Le catastrophisme ne passera pas par moi ou les leçons d’une histoire de famille…
Au Ver à Soie, la boutique de la rue de Turbigo

Le catastrophisme ne passera pas par moi ou les leçons d’une histoire de famille…

Nous lisons partout des analyses plus ou moins catastrophistes sur la situation économique de notre pays. Je refuse de céder au pessimisme ambiant. La pandémie liée au Covid-19 et ses conséquences ne sont naturellement pas neutres. Mais l’arrêt brutal de notre économie n’est pourtant pas une première dans notre histoire. Nos entreprises ont souvent su faire preuve de résilience. Voici, en quelques lignes, l’histoire de la société Au ver à Soie, entreprise du patrimoine vivant, leader français du fil de soie, qui fête cette année ses 200 ans. Ma famille est à sa tête depuis 1820. Et vilain petit canard, je suis le premier garçon à ne pas y travailler…

Comme celle de notre pays, l’histoire d’Au Ver à Soie est parsemée de catastrophes, de désastres et autres coups du sort. L’entreprise s’en est pourtant toujours relevée.

-       Au Ver à Soie a connu les prussiens aux portes de Paris, en 1870, les bombardements sur la capitale et la révolte de la commune. La société avait alors son siège au cœur de Paris, à quelques pas des insurgés de l’hôtel de ville, au 23 rue de Turbigo.

-       Au Ver à Soie a vécu la première guerre mondiale et la perte douloureuse de deux futurs dirigeants de l’entreprise, Jean et Robert Boucher. Le marché américain étant en expansion, Robert devait partir aux U.S.A. pour créer une succursale lorsqu’il fut mobilisé et tué quelques semaines plus tard.

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-       Au Ver à Soie a survécu à la grande crise de 1929, qui mit l’économie mondiale à mal, et le secteur du luxe à terre et avec lui l’entreprise familiale, fournisseur officiel de la haute-couture parisienne.

-       Au Ver à Soie s’est relevé de la seconde guerre mondiale et de ses bombardements. L’usine fut rasée par un raid américain qui visait ce soir du 3 mars 1942 l’usine Renault de Billancourt. La maison familiale y passa également. Mon père, 5ans alors, fut d’ailleurs enterré vivant dans la cave. Il fallut tout reconstruire et les dommages de guerre mirent bien longtemps à arriver…

-       Au Ver à Soie a su passer le cap de la crise du textile des années 70 et 80 qui virent disparaître un grand nombre de ses partenaires, et les productions se délocaliser dans les pays du Maghreb puis en Asie. La société y perdit des plumes mais continua pourtant son commerce en investissant de nouveaux marchés, réalisant rapidement plus de 70% de son chiffre d’affaires à l’export.

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-       En 2015, l’usine Au Ver à Soie à Bracieux (41) fut entièrement détruite par un incendie. La production fut délocalisée dans des locaux provisoires, les bâtiments reconstruits puis les nouvelles machines réinstallées… L’activité était relancée quelques semaines plus tard.

-       En 2020, en pleine crise du Covid-19, Au Ver à Soie a redémarré son usine 15 jours après le début du confinement. Le siège parisien du 102 rue Réaumur a poursuivi son activité tout en maintenant une large partie de ses effectifs en télétravail. Les clients ont été livrés, le confinement entraînant une hausse de la pratique de la broderie… en soie.

Bien sûr, il n’est pas donné à toutes les entreprises d’atteindre l’âge respectable de 200 ans. Elles ne sont que quelques dizaines dans le monde, regroupées pour certaines dans le club des Hénokiens, qui tient son nom d’Hénoch, patriarche de la Bible, fils de Yared et père de Mathusalem qui aurait vécu jusqu'à l'âge de 365 ans avant d’être élevé dans les cieux. Destin que l’on souhaite au leader français du fil de soie.

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De quoi l’entreprise Au Ver à Soie tient-elle sa longévité ? Probablement d’avoir eu à sa tête 5 générations de la famille Boucher ayant choisi de ne jamais baisser les bras devant l’adversité, d’innover en tous temps, de se remettre en question, et de choisir la pérennité de l’outil de travail avant les miroirs des profits à court terme. Bref, du développement durable avant l’heure et une leçon dans la situation actuelle. Ne cédons pas au catastrophisme, reprenons le chemin de la croissance, retournons au travail et faisons ce pari que me répéta pendant 10 ans mon ami Jacky Lorenzetti, fondateur de Foncia, d’Ovalto et de Paris La Défense Arena, lorsque je doutais de la réussite de nos entreprises : « Franck, le pire n’est jamais inéluctable ! ».

Franck Boucher

Directeur de l'Attractivité de @parisladefense

10 mois

Décès de notre père, Jean-Marie BOUCHER. Nouvelle épreuve pour le Ver à Soie et la famille Boucher avec le décès brutal de notre père. Il fut un PDG visionnaire en développant la société à l'international tout en assurant des fonctions publiques comme élu local à Ville de Paris et à Ville de Saint-Cloud, élu à la CCI Paris, ou représentant patronal au service du bien commun. Nous sommes bien tristes avec Nathalie Bothorel et Marc Boucher et toute la famille. Mais comme de tradition , nous allons regarder devant. Les obsèques auront lieu Mardi 26 mars à 14h15 à Saint-Clodoald à Saint-Cloud. 🙏

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Celine Wallut

Conservation préventive / restauration de textiles

4 ans

Ce que je trouve dans ce récit, c'est une motivation chevillée au corps, une volonté pugnace de s'en sortir ; tout cela aussi animé certainement par l'exercice d'une activité hors du commun et passionnante, traditionnelle et innovante qu'est la fabrication de fils de soie en tous genres

Un récit qui donne de l’espoir et de l’optimisme ! Merci!

Mélanie PINJON

Fondatrice & directrice chez MP Communication

4 ans

Excellent article! Merci Franck!

Serge KOUZAN

médecin pneumologue retraité; ancien expert Commission de Transparence

4 ans

bravo la resilience; je me suis permis de transmettre ton article...Serge et Anne

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