Le BTP à l’avant-garde de l’économie circulaire
L’économie circulaire devra être un sujet central dans notre société post Covid-19 et l’un des piliers de la reconstruction de notre société. Aujourd’hui, nous souhaitons répondre à l’appel à la mobilisation de ces entreprises qui s’investissent et s’engagent pour l’économie circulaire.
Cet engagement peut paraître paradoxal pour un secteur comme celui du bâtiment et des travaux publics. Pourtant, l'économie circulaire est, avec la digitalisation et la construction hors-site, l'une des trois tendances fortes qui structureront les pratiques et l'économie du BTP dans les années à venir. La digitalisation et la construction hors-site se sont déjà largement développés depuis quelques années pour améliorer la productivité, réduire l’impact environnemental et contrer la hausse des coûts du secteur. Néanmoins, la transition du BTP vers l'économie circulaire est encore lente et a été poussée jusqu'à présent par la réglementation plus que par l’action spontanée de l’écosystème. Le passage d'une logique linéaire par défaut à une logique circulaire par défaut a longtemps été vécue comme une contrainte ou redoutée par les acteurs du BTP. En plus d’être perçue comme un surcoût, l'économie circulaire se heurte d’ailleurs à des obstacles propres au secteur : complexité du recyclage lié à la diversité des matériaux, dissémination des chantiers, importance des volumes à traiter, atomisation des acteurs et faiblesse des marges du secteur, ou encore difficulté à collecter à collecter et accéder à l’information pour valoriser l’impact environnemental sur l’ensemble du cycle de vie du chantier et du bâtiment.
Pour autant, aujourd’hui toutes les conditions sont réunies. Grâce à une impulsion inédite de l'Union Européenne et de la France en 2020, la transition du BTP vers l'économie circulaire va fortement s'accélérer. C’est maintenant au secteur de la construction de profiter de cette occasion pour se transformer et être plus durable. Dans le cadre du Pacte Vert européen, la Commission européenne a adopté le 11 mars 2020 un "Nouveau plan d'action pour l'économie circulaire", dont un volet concerne le secteur de la construction et du bâtiment. Beaucoup plus ambitieux que le plan de 2015, celui-ci s’appuie sur la récupération et le recyclage des matériaux, mais aussi leur durabilité ou encore leur adaptabilité. Ce plan prépare ainsi une véritable révolution européenne dans la gestion des ressources tout au long du cycle de vie des bâtiments. La France, quant à elle, a adopté le 30 janvier 2020 une loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire. Cette loi acte une responsabilité des producteurs de déchets dans le secteur du bâtiment en intégrant l'ensemble des matériaux de construction à la filière REP (responsabilité élargie du producteur) et en prévoyant leur reprise gratuite.
L’ADEME doit préciser les modalités d’application de ce plan, que beaucoup de représentants du secteur de la construction contestent en raison des surcoûts induits.
L’économie circulaire est une chance pour l'Europe et pour la France. L'économie circulaire protège notre environnement, limite la dépendance de notre pays aux importations (de fers à béton par exemple) et crée de l'emploi ; elle devient également un facteur de différenciation pour les entreprises qui l'appliquent avec conviction. Dès lors, comment agir plus vite ?
Nous formulons quatre recommandations pour accélérer la transition du BTP vers l'économie circulaire à travers des leviers de demande et d'offre :
1/ Nous encourageons les maîtres d’ouvrage (promoteurs, Etat, collectivités locales, bailleurs publics et privés, particuliers) à renforcer les critères "Economie circulaire" et "Solution locale" dans les achats publics, à monter des projets "100% économie circulaire" et à multiplier les concours et appels à projets sur cette thématique. L'économie circulaire doit devenir une réalité quotidienne du secteur.
2/ Nous proposons de faciliter la transformation massive de bâtiments démonétisés par le nouveau contexte sanitaire et épidémique (hôtels, centres commerciaux et commerces de ville, bureaux) afin de les rendre réversibles en logements ou en équipements utiles aux communautés locales. Cela permettra d’optimiser l’utilisation de l’espace l’immobilier par la multifonctionnalité, et de lutter contre l'étalement urbain.
3/ Dans un écosystème du BTP qui souhaite se moderniser, nous proposons la création d’un cluster innovation dans le cadre d’une collaboration sur ce sujet entre l'État, les régions, les CCI et les fédérations professionnelles. Ce cluster permettrait de mieux faire connaître et de promouvoir les solutions – souvent abouties et opérationnelles – offertes par les start-ups, PME et associations françaises spécialisées sur ces thématiques nouvelles : collecte des données environnementales, gestion des chantiers et des déchets, matériaux innovants, etc.
4/ Pour éduquer et sensibiliser, nous proposons d'intégrer systématiquement l'économie circulaire dans le cursus de formation des architectes, ingénieurs du BTP, alternants, compagnons et artisans des modules pour insuffler le changement dans les professions de la construction.
Au-delà de ces leviers, l'enjeu pour le secteur du BTP sera de transformer en profondeur les pratiques de ses différents métiers, et de les faire travailler tous ensemble à la mise en place d'une économie véritablement circulaire.
Il faudra pour cela former une large coalition interprofessionnelle regroupant fabricants et distributeurs de matériaux, constructeurs, promoteurs immobiliers, architectes et bureaux d'études, foncières, bailleurs et apporteurs de service, en vue de fixer des objectifs communs et chiffrés à’ici à 2030. Cette coalition rendra ces objectifs publics et sera dotée d'une gouvernance robuste permettant de suivre et sécuriser les progrès réalisés. Une telle initiative aura un pouvoir d'entraînement exceptionnel sur la filière BTP et permettra de créer une transversalité indispensable à l'épanouissement de l'économie circulaire, dans un secteur qui a longtemps travaillé "en silos".
Nathaniel Beaumal (Fondateur, PDG, Terra Innova)
Amaury Bierent (Fondateur, Ovive)
Vincent Bignalet (CTO, HESUS)
Claire Brégain (Principal, Roland Berger)
Vincent Bryant (Président, Cofondateur Deepki)
Emmanuel Cazeneuve (PDG, HESUS)
Pierre Cazeneuve (Co-Fondateur, HESUS)
Francis Dubrac (PDG, Dubrac TP)
Sébastien Duprat (DG, Cycle Up)
Coline Eychène (Administratrice, Soltracing)
Luc Gaudillère (DG, Fayat TP)
Catherine Greder (Directrice IDF, GDE)
Eric Le Guern (DG France, HESUS)
Franck Le Tendre (CEO, Finalcad)
Ambroise Lecat (Partner, Roland Berger)
Roland Le Roux (Président, Citae)
Jerôme Le Conte (Administrateur, Skytech)
Thierry Méchin (DG, SUEZ IWS Minéral)
Hervé Montaclair (Directeur Développement, Médinger)
Charlotte Nizieux (CMO, Finalcad)
Jean-Charles Scatena (Partner, Demeter)
Jean-Luc Ventura (DG, Suez Venture)
Stéphane Villecroze (Managing Partner, Demeter)
We assist companies to go global, find relevant business partners & manage new global business opportunities.
2 ansHi Emmanuel, It's very interesting! I will be happy to connect.
Senior Partner at Worldpronet
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Adjoint au Directeur financier chez AFNOR
4 anssuis surpris de ne pas lire le terme CO2 dans ce profession de foi; il me semble qu'il y trouverait toute sa place
Responsable RSE - Evaluateur ICA RSO - Présidente Association Les 3R
4 ansEmmanuel Cazeneuve, tout est dit dans votre post. C'est un défi majeur pour nous, OPH. Nous accompagnons nos prestataires BTP et travaillons avec les acteurs du territoire en matière de déchets. Nous constatons finalement que le plus gros challenge à relever se trouve là, dans l'inégalité des territoires en matière de filières de recyclage et réemploi. Mais les choses avancent, et ça nous motive !