« LE CORONATIONALISME »
Joël PONS – Président de Nouvelles Générations Européennes – 30 mars 2020
Invitée de France Info à 8 H 30, ce lundi 30 mars, la Présidente du Rassemblement Nationale, confinée chez elle, « comme tout le monde » dixit Marine Le Pen, a fracturé avec force et agressivité l’union sacrée nationale en cette période de pandémie. Une unité nationale qui ne peut se faire selon ses propres termes « autour du mensonge ».
Accusant avec véhémence le Gouvernement d’Edouard Philippe de « mensonges et d’incompétence », « un Gouvernement sur la défensive qui a menti aux français en n’annonçant au départ que 15 jours de confinement » et se targuant de sa position de « responsable politique de premier plan », elle n’a su que déplorer le manque dramatique de masques et de tests, à destination des soignants, des caissières, des vendeuses et tous ceux qui travaillent, pour contenir dans l’urgence l’épidémie.
Pour Marine Le Pen, le confinement était le dernier recours, soulignant qu’il y avait à l’époque d’autres solutions sans expliquer lesquelles. La Présidente du R.N., sans un mot de soutien vis-à-vis des soignants, sans aucune compassion à l’égard des milliers de personnes déjà décédées du COVID-19, a également précisé qu’elle « n’était pas chargée du monde » et que « c’est la stratégie de la France qui l’intéresse », balayant du même coup une quelconque solidarité européenne ou mondiale.
Elle n’a fait part d’aucune proposition ou d’initiative qu’elle aurait pu prendre ou que pourrait prendre son parti durant cette période dramatique à l’égard de nos concitoyens, voire en direction de ses propres sympathisants. Se désolant de voir les permanences du R.N. fermées et la plupart de ses Membres au chômage partiel, en dehors de quelques télétravailleurs qui continuent de venir au siège, Marine Le Pen a déploré que l’emprunt national qu’elle avait lancé aux fins de pallier à l’endettement de 24 M€ de son parti ne permettait pas, vu la situation, « de lever des espérances ».
Elle a, par ailleurs, affirmé que la France avait choisi la stratégie médicale de l’auto-immunisation dès le début de la crise, (citant Sibeth Ndiaye en stade 2 de l’épidémie), reprise immédiatement par les journalistes de France Info rétablissant la vérité sur le fait que notre pays, dénombrant alors que 175 cas de Coronavirus, n’avait jamais décidé une telle mesure.
Au moment où l’A.R.S. de Nouvelle Aquitaine signale plusieurs cas de toxicité cardiaque dus à des prises en automédication de l’Hydroxychloroquine (alors que le Ministre de la Santé et des Solidarités, Olivier Véran a rappelé le 28 mars dernier que 13 projets de pistes thérapeutiques sont en cours et que la prise de Chloroquine devait être absolument encadrée), Marine Le Pen dit ne pas comprendre ce qu’il se passe à propos de la polémique autour du Professeur Raoult : « ça fonctionne sur les cas peu graves, il faudrait donner à tous les médecins de ville la possibilité de donner de la chloroquine ». Et Quand on l’interroge sur la charge de Gilbert Collard, l’un de ses proches du R.N., contre Agnès Buzyn et son époux Yves Lévy, immunologiste et ex-Directeur de l’I.N.S.E.R.M., laissant entendre qu’ils pourraient-être mêlés à un pseudo complot de laboratoire à Wuhan, là où a démarré l’épidémie, la Présidente du Rassemblement National répond : « je n’en sais rien…je ne suis responsable que de mes propres propos ».
De même, alors que la Commission Européenne s’emploie en complète coopération avec tous les pays de l’U.E. à utiliser nos données de manière agrégées et anonymes, dans le plus grand respect de l’éthique (une demande particulièrement sensible de Jacques Toubon, le Défenseur des droits), aux fins de calculer pour toute l’Union l’évolution des pics de l'épidémie par pays, une procédure indispensable confirmée ce matin par Thiery Breton, le Commissaire européen au marché intérieur (c’est l’opérateur ORANGE qui a été choisi pour la France), la Présidente du R.N. a accusé ouvertement la Communauté européenne « d’espionnage pour le plaisir », ajoutant qu’elle ne comprenait pas l’intérêt d’un tel dispositif : « savoir si les gens sont chez eux ou pas chez eux, je ne vois pas à quoi ça sert, surtout que l’on peut sortir sans son portable… ».
Enfin, celle qui considère comme une très mauvaise décision, la décision de Nicole Belloubet, la Garde des sceaux, de procéder à la sortie anticipée de 3500 détenus en fin de peine depuis le 18 mars dernier, date du début du confinement, afin de limiter la propagation de la contamination au sein des prisons, parle d’un risque majeur et dangereux, notamment pour l’insécurité de notre pays.
« Dans une telle période, dit-elle, il est normal qu’il y ait des doutes, c’est même bon d’en avoir, d’ailleurs vous les journalistes vous devriez en avoir aussi » et « le doute n’est pas un crime ».
Confinée chez elle, à ne rien faire pour le pays, si ce n’est de critiquer a posteriori ce qui est fait, Marine Le Pen semble avoir du temps pour imaginer la suite, en préparant ses discours de sortie de crise en vue du deuxième tour des municipales et surtout des présidentielles de 2022.
Manifestement elle n’a pas encore étudié tous ses dossiers, mais heureusement pour elle, notre Premier Ministre, Edouard Philippe, lui a octroyé encore 15 jours de révision à la maison…
« Le coronationalisme », comme toutes les matières, ça se travaille.