« Le bois est un matériau d’avenir incroyable »
Toujours aussi nombreux, les professionnels de l’amont de la filière ont pu assister cette année à une passation de pouvoir à la présidence de la fédé

« Le bois est un matériau d’avenir incroyable »

Le 8 décembre, la Fédération Nationale du Bois (FNB) faisait salle comble à Paris à l’occasion de son assemblée générale annuelle. Au programme ? Une matinée bien remplie entre une table ronde consacrée à la conjoncture de l’amont de la filière, l’élection du nouveau président et la venue du ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau . Compte rendu de cette journée particulière.

Comme l’année passée, les adhérents et partenaires de la FNB se sont retrouvés au pied de la tour Eiffel début décembre pour procéder à un bilan des 12 mois écoulés. Avant découvrir qui succédera à Jacques Ducerf en tant que président de la fédération, cette assemblée générale a débuté par un tour de table conjoncturel en présence de plusieurs représentants des secteurs du négoce, de la transformation du bois, de la palette ou du bois énergie. De manière générale, tous les interlocuteurs présents se sont accordés sur le fait que l’année 2023 avait plutôt bien commencé avec une activité soutenue, avant d’observer un décrochage à partir du mois d’octobre : « Jusqu’à fin septembre, l’activité était formidable pour le négoce de bois et de produits dérivés, assure #JaquesBarillet, président du Groupe Barillet . Nous étions sur les mêmes estimations de chiffres d’affaires qu’en 2022, et même mieux qu’en 2021. Et puis, il y a eu une dégradation très rapide et très forte de l’activité en octobre-novembre, le mauvais temps s’est levé et nous émettons aujourd’hui beaucoup d’incertitudes quant aux perspectives pour l’année 2024. La seule certitude c’est que nous allons vers une dégradation de l’activité après deux années exceptionnelles. »

… lors de l’assemblée générale, Jacques Ducerf (à gauche) a cédé son siège de président à Jean-Pascal Archimbaud (à droite), qui prendra la tête de la FNB pour un mandat de trois ans.

La porosité des frontières en question

Dans le secteur de la palette, le « net ralentissement du marché se fait sentir depuis le mois d’octobre, assure #ThomasPerrot, directeur commercial du Groupe Archimbaud , avec un point bas déjà atteint au niveau des prix. Pour 2024, la consignation de plus en plus répandue perturbe la visibilité des marchés, sachant que les volumes devraient baisser de 10 à 15 %. Mais cela a déjà été pire, relativise-t-il. Toutes les crises sont cycliques et on en a déjà connu et traversé d’autres. » Plus que la conjoncture, il redoute la flambée des importations de palettes et la montée en flèche de la production de palettes en Ukraine depuis le début du conflit avec la Russie, qui peut poser certaines questions quant à « la porosité des frontières ou la provenance des bois » ! Du côté du bois énergie, Alexandre PORTIER , directeur général d’ Euro Energies , filiale du groupe Poujoulat, souligne « l’euphorie » du marché jusqu’en septembre « avec des volumes et des prix très favorables », suivie d’une « très forte baisse » depuis octobre. Parmi les faits marquants de ces derniers mois, il rappelle l’envolée des prix des granulés « qui a fait beaucoup de bruit en 2021-2022, alors que la ressource était là, et qui a eu un fort impact sur les ventes d’équipements, divisées par trois en 2023 ! »

Il faut militer pour l’unité d’une grande filière

Après une deuxième table ronde consacrée aux atouts et exigences du bois dans la construction, qui a notamment rappelé les bénéfices de l’entrée en vigueur de la RE2020 pour l’avenir de la construction bois et de la décarbonation des bâtiments malgré un contexte difficile dans le secteur du neuf, et un troisième exposé sur le thème de l’intelligence artificielle appliquée à l’industrie du bois (voir article page 16), qui a mis en lumière l’avancée de notre filière dans ce domaine, le président sortant, Jacques Ducerf, a tenu à dresser un bilan de ses trois années à la tête de la fédération avant de passer la main à son successeur. Il a tout d’abord remercié le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, « pour tout le travail accompli au service de la forêt et du bois ». Si le président ne cache pas son manque de visibilité quant à l’activité de la filière au cours des prochains mois, il se veut résolument « optimiste » et « volontariste » en rappelant que « l’on n’est pas à l’abri des meilleures nouvelles ! Notre matériau est voué à se développer au service de la transition énergétique. C’est un matériau d’avenir incroyable ! » Après trois années « intenses », il rappelle enfin l’importance du travail de structuration de la filière, en cours depuis plusieurs années : « Il est essentiel d’avoir des relations étroites avec toutes les composantes de la filière, et d’être présents dans toutes les structures régionales, nationales et européennes. Il faut continuer à militer pour l’unité d’une grande filière, pour plus de visibilité. Seuls, on ne peut pas faire grandchose ; ensemble, on peut déplacer des montagnes ! »

Le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Marc Fesneau, est venu conclure cette assemblée générale en rappelant que la forêt était « au centre des préoccupations » gouvernementales.

Il est important de relier toutes les organisations

Élu par une large majorité des voix, Jean-Pascal ARCHIMBAUD , à la tête du groupe Archimbaud et de la fondation éponyme, succède donc à la tribune et à la tête de la FNB à Jacques Ducerf. S’il est conscient que sa mandature sera sans doute « plus difficile et moins joyeuse » que celle de son prédécesseur après « cet âge d’or du bois », il endosse la « lourde tâche » de président de la fédération avec conviction, en s’attelant dès les semaines à venir à plusieurs sujets qui lui tiennent à cœur. Parmi ceux-ci, le problème des entreprises « qui se développent puis disparaissent », faute de repreneur. Avec, en f iligrane, les questions de succession, de transmission familiale, d’attractivité des métiers du bois ou de formation. Vaste chantier ! Autre sujet à l’agenda présidentiel : la perception de la relation forêt/bois/société, « avec de nombreux messages relayés qui sont relativement faux, à l’image du massif des Landes qui est une plantation et non une forêt », rappelle-t-il. À ce sujet, « nous menons de nombreux travaux avec la FBF » et il est important d’inclure et de relier « toutes les organisations qui existent » pour délivrer un message unique et impactant. Sans oublier le fait qu’aujourd’hui « chacun veut planter un arbre, mais personne ne veut le couper ! Chacun veut utiliser du bois, mais personne ne veut d’usine » ! Autant de contradictions « à mettre en reflet et en perspectives », conclut-il…

Le bois est une cause économique et écologique

Convié par le président sortant Jacques Ducerf pour débattre de deux points cruciaux pour l’avenir de l’amont de la filière, à savoir le déploiement et les modalités de la REP PMCB et l’emballement réglementaire, le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, a conclu cette assemblée d’un ton rassurant, affirmant qu’il avait « entendu » les « alertes » de la profession. Après avoir réaffirmé que la forêt était « au centre des préoccupations du gouvernement et de la planification écologique », et qu’elle continuerait à être dotée de « crédits conséquents » dans le cadre du PLF 2024 pour répondre « au renouvellement forestier, à l’adaptation au dérèglement climatique et au développement des produits bois », il n’a pas manqué de répéter que les réglementations doivent exister « pour protéger la forêt et la filière ». Concernant la REP, « l’objectif est de favoriser la recyclabilité des produits bois, assure-t-il, et non de pénaliser les entreprises de la filière ». En ce sens, le ministre affirme « poursuivre le travail engagé avec le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, » sur ce sujet épineux… Avant de laisser place à un déjeuner au pied de la tour Eiffel, Marc Fesneau a enfin tenu à faire passer un certain nombre de messages à l’attention des professionnels de la forêt et du bois, en accord avec les aspirations du nouveau président de la FNB : « Il faut redire aux gens ce qu’est le bois, sa production, la nécessité de le planter et de le récolter ! Si l’on veut plus de bois dans nos usages du quotidien on a besoin de plus d’usines, de plus d’industries. Le bois est une cause économique et écologique ! » Rendez-vous donc l’année prochaine, lors d’une nouvelle assemblée générale pour dresser le bilan du travail accompli par la filière et le gouvernement sur ces sujets d’avenir… Adèle Cazier

Renan Yven Florent JOLIVEAU Pérot Thomas Frederic Petit yoan rioux DUBOIS Vincent bernard fayette Christine Chollet Bertrand Cribier Nicolas Vallée Sébastien Brossard Jérémy Pattori Apolline Hitzel Jean-Denis Forterre Maud Navet Fabien Lavallard Jérémy BRIFFAUD Romain Lelaure Vincent SAMBAT Dylan GUITTON Mathieu FAVREAU

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