femmes là où elle est le plus nécessaire : dans les lieux de prise de décision. Ces mesures ne sont pas seulement une question de parité, mais d'équité et de justice, car une société ne peut véritablement prospérer qu’en intégrant pleinement ses talents, sans distinction de genre.
2. Violences Basées sur le Genre (VBG) : une lutte inachevée
Les violences basées sur le genre restent, hélas, une sombre réalité quotidienne pour des milliers de femmes en Côte d'Ivoire. Chaque jour, des vies sont brisées, des rêves anéantis, et des familles plongées dans la douleur. Parmi ces violences, le féminicide – cette forme ultime et tragique de violence – n'est toujours pas reconnu comme un crime spécifique dans le pays. Ce silence législatif rend ces meurtres invisibles dans les statistiques officielles, ajoutant l'injustice à la douleur.
Comparée à des pays voisins comme le Sénégal et le Ghana, la Côte d’Ivoire est en retard dans la lutte contre les VBG. Le Sénégal, par exemple, a récemment pris des mesures pour criminaliser le viol et le féminicide, renforçant ainsi la protection des femmes. Au Ghana, des campagnes de sensibilisation et une législation stricte ont permis une prise de conscience accrue, bien que les défis demeurent. En Côte d'Ivoire, malgré les avancées dans la sensibilisation, la reconnaissance officielle du féminicide comme crime spécifique reste une bataille que les organisations de défense des droits des femmes mènent avec détermination. Leur appel est clair et urgent : ces crimes doivent être reconnus pour ce qu'ils sont, et la justice doit suivre avec la fermeté nécessaire pour éradiquer cette violence.
Il est impératif que le système judiciaire ivoirien soit renforcé, que les forces de l’ordre soient formées à traiter ces affaires avec la rigueur et l'empathie qu'elles méritent. Chaque femme, peu importe où elle vit, mérite une société qui la protège, une justice qui la défend, et un avenir où elle peut vivre sans crainte. La Côte d’Ivoire doit suivre l’exemple de ses voisins et adopter une législation forte contre les VBG, car aucune société ne peut prospérer en tolérant de telles injustices.
3. Participation économique : combler les inégalités
En Côte d'Ivoire, les femmes représentent 43 % de la population active selon le Rapport sur l'Emploi et l'Économie de la Banque Mondiale (2022), un chiffre qui témoigne de leur contribution indéniable à l'économie du pays. Pourtant, malgré leur implication dans divers secteurs, elles demeurent largement sous-représentées aux postes de direction, occupant seulement 15 % des positions de leadership dans les entreprises privées. Cette sous-représentation n'est pas seulement une question de nombre, elle reflète une réalité plus profonde : celle des inégalités salariales persistantes. En moyenne, les femmes gagnent 25 % de moins que leurs collègues masculins dans le secteur privé d'après le Global Gender Gap Report du World Economic Forum (2023).
Cette situation n’est pas simplement une injustice sociale, elle est également un frein au développement économique de la Côte d'Ivoire. Lorsque la moitié de la population active n'est pas reconnue à sa juste valeur ou n'a pas accès aux mêmes opportunités de progression, c'est l'ensemble du tissu économique qui en pâtit. Il est plus que temps d’adopter des politiques courageuses qui favorisent la transparence salariale et garantissent aux femmes un accès équitable aux postes de décision. Promouvoir les femmes à des postes de leadership n’est pas seulement une question d’égalité, c’est un impératif économique pour un avenir prospère et inclusif.
4. Education : Un fossé persistant entre les sexes
En 2022, seulement 34 % des filles en Côte d'Ivoire ont terminé le cycle secondaire, contre 48 % des garçons, selon le Rapport sur l'Éducation de la Banque Mondiale (2022). En zones rurales, les barrières culturelles et économiques continuent d'empêcher beaucoup de filles de poursuivre leurs études. L'UNICEF (2023) souligne que des bourses ciblées et des programmes de mentorat sont nécessaires pour encourager la scolarisation des filles et réduire l'analphabétisme chez les femmes, qui touche encore 38 % des femmes âgées de 45 à 54 ans.
Comparaison régionale
Conclusion
Les progrès réalisés en Côte d'Ivoire dans l’autonomisation des femmes sont notables, mais des efforts supplémentaires sont nécessaires pour garantir une égalité des sexes dans tous les domaines. L'amélioration de l'accès à l'éducation, à la santé, à l'entrepreneuriat et à la participation politique est essentielle pour garantir une égalité réelle. La Côte d’Ivoire doit accélérer les réformes structurelles, notamment l’adoption de lois spécifiques sur les VBG et le féminicide, et renforcer les initiatives inclusives afin de franchir une nouvelle étape vers une société plus juste et équitable.
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QHSE Governance and Compliance | Supply Chain | Innovation | Project Management | Risk Management | General Management | WBAF (G20) Head Of Mission | PE Investor | Startup Advisor | Harvard Alumna
3 moisGouvernement de Côte d'Ivoire
Directrice Exécutive de la Fondation KAYDAN - Linkedin Top Choice Africa 2020- 2022 - Chercheure associée chair API, ASMP, consultante formatrice.
3 moisQuelle excellence rédactionnelle ma chère Gnoungo Mariam KONE en plus du choix d'un sujet d'actualité! Je salue cet article très instructif. L'autonomisation de la femme est un sujet qui mérite d'être traité et des actions doivent menées dans ce sens. Bravo pour ces informations de qualité continues dans votre publication. Continuez, vous êtes un exemple.
Business in Health care , Medical director and owner at SEMAH , Father of 4 .
3 moisPlease the english version
QHSE Governance and Compliance | Supply Chain | Innovation | Project Management | Risk Management | General Management | WBAF (G20) Head Of Mission | PE Investor | Startup Advisor | Harvard Alumna
3 moisDr. Rachel YOUANT KOFFI Dr Anino Emuwa Ameenah Gurib-Fakim Dr. Allama ELMEHDI / د.العلاما المهدي (MD, MBA, PGD, CPH)