Le Conseil National de l'Industrie avance des pistes pour intégrer plus de MPS
L’actualité rattrape plus vite que prévue la politique européenne engagée dans l’économie circulaire. Il y a un an, les premiers signes étaient apparus avec l’effondrement du cours du pétrole et du prix des matières premières. L’industrie du recyclage avait déjà essuyé quelques plâtres, se retrouvant avec des stocks de déchets invendables. Aujourd’hui, la situation se poursuit avec l’interdiction de la Chine d’importer d’ici à la fin de l’année 24 catégories de déchets (plastiques, textiles, papiers en mélanges).
Faire en sorte que le marché des déchets ne subisse plus mais devienne un secteur actif et compétitif sur le marché des matières premières, c’est le sens que souhaite donner la France à sa politique environnementale en proposant des moyens efficaces pour aller vers plus d’économie circulaire. Parmi eux, une incitation forte à intégrer plus de matières recyclées. L’emploi régulier de MPS (matières premières secondaires) implique une connaissance approfondie des enjeux pour les préparateurs (collecteurs et recycleurs) et les intégrateurs (industriels transformateurs). Déchets ménagers et assimilés, matières industrielles usagées sont des ressources potentielles durables, si elles garantissent à l’utilisateur industriel, une qualité, une quantité et un prix pérennes dans le temps. Trois conditions insuffisamment remplies à ce jour.
Un rapport du groupe de travail « qualité des MPS pour le recyclage » a été publié fin octobre *. Réalisé dans le cadre de la section économie circulaire du Conseil national de l’industrie (CNI), il fait l’inventaire des freins et des leviers à cette intégration et avance à la lumière de ce constat, une douzaine de recommandations. Parmi elles, l’harmonisation nécessaire des consignes de tri pour éviter la confusion des messages ; l’instauration d’outils juridiques et financiers pour favoriser l’investissement dans des équipements techniques ou innovants ; la formation des acheteurs publics et publics à l’économie circulaire ; dupliquer le dispositif Orplast à d’autres matériaux ; mieux intégrer l’économie circulaire dans la réglementation garantissant une cohérence.
Qualité, quantité, prix
On constate à la lecture de ce rapport que la filière de traitement de déchets doit le plus souvent fournir la preuve que sa matière première secondaire est irréprochable. Et c’est la moindre des choses. A ce titre, le groupe de travail préconise plus de transparence sur la composition des flux de produits ou matières devenus déchets. A aucun moment, cependant, l’industrie de la transformation ou le champ normatif ne semblent remettre en question le degré élevé d’exigence technique ou qualitative attribué jusque-là aux matières premières vierges. Dans bien des cas pourtant, cette exigence pourrait être assouplie sans nuire à la technicité, à la résistance ou à l’esthétique du produit fini ; ce qui permettrait d’accepter sans doute davantage de matières issue du recyclage.
Si la qualité reste le critère moteur d’acceptabilité de matières issues du recyclage par les transformateurs, le prix compétitif et la quantité suffisante et régulière sont tout aussi importants. Il faut tout de même reconnaître que le marché des MPS n’est pas tout à fait comme les autres, constitué de matières très différentes (métaux ferreux, non ferreux, papiers-cartons, plastiques etc.) et de contextes techniques et économiques distincts. Il est en outre dépendant de l’offre (gisements disponibles) et des coûts externes parfois élevés liés à la collecte, au transport et aux procédés de traitement. Autant de paramètres sur lesquels des pistes d’améliorations peuvent être engagées.
Le développement de l’éco-conception et le recours à l’écologie industrielle sont également des passerelles à mettre en place pour favoriser le recyclage. Sans oublier la place des équipementiers dont le rôle est crucial pour fournir des MPS de qualité. Autre piste à creuser : l’accès à plus données sur le marché (coûts, structures, chaînes de recyclage) et la conduite d’études économiques approfondies dans ce secteur. Enfin, la transition vers l’économie circulaire s’appuie sur des compétences et connaissances particulières, insiste le CNI, qui souligne la nécessité d’étudier les besoins en termes d’emplois et de formations.
* Rapport non disponible sur le site du CNI mais relayé entre autres par le pôle éco-conception