Le beurre, l’argent du beurre, ou la qualité dans l’acte de construire?

Il y a 3,4 à 3,7 milliards d’années des micro-organismes (bactéries et champignons) auraient été les premières formes de vies présentent sur Terre. Depuis ce jours ces microbes se livrent une véritable bataille pour la conquête du monde dans un équilibre plus ou moins constant.

Il y a environ 7 millions d’années apparaissaient les premiers hominidés qui, comme son environnement, dépendent de ces micro-organismes pour respirer, boire, manger et se soigner.

Depuis son existence, l’Homme conscient de sa vulnérabilité a cherché à se regrouper en clan, en tribu, et en société. Il a commencé par construire des abris précaires et conçu des outils qui l’ont conduit à édifier des pyramides puis, à envisager aujourd’hui la conquête de la planète Mars.

Au cours de l’histoire humaine on constat que l’habitat et son environnement ont joué un rôle vital dans l’évolution des sociétés. Même si cela a été oublié, comme on le qualifie aujourd’hui, le bâtiment et les travaux publiques restent au cœur de l’avenir de nos sociétés.

Cependant, depuis cinq ans, s’est installé sur le territoire Réunionnais une certaine dévalorisation de ces métiers ainsi qu’une désinvolture face aux responsabilités qu’elles font peser sur l’acte de construire.

Force est de constater, qu’en 2020, 78% des chantiers locaux cumulent les malfaçons manifestes, les entorses aux règles sanitaires et méprisent les règles de sécurité.

Les conséquences seront l’installation dans le temps de désordres importants qui vont aller jusqu’à rendre impropre l’usage du livrable. Leurs reprises vont entraîner des coûts supplémentaires, des dépenses énergétiques inutiles, et une mauvaise satisfaction du client. Le non-respect des règles sanitaires ou les manquements aux règles de sécurité risquent d'entraîner, dans le contexte actuel, des conséquences sociales, économiques et sociétales regrettables. Aucun secteur n’est épargné et le reportage ci-après en est l’illustration.

Pour la petite anecdote, ce lundi matin, sur un chantier commandé par une grande collectivité locale, trois ouvriers afférer à réaliser des travaux de peinture occupent l’espace public sans signalisation. Ils ont déballé et installé leurs outils de travail sur le trottoir. Une dame avec une poussette voulant éviter l'obstacle a manqué de chuté. Le nettoyeur HP est branché à une rallonge domestique qui est relié à une multiprise. De plus ces ouvriers, sans masque ni distance minimale, s’échangent une cigarette tout en travaillant au mépris des règles sanitaires en vigueur dans le département en ces temps de pandémie.

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(1)   un ouvrier a oublié ces ciseaux d’écolier au cours de la réalisation jonction imperméable.

(2)   Un urinoir neuf mal réglé qui arrose copieusement les pieds de l’utilisateur après usage.

(3)   Comme le dit PIRELLIE dans le film La maison du bonheur une adaptation de la pièce La vie de chantier : « les câbles vous les voulez cacher dans un plafond ou comme çà tout apparent ? ».

(4)   La charpente métallique d’un ERP reste partiellement déboulonnée. 

(5)   D’importantes infiltration d’eau ont conduit cet établissement à déposer partiellement le réseau électrique.

(6)   Des fissures et des lézardes de plus de 8 mm sur un bâtiment qui fête ses 2 ans.

(7)   Un ouvrier à probablement oublier sa chaussure de sécurité à l’occasion de l’aménagement de l’espace vert.

(8)   Des batteries de climatiseurs fleurissent sur des BBC et les transforment en épave énergétique car ils ne sont pas conçus pour cet usage.


Le déséquilibre entre les trois facteurs suivants semble en être la cause :

 1/ Les coûts

Pour ce qui est des travaux, ils n’ont évolué que d’environ 25% en un peu plus de 10 ans malgré l’augmentation importante du prix des matières premières et de l’énergie. 

Pour ce qui est des prestations intellectuelles, les honoraires ont chuté en moyenne de 38% alors même que le travail est devenu beaucoup plus complexe (dématérialisation, nouvelles normes, nouvelles exigences environnementales…). 

Chaque maître d’ouvrage aura aussi tendance à rechercher l’offre la plus bon marché plutôt que l’offre économiquement la plus avantageuse.

2/ Les délais

Tout s’accélère. En quatre décennies la force de travail annuel a augmenté de plus de 600% alors que les délais ont été réduit de plus de 150% !

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3/ Les performances

Le niveau de performances technique, énergétique et environnementale des opérations s'est considérablement amélioré sur le papier. Mais aujourd’hui, en dépit des grandes annonces faites ici et là, la presse quotidienne relais les préoccupations dues aux constructions récentes qui ne serait pas aux normes, pas convenables, pas durables ou mal adapté au climat. Par ailleurs, la valorisation environnementale n’est pas réfléchie : dans le cadre d’opérations de grandes ampleurs l’habitude a été prise de construire dans des zones inondables, d’anciens lits de rivières ou de ravines… Il en résulte une profonde modification irréversible de l’environnement à court et à long terme. Ce fait est bien souvent caché par la plantation d’espèces indigènes perfusées par des systèmes d’irrigations reliés au réseau d’eau potable. Cela a pour conséquence de modifier dangereusement les microbiotes des écosystèmes déjà fragilisé favorisant ainsi l’émergence de nouvelles maladies pour l’ensemble des êtres vivants. Le chikungunya, la leptospirose ou encore la dengue en sont les illustrations locales.

De ce constat, il est possible de comprendre qu’au lieu de conserver l’équilibre entre ces trois paramètres pour atteindre l’objectif, les coûts (C) n’ont que peu évolué, les délais (D) ont été très largement raccourci et les performances (P) ont augmenté. La conséquence est un déséquilibre du triptyque qui conduit à rater la cible qualité.

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Il y a tout de même de l’espoir car certains acteurs ont déjà engagé un changement et on le voit bien au travers des publications faites sur ce réseau en matière de solidarité, de recherche de matériaux innovants etc. Malheureusement, ils sont encore peu nombreux et dans les faits, ces innovations sont trop souvent marginalisées et n’arrivent pas, principalement pour des raisons économiques, à accéder aux commandes publiques ou privées.

Mais il est temps d'appliquer les bon gestes, de réagir, de nous réapproprier nos métiers ! Nous avons en temps qu’acteurs de l’acte de construire la responsabilité de bâtir durablement l’avenir de notre territoire.

Il nous appartient de mettre de côté nos perspectives vénales et carriéristes pour construire une maison, une ville, un territoire, un pays, un monde meilleur.

Pour y arriver,  pas besoin de faire appel aux Bisounours, mais beaucoup de volonté et de bienveillance en appliquant les premiers principes du triptyque suivant :


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Une boucle de Möbius transcrit l’équilibre et la commutativité qui doit exister entre les trois axes de la Qualité Responsable :

-       Des performances durables tel qu’une conception et un choix des matériaux conformes à la durée de vie minimale du livrable. L’intégration du projet à géométrie variable dans un environnement et un écosystème spécifique. La restauration environnementale des espaces et le bien être sociale. 

-       Des coûts équitables pour permettre de rémunérer le travail réalisé à sa juste et réelle valeur favorisant l’épanouissement sociale, le développement économique durable et responsable. Il est aussi indispensable de mettre en place les moyens adaptés.

-       Des délais rationnels de mise en œuvre garantissant la satisfaction du client mais surtout permettant d’être en phase avec les montants engagés, et la force de travail.

Enfin le suivi et l’évaluation de la Qualité Responsable devra s’appuyer sur la mise en place d’un système d’étalonnages remarquables, pertinents et réellement mesurables .

Ceci n’est qu’une ébauche non exhaustive mais elle donne une direction qui pourrait-être une solution à nos préoccupations contemporaines.

We know what we do but we do not do !

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