Le bug... Ce défaut qui nous rend humain.
Derrière une application, il y a des Hommes et des machines
La technologie semble fonctionner de manière magique. Nous utilisons des appareils, des logiciels, et des réseaux sans vraiment comprendre comment tout cela fonctionne. Cette réalité invisible est soutenue par ce que Marcello Vitali-Rosati appelle "l'impératif fonctionnel". Ce dernier nous contraint à penser que tout doit fonctionner sans faille, masquant ainsi la réalité matérielle et complexe de nos technologies modernes.
La confusion des terminologies
Nous mélangeons souvent les termes numérique, informatique et électronique. Cette confusion découle d'une vision globale et simplifiée des technologies que nous utilisons. Le numérique, par exemple, ne se limite pas aux appareils électroniques actuels. Il s'agit d'une manière de représenter le monde avec des chiffres, une pratique qui remonte à l'Antiquité avec l'école de Pythagore.
Tout ce qui nous entoure peut-être traduit en données chiffrées. Cette maitrise de l'algèbre nous a permis au fil du temps et grâce à la maitrise de la technologie de créer des solutions qui nous aident à faire plus de tâches en moins de temps.
De l'informatique à l'électronique
L'informatique, telle que nous la connaissons aujourd'hui, a émergé avec les travaux d'Alan Turing dans les années 1940-1950. Il a démontré que les modèles numériques pouvaient être manipulés par des machines automatiques, ouvrant la voie à la création des premiers ordinateurs.
L'électronique, quant à elle, est arrivée plus tard, ajoutant une nouvelle couche de complexité et de sophistication aux technologies numériques.
L'Impératif fonctionnel et la rhétorique de l'immatérialité
L'impératif fonctionnel dicte que tout doit fonctionner sans accroc. Cette idée est si profondément ancrée que lorsque la technologie échoue, nous sommes perplexes. Cette mentalité est exploitée par les grandes entreprises du numérique, qui véhiculent une rhétorique de l'immatérialité, suggérant que des concepts comme le "cloud" existent quelque part dans un éther immatériel.
En réalité, ces technologies reposent sur des infrastructures matérielles très tangibles comme les câbles sous-marins et les centres de données, pilotés par des humains. Le numérique est avant tout humain.... dans toute son essence. L'informatique est faite de câbles et de composants électroniques, pilotés par un code qui a pour origine un état extrêmement simple : 1 ou 0, Jour/Nuit, On/Off...
Et comme tout peut se couper d'un coup, ne faut-il pas avoir un plan B ? Notre mémoire humaine, pilotée par cet ordinateur cérébral, restera-t-elle souveraine face cette innovation galopante ?
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Le bug comme opportunité de réflexion
Le bug, un moment où la technologie échoue, nous rappelle la matérialité et la construction de nos outils technologiques. Ce dysfonctionnement nous force à réfléchir et à reconsidérer nos usages technologiques. En ce sens, le bug peut être vu comme une opportunité pour développer de nouveaux modèles et usages des technologies.
Le bug est donc une source de créativité. Regardez la liste des choses qui sont nées d'erreurs technologiques, de mauvais calculs, d'incidents industriels. On ne voit rien, tout semble fluide, tout répond au quart de tour mais notre monde numérique est une succession de bugs constamment corrigés. Le bug est la version numérique de nos imperfections....Et ce sont elles qui nous rendent humains.
Je vais plus loin encore.
L'humain progresse grâce à ses erreurs alors le bug informatique rend-t-il le numérique de plus en plus autonome ? Jusqu'à ne plus avoir besoin de l'Homme ?
Vers une compréhension accrue des technologies
Pour retrouver une forme de maîtrise et d'autonomie, il est essentiel de rendre accessible le fonctionnement interne des objets techniques. Bien que chaque individu ne puisse maîtriser tous les aspects techniques, promouvoir une meilleure compréhension collective et la transparence des entreprises est crucial.
Une approche inspirée de l'épicurisme, où la liberté est définie par la capacité à satisfaire ses besoins par soi-même, pourrait guider notre usage renouvelé des technologies.
Par contre c'est flippant, car lorsque le numérique sera autonome sur la compréhension de ses bugs et aura la capacité à les corriger, il sera libre.
Conclusion
Reconnaître la matérialité des technologies et remettre en question l'impératif fonctionnel peut nous aider à développer une relation plus consciente et autonome avec nos outils numériques. Cela implique de dévoiler les réalités cachées derrière la façade immatérielle des technologies et de valoriser les moments de dysfonctionnement comme des opportunités de réflexion et de changement.
P&P