Le crowdfunding, outil de résilience individuelle et collective face à la crise

Le crowdfunding, outil de résilience individuelle et collective face à la crise


Par Donia Trabelsi, enseignante-chercheuse à Institut Mines-Télécom Business School (EVRY) et Quentin Renoul, fondateur de HER·Tools.

Alors que la crise est entrée dans une nouvelle phase post-confinement bon nombre d’« entreprises » -regroupant des PME, grandes entreprises, entrepreneurs individuels, associations, etc.- font toujours face à une situation difficile. Entre ralentissement d’activité, report de projets et arrêt total de production, l’avenir de nombreuses entreprises reste suspendu à la durée de l’épidémie et à ses éventuels rebondissements.     

Pour leur venir en aide, le gouvernement a mis en place depuis mi-mars un plan massif et inédit de soutien financier, dont bénéficient tous les secteurs d’activité. Depuis les plans d’aides spectaculaires aux grandes entreprises (8 milliards pour le secteur automobile, 7 milliards à Air France) jusqu’aux aides plus agiles et mesurées pour les petits entrepreneurs (1500€ pour les TPE et autoentrepreneurs), les dispositifs de soutien de la puissance publique n’ont oublié presque personne.  

Mais en matière d’aide aux organisations les plus fragiles, quelle que soit leur taille, ces dernières semaines nous ont rappelé que les efforts financiers consentis par la puissance publique, aussi importants soient-ils, étaient à la fois nécessaires et insuffisants. « Nécessaires » car l’unanimité des économistes sur ce point a convaincu tous les non spécialistes, jusqu’aux plus réfractaires à l’intervention de l’État dans l’économie. « Insuffisants » car sans la mobilisation citoyenne phénoménale que nous avons observée et à laquelle certains d’entre nous ont participé, bon nombre de salarié.e.s ou entrepreneur.e.s auraient abandonné le combat.

En réalité, au-delà des aides publiques, l’avenir de ces entreprises est aussi tributaire de la manière dont chacun·e d’entre nous va réagir face aux nouvelles conditions de sa vie professionnelle et personnelle, en tant qu’acteur économique (consommateur, travailleur, employeur) mais aussi en tant que citoyen.          

Le financement participatif, outil de soutien aux causes communes

Le « financement par la foule », ou « financement participatif » est un mode de financement alternatif, aujourd’hui essentiellement opéré via des plateformes digitales, qui met en relation les porteurs de projets et les particuliers contributeurs, parfois disséminés géographiquement, mais réunis autour d’une cause commune.

En avril 2019 l’incendie de Notre Dame de Paris a donné l’occasion à de nombreux citoyens, parisiens, français ou internationaux, de participer pour la première fois à une campagne de financement participatif d’une envergure inédite. Parce que cet édifice culturel touchait au cœur un grand nombre de personnes, de nombreuses cagnottes (plus de 900 millions de promesses de dons) ont été ouvertes en solidarité et pour la préservation d’un bien commun.        

Presque un an plus tard c’est une autre cause commune à laquelle les français ont répondu présent : la solidarité face à la crise du Covid-19 et à ses conséquences sociétales, sociales et économiques. 

De la participation individuelle à la résilience collective        

Alors que le dernier baromètre du financement participatif montre une importante progression des fonds levés (+ 56% en 2019) pour financer l’économie réelle, cette crise nous fait croire que nous pourrions assister à une nouvelle répartition des collectes de fonds, à la fois entre les secteurs (la santé, l’éducation, les services aux populations fragiles) et entre les formes, avec sur ce dernier point une transition de l’investissement (en capital ou prêt avec intérêt), dont on attend un retour, vers le don.  

Sous la forme de communautés citoyennes locales, mais aussi nationales, et à coup de grandes envolées du bénévolat, des élans de solidarité ont émergé un peu partout sur les territoires afin d’aider les personnes les plus impactées et celles qui étaient « au front » pour sauver des vies. Pour n’en citer que quelques-unes : La campagne de crowdfunding « Tous soignants - Livraison de repas pour le personnel soignants » portée par des étudiants IPAG Business School sur KissKissBankBank & Co, le projet « Covid-19/ Solidarité envers les plus fragiles » sur la plateforme Ulule, dont le but est de distribuer des colis alimentaires et des repas aux personnes isolées, âgées, sans domicile fixe, etc. des quartiers populaires ; ou encore la cagnotte «Covid 19 - Soutien au personnel de santé - achats de masques et matériel de protections» sur Leetchi.com lancée par le Collectif Entrepreneurs et Artistes et qui a dépassé les 7 millions d’euros de dons et 6800 contributeurs.

Ces nombreuses initiatives positives proposant via des cagnottes solidaires des solutions rapidement applicables démontrent que l’aide portée à autrui, qui procure une sensation émotionnelle positive chez les contributeurs-donateurs, est aussi un moteur puissant de la résilience économique et sociale de notre pays.

Alors plus que jamais misons sur les entreprenants, porteurs de projets indépendants ou salariés, qui se rejoignent autour d’initiatives de crowdfunding au service du bien commun !


Pour en savoir plus sur le crowdfunding, n’hésitez pas à vous procurer le dossier spécial sur le crowdfunding de la Revue Française de Gestion coordonné par Olivier Joffre et Donia Trabelsi !           

Pour découvrir le projet HER·Tools et suivre sa prochaine initiative au service de l'impact de la recherche en gestion (campagne de crowdfunding en réflexion…), suivez Quentin Renoul sur LinkedIn !           





 

 




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