Le diesel divise les patrons automobiles allemands.
Les Echos - Pauline Houede Le 14/12
La proposition surprise de Volkswagen d'abandonner l'avantage fiscal sur le diesel a suscité une réaction de Bosch.
Zizanie au pays roi de l'automobile. La proposition surprise du dirigeant de Volkswagen, Matthias Müller, d'abandonner progressivement l'avantage fiscal sur les moteurs diesel pour investir davantage dans l'électrique a révélé de sérieuses divergences sur la stratégie à adopter au sein d'une branche contrainte d'accélérer sa transition vers les technologies propres.
Bosch s'oppose à l'idée de son client
Le patron de Bosch, le premier équipementier mondial, s'oppose ainsi fermement à la suggestion de son client Volkswagen : l'abandon de la subvention à la pompe « accélérerait un développement qu'une grande partie de l'industrie automobile ne pourrait guère supporter », met en garde Volkmar Denner jeudi, dans le quotidien économique « Handelsblatt ».
Pour le dirigeant du groupe de Stuttgart, dont 50.000 emplois dépendent du diesel, l'industrie a besoin de temps pour adapter son appareil productif à l'électrique : le diesel constitue une technologie indispensable - notamment pour le respect des règles d'émissions de CO2 - qu'il ne faut pas enterrer.
Le dirigeant monte au créneau car la fin de l'avantage fiscal (qui coûte à l'Etat allemand près de 8 milliards d'euros par an) finirait de détourner les consommateurs allemands d'une technologie déjà menacée. Sa part de marché recule outre-Rhin, notamment plombée par la menace d'une interdiction dans les villes du pays en raison de ses émissions polluantes (oxydes d'azote, ou NOx)
« Judas du Diesel »
La proposition de Matthias Müller , dont le groupe est à l'origine du scandale sur les moteurs diesel truqués qui a contribué à ternir la réputation de la technologie, a provoqué la surprise et la perplexité chez ses grands concurrents Daimler et BMW, rapporte la presse allemande. Ces derniers ont refusé de commenter la proposition, se réfugiant diplomatiquement derrière la position de la fédération automobile allemande (VDA). Celle-ci, qui n'a cessé ces derniers mois de défendre le diesel, a réagi très prudemment : « Un réaménagement progressif de la fiscalité est envisageable dans la prochaine décennie, mais elle nécessite une minutieuse préparation ».
Le monde politique a également réagi aux propos de Matthias Müller. Dans un tweet beaucoup moins diplomatique, la secrétaire générale du parti libéral FDP, Nicola Beer, a surnommé le dirigeant de Volkswagen, le « Judas du Diesel ».