Le concept même d'un "ami" que l'on peut allumer, éteindre...

Le concept même d'un "ami" que l'on peut allumer, éteindre...

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Le lancement du collier connecté par Friend.com marque une étape supplémentaire dans la dérive technologique vers une déshumanisation croissante de nos interactions sociales. Ce produit, qui prétend offrir une forme de compagnie numérique, nous pousse à nous interroger sur l'aboutissement ultime de l'individualisme dans nos sociétés. Après avoir progressivement érodé les liens de solidarité humaine, le capitalisme technologique semble désormais s'attaquer à l'essence même de l'amitié.

Le concept même d'un "ami" que l'on peut allumer, éteindre, ou personnaliser selon ses envies, s'inscrit dans une logique d'ultra-contrôle et de marchandisation des relations humaines. Ce collier, hybride entre l'assistant vocal de Her et les cauchemars dystopiques de Black Mirror, n'est rien d'autre que l'extension d'une tendance déjà à l'œuvre : la réduction de l'humain à un simple consommateur de services émotionnels préemballés.

Ce produit ne fait que cristalliser la trajectoire inquiétante dans laquelle nous nous engageons : une société où la technologie ne se contente plus de répondre à nos besoins matériels, mais prétend également combler nos manques affectifs. Après avoir transformé les assurances en outils de désolidarisation sociale, où chacun est incité à se protéger individuellement, le capitalisme propose désormais des "amis" virtuels, taillés sur mesure, pour remplacer les véritables relations humaines, jugées trop aléatoires, trop complexes.

Ce qui se joue ici, c'est la réinvention de l'ami dans un moule de consommation immédiate, dénué de l'authenticité et de l'imprévisibilité qui caractérisent les véritables liens humains. L'amitié devient un produit, une simple commodité, soumise aux caprices et aux exigences du marché.

Ainsi, le collier connecté de Friend.com n'est pas une simple innovation technologique. Il incarne une rupture avec ce que signifie être humain, une rupture avec notre capacité à créer des liens authentiques, libres des contraintes commerciales. Il nous faut donc nous interroger : sommes-nous prêts à sacrifier notre humanité sur l'autel de l'efficacité technologique ? Cette innovation signe-t-elle la fin d'une époque où l'amitié, la vraie, échappait encore aux griffes du marché ?

Le débat ne fait que commencer, et il est crucial de le mener avant que l'irréversible ne soit atteint.

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