Le défi des Managers
Quel est l'impact de l'évolution de l'organisation de l'entreprise sur sa productivité ?
Je vous invite vivement à lire dans sa totalité cet article paru dans les échos sur l'interview d'Yves Morieux.
«Dans la France des années 1960, la productivité progressait de 7 % par an, ce qui provoquait le doublement du niveau de vie en dix ans. Aujourd'hui, elle augmente de moins de 1 % par an. A ce rythme, il faut plus d'une centaine d'années pour que le niveau de vie double. On est donc aujourd'hui dans un jeu à somme nulle.
Un facteur essentiel est à l'oeuvre, qui échappe aux économistes : les entreprises adoptent des organisations matricielles, de plus en plus compliquées et, donc, de moins en moins efficaces. Sur 650 grandes entreprises mondiales de plus de 10.000 salariés, 31 % d'entre elles avaient une organisation matricielle en 2006. Aujourd'hui, elles sont 77 %.
La plupart des entreprises ne savent pas faire fonctionner ce type d'organisation. Trop souvent, la matrice vient s'ajouter à une structure hiérarchique. On ajoute de la complication à la complexité.
Résultat : un processus qui prenait trois jours en moyenne en prend huit aujourd'hui. Toujours en moyenne, il faut sept étapes pour valider une décision. Les managers passent seulement 30 % de leur temps à ajouter de la valeur.
Le reste du temps, ils font du reporting sur des dizaines d'indicateurs de performance. Ils gèrent la complication, avec des tâches planifiées qui ont de moins en moins de sens. »
Démontrant que la productivité est inversement proportionnelle au degré de complexité d'organisation d'une entreprise, Yves Morieux dresse avec justesse les conséquences néfastes de ces nouvelles organisations qui ont choisi le fonctionnement matriciel en oubliant de renier les principes hiérarchiques pyramidaux traditionnels, résultats pour les équipes, perte de temps de sens et de productivité.
Alors interrogeons-nous, sur les raisons qui poussent ces organisations à muter malgré tout de la sorte ?
Est-ce par instinct de survie dans un monde de plus en plus volatile et incertain? Ralentissement de la croissance mondiale, absence de résultats, vision floue de l'avenir, les décideurs se cherchent-ils ?
Est-ce le désir de retrouver la gloire passée, se traduisant par une envie mimétique de reproduire les stigmates des Success Stories des nouveaux héros que sont les GAFAM et NATU ?
"Finis les silos ! vive la matrice !"
Est-ce une volonté de changement ou un effet de mode ? "Lean-mangement", "Startup Attitude", "Organisation Matricielle" les modèles d'aujourd'hui sont plébiscités, les concepts d'hier ringardisés.
"De Matrix à la Matrice."
A l'aube du 21ème siècle, est-ce la voie de l'initiation pour entrer dans la post-modernité? Qui ne rêverait pas d'incarner Néo, l'élu de Matrix, et de posséder ses facultés augmentées pour décrypter ce monde complexe ?
Avec un mythe du progrès ébranlé, est-ce le reflet des aspirations de la société en quête d'un nouveau sens ? Est-ce la tentative d'édifier différemment les relations entre individus et bâtir ainsi une nouvelle organisation de vie régie par de nouvelles relations d'interdépendance et de coopérations.
Concrètement, illustrons ces évolutions, par la mutation qui a touché l'industrie des médias audiovisuels. La valeur ajoutée de leur business model était basée sur la maîtrise de la sélection et diffusion d'œuvres produites pour une audience captive. Ce modèle "descendant" unilatéral a été complètement remis en cause par la mise en ligne de plateformes d'offre produites par les réseaux sociaux de type Youtube et les nouveaux barbares incarnés par Netflix. Un autre concept de distribution venait de naître, le consommateur pouvait enfin assouvir ses besoins d'utopie de liberté individuelle, il reprenait ainsi les commandes de sa vie. Je citerai Mark Zuckerberg décrivant l'une des raisons principale de réussite de Facebook : "Mets à disposition une plateforme élégante d'expression auprès des internautes, ils s'en empareront".
Dans ce contexte, une des brèches qui nous permettrait de comprendre la mutation de la société s'expliquerait par la perte de nos référents dans l'édification de notre pensée.
Le cœur de cette tragédie se situerait-t-il au sein même de la transmission du savoir ?
"Le savoir c'est le pouvoir"
Ce proverbe, éthiquement très discutable, caractérisait l'un des aspects du management, il est maintenant révolu. Le sachant n'est plus celui qui a été. Le sachant est à la fois désincarné et décentralisé. Dans ce nouveau monde de l'internet où la connaissance est accessible à tous, la transmission du savoir ne se fait plus par ce "père" mais par ses pairs. Internet et les réseaux sociaux ont balayé les statuts dogmatiques de maîtres et d'élèves. Dans ce contexte chaque individu peut devenir un expert potentiel augmenté.
Quand la pensée constructive de chaque individu composant une société vient s'ajouter à toutes celles des autres individus œuvrant pour le bien commun sans désir de domination, là alors, une société avance pour le bénéfice de tous. Par contre, si chaque personne à l'égo surdimensionné se pense détentrice de la Vérité, la sienne surtout, la seule qu'il reconnaisse sans la confronter à celles des autres, là, tout se fige et ce qui n'avance pas ou plus, recule. Le statut quo rassurant n'existe pas.
Société en mutation, la hiérarchie patriarcale est ébranlée, les Institutions religieuses et l'éducation nationale devenues obsolètes… Les entreprises sont dépassées. Elles pourraient représenter une alternative mais elles sont peu à avoir mobilisé des moyens pour répondre à cette soif d'apprendre et d'apprendre vite. Question de culture ? Question de confiance en l'avenir ? L'accélération du temps focalise la plupart sur des stratégies d'investissement "court termistes" ! L'incertitude économique et la volatilité de l'emploi ont décrédibilisé la notion de gestion de carrière auprès des jeunes diplômés, déstabilisant les entreprises historiquement les plus engagées sur ce dernier point.
Alors que reste t-il pour l'individu au sein de la collectivité ? Une mission ? Une expertise ? Une tentative de donner du sens à son action ? Une envie de se sentir utile ? Nous assistons à une véritable "Tribalisation sociale" et, l'entreprise en est devenue un lieu d'expression.
Dans ce contexte, le Manager est surement encore plus attendu aujourd'hui qu'hier. Il est au coeur de cet environnement en mutation. Il sait qu'il a les capacités à sentir et comprendre cet écosystème, et par instinct, il prendra l'initiative, que dis-je ? il aura l'audace ! d'éclairer sa Direction et ses équipes, pour mener à bien cette transition économique et sociale dans une perspective de monde meilleur.
Compte Clé RHF RHD
5 ansLe matricielle provoque des tensions aux points de croisement. C est inévitable. Il en résulte un jeu d influence qui est plus ou moins néfaste en fonction des pouvoirs de chacun.
RESPONSABLE ACHAT / SYSTEME U/HYPER/SUPER U
5 anssolidaire et ou porte voix on ecoute ce que l'on peut entendre !! faut il parler la m^me langue.
Acheteur Matières Premières Groupe Loste
5 ansEffectivement un vrai défi à relever pour les managers des entreprises qui optent pour un modèle matriciel en ayant gardé une organisation hiérarchique