LE THE AU RAISIN SEC
L’histoire que je vais vous narrer aujourd’hui , s’est déroulée dans le même hameau, le lieu de prédilection invoqué dans ma précédente publication « La valeur du travail » Elle est d’ailleurs à peu près du même gout, avec la même ardeur de mettre en valeur, les conditions sociales, les aspects comportementaux du petit peuple viscéralement attaché à ce village avec aussi, toute la morale qui s’en dégage de cette coexistence tissée de modestie, de simplicité et de loyauté.
Cette petite anecdote, relate le vécu d’une petite famille modeste, recroquevillée à l’intérieur d’un abri de fortune à la merci de tous les aléas de la nature. Les visages marqués par leurs âmes avec en ligne de lèvres une esquisse de sourire comme pour lancer une bravade à leur sort.
Le chef de famille, un homme pétri de sagesse et de bonté a l’habitude de quitter la demeure tous les petits matins que Dieu fait pour se rendre au village en quête de petits boulots pour nourrir ses enfants. A maintes reprises, il rentre le soir presque bredouille, exténué par la fatigue et la mélancolie.
Sa femme, une rude gaillarde, prise d’une profonde indulgence pour son mari, décide un jour sous un rayon de soleil indiscret, de lui proposer un contrat de travail tout ce qu’il y a de conventionnel avec quand même une connotation philosophique adaptée à la sensibilité et à l’ego de son époux.
Elle lui tend la main avec dans le creux de la paume comme pour lire la bonne aventure, deux Ecus en or scintillants, un butin qu’elle avait soigneusement couvé depuis les noces.
C’est le capital pour acheter les accessoires nécessaires à la réalisation de l’idée de la femme à l’effet d’entreprendre la préparation à grande échelle du thé pour sa commercialisation.
Au tour maintenant de notre brave monsieur, d’apporter sa contribution pour parachever le Business plan. Son apport consistait à trouver la formule magique pour donner une âme, une incarnation à ce projet. Il avait juste la nuit pour le faire.
Au petit matin déjà, la bonne femme avait tout préparé et tout mis en ordre de partir en besogne. Elle n’arrivait pas à contenir son excitation, son esprit espiègle savait que son mari avait concocté toute la nuit durant, une maxime originale pour accompagner la vente comme convenu.
Le mari, toujours fier de sa virilité Oh combien de fois contrariée par la dureté de la vie, lui annonce le verdict :
Buvez mon thé au raisin sec et gardez-vous d’oublier ce qui vient avec.
‘’ Celui qui creuse un fossé à son prochain,
Finira le premier à y tomber, un triste matin ‘’
La première journée a été fructueuse, des sollicitations de partout, un engouement hors pair dominé par la curiosité de goûter à ce breuvage exotique, excitant les palais les plus récalcitrants.
Toute la famille, rongée par l’attente interminable, debout, au seuil de la porte, les regards pointés à l’horizon. Au dernier balayage, ils accrochent la silhouette du Papa arrivant à pas lourds, non pas de fatigue mais de bonheur, de fierté et d’humilité. La femme stoïque, à l’approche de son mari a fini par écraser une larme de joie. Le plan a merveilleusement fonctionné.
Le train de vie de la famille commençait à prendre des couleurs et à se séparer progressivement de la précarité, le sort a commencé à bouger.
Des semaines se sont déroulées confortablement, l’expérience acquise, une clientèle déjà façonnée, c’est donc parti pour agrandir un peu plus le cercle.
Notre cher marchand ambulant a fini par atteindre les quartiers huppés du village .A l’approche de la Résidence du Caïd, celui-ci n’a pas hésité à le faire monter pour goutter à ce thé étrange presque énigmatique .Le Commis du Caïd, l’installa dans la cuisine attenante à un salon d’apparat pour faire goutter le Caïd.
Le Caïd, émerveillé par tout ce protocole, en a pris tout de suite gout et demande au Marchand de venir quotidiennement lui servir le thé moyennant une forte récompense. La famille comblée de joie, sa femme en particulier décide, d’aménager pour le Caïd, un traitement spécial.
C’est devenu donc un rituel, le marchand était au rendez-vous tous les jours pour servir le Caïd et repartir avec le gain journalier tombé du Ciel.
Notre cher Commis, épris d’une jalousie morbide ne l’entendait pas de cette oreille. Il décide alors, d’imaginer un stratagème pour éloigner le Marchand de the qui commence à ses yeux à lui faire de l’ombre et peut être…
Un jour après le service, le Commis recommande au marchand de mettre dorénavant, un foulard pour ne pas indisposer le Caïd par la mauvaise haleine qui sortait de sa bouche en l’approchant. Ce qui, l’obligea à le mettre, tous le temps les jours qui suivaient avec sa naïveté paysanne innocente.
Entretemps, le Commis diaboliquement, prend le Caïd en aparté et de lui laisser entendre que le marchand de thé porte le foulard pour ne pas sentir l’odeur rébarbative de la transpiration du Caïd.
Le jour suivant, le Commis, en congé, c’était donc, le Caïd en personne, qui reçoit le Marchand, il prend quand même son thé habituel mais c’était beaucoup plus pour s’assurer du port de foulard qui le rendait aveugle de rage.Avant de partir, le Caïd, le cœur à la gorge, remet au marchand une lettre officielle cachetée en lui demandant de la remettre aux mains propres de l’administrateur logé à la sortie de la ville. C’était la condamnation à mort sans appel du malheureux marchand de thé
Chemin faisant, un peu le vague à l’âme induit peut être par une forte intuition, le marchand rencontre fortuitement le Commis. Il l’informe qu’il est chargé par le Caïd de remettre le pli à l’Administrateur. Le Commis, fou de rage, lui arrache la lettre en hurlant à la figure du marchand que ce n’est pas son travail et que c’est à lui de la remettre.
Le lendemain, le Caïd plongé dans la méditation sur toutes les péripéties qu’il venait de vivre, il est brusquement secoué par la voie du marchand qui n’a pas manqué le rendez-vous habituel. Le Caïd, Complètement dépassé, tremblant comme une feuille de papier, l’invite en personne à monter.
En voyant le marchand devant lui, le foulard toujours collé à la bouche, c’est à ce moment, que l’odeur de la trahison du Commis commencait à agresser les narines du Caïd. Il a vite compris le forfait dont il a été victime le marchand de thé et de lui poser la question, Pourquoi tu portes ce foulard ? Le marchand répond, la main sur la bouche, que c’est à la demande du Commis que je le porte pour vous éviter les désagréments de mon haleine un peu fétide par la fatigue. A qui, tu as remis la lettre ? A monsieur le Commis sur son insistance
Alors cher marchant, le Commis à l’heure actuelle, n’est plus de ce monde et c’est toi qui le remplace Je te demande pour ta dernière livraison de me répéter l’adage du the au raisin sec….
M’Hamed BACHA
Responsable Approvisionnement et referencement chez ELYDIA
5 ansMerci Mohamed pour cette belle leçon c'est vraiment instructive.
Collaborateur Expertise Comptable chez SOCIÉTÉ Expertise Comptable RCOI
5 ansUne leçon de vie pour dire de demeurer digne, humble, et fidèle à ses bonnes valeurs, cela payera toujours car Dieu veille et protégera toujours les justes et les honnêtes dans ce bas monde... Merci et mes respects à vous Mr le narrateur, une belle histoire. Avez vous publié des livres par hasard car votre façon de narrer donne envie de vous lire davantage..
Business developper PACA
6 ansQuelle belle leçon d’humilité.. Le marchand fidèle à ses principes a su dépassé cet épreuve Et le commis a subi le résultat de son égoïsme et de sa jalousie Le caïd, quand à lui, il a compris que la communication est le meilleur moyen de dissiper le doute Merci Mhamed de faire revivre ces contes
Gouvernance & Intelligence Économique
6 ansNos contes et légendes sont une excellente source d'inspiration mhamed BACHA et il suffit d'en tirer les enseignements appropriés. Merci pour ce partage.