Le digital oblige les entreprises à innover à l’envers… demi-tour numérique avec @ThomasHouy !
« Avec le numérique, les entreprises doivent opérer leur révolution copernicienne en exécutant un retournement complet des processus sur lesquels elles s’appuient pour penser, concevoir, produire et livrer leurs innovations ».
Comme Nicolas Copernic avait bouleversé la représentation du Monde et de l’Univers, comme Kant avait renversé, dans sa Critique de la raison pure, le rapport classique entre sujet et objet pour faire du sujet le centre des connaissances, Thomas Houy publie ce mardi 18 septembre 2018 son manifeste "Le demi-tour numérique - Quand le digital oblige les entreprises à innover à l'envers". Un manifeste que j’ai eu le privilège de lire en avant-première.
Sensible au sujet du numérique et à la conduite du changement en entreprise, et toujours aussi passionnée par l’évolution du jeu de la concurrence, je ne résiste pas au plaisir de vous donner l’envie de lire cet ouvrage… non sans vous rappeler au préalable le chant de certaines sirènes que vous et moi avions pu entendre.
De l’uberisation à la bookingisation ...
Apparu au temps de la success story d’Uber, le néologisme quelque peu barbare d’uberisation traduisait avec réalisme la crainte d’entreprises de voir le digital mettre à mal des pans entiers de l’économie traditionnelle dont elles devraient, un jour ou l'autre, se distancer. Oui, pourquoi ne pas projeter à leur tour de concevoir, de produire et/ou de lancer une innovation numérique ? Pour les y encourager et peut-être encore mieux "enfoncer le clou", des conseils les exhortaient à opérer leur disruption.
Disruption ? A priori, un nouvel anglicisme ayant le chic de sonner comme un détonateur à l’adresse d’entreprises néophytes... comme pour mieux les convaincre de se réinventer rapidement, en déléguant à des spécialistes leur démarche disruptive. Oui, car briser en morceaux, faire éclater, et donc détruire l’existant - selon l’étymologie latine disrumpere - ne pouvait susciter qu’appréhensions pour les entreprises, grandes et plus petites. C’était là, tout de même, renier leur passé et plonger dans le grand inconnu d’un nouveau paradigme, sans toutefois disposer de toute les clés. Des consultants plus ou moins spécialisés, mais avisés d'étoffer leurs effectifs de spécialistes de l'encodage garants de l’inaccessibilité du coffre-fort, n'allaient pas livrer le trousseau en leur explicitant tout le sens des mutations requises à mettre en œuvre, de quoi leur permettre de prendre seules le cap à partir duquel il leur revenait de conduire leur changement.
A défaut de tout bien comprendre, les entreprises se retrouvaient souvent dans l’impossibilité de maîtriser tenants et aboutissants de leur démarche et, ainsi, d'autant moins capables de décider et d’agir en toute autonomie. On les pressait certes de s’organiser pour pivoter avec la même agilité que celle de statup - argument de vente séduisant qui ne m'avait pas échappé - sans pour autant leur démontrer en quoi ces start-up disposaient sur elles d'un avantage dans le numérique. De quoi tomber dans une dépendance parfois très coûteuse, voire fatale.
Alors comment se déterminer sur la manière d’apprécier l’orientation à suivre pour opérer sa transition numérique ? Comment, concrètement, identifier les implications de son innovation par le numérique, que l'entreprise soit en perte de vitesse ou désireuse de dépasser le statu quo en inventant un nouvel univers ? Suite à une de ses conférence, filmée pour le Conseil Supérieur de l’Ordre des Experts-Comptables, Thomas Houy, multi-entrepreneur et Maître de conférences de Télécom ParisTech sur la disruption des marchés, avaient vu affluer massivement par mails de telles questions l'invitant à approfondir le sujet plus avant.
Jusqu'au Manifeste d’une nouvelle Révolution copernicienne
Le temps d’une conférence avait certes suffi à cet enseignant-chercheur à convaincre les membres de l'auditoire sur un point : le numérique ne les invitait plus seulement à apprendre de nouvelles méthodes de création ou de conception mais les obligeait aussi à désapprendre pour garder, entre autres, la main sur leur innovation.
Mais comment « craquer », en toute clarté, un problème bien légitime de compréhension générale sur le digital, mode d’emploi à la clé? Le titulaire d’un doctorat d’Economie ne pouvait que répondre par voie démonstrative, comme tout docteur en sciences. Son ambition : voir les entreprises envisager le numérique comme une opportunité et non plus comme un virage à prendre de manière risquée. Cela, en leur insufflant les nouvelles bonnes pratiques à mettre en place dans leur organisation pour, in fine, en tirer le meilleur parti… jusque dans leur politique de ressources humaines. De quoi aussi enfiler leurs chaussures à crampons pour gagner le terrain de jeu d’une concurrence loyale.
De chapitres en chapitres, et partant du modèle économique traditionnel, ce dernier ouvrage de Thomas Houy présente chaque pratique sous la forme d’une question ouverte : Se projeter à moyen ou long terme ? Raisonner de manière causale ? Prendre des décisions lourdes sur la base d’intuitions ? Produire avant de vendre ? Etre le premier ? Etre du Sérail ? Etre exact scientifiquement ? Confier des opérations digitales à un prestataire extérieur ? Copier un champion ? Chercher à passer à l’échelle ? Enfin, persister ?
Le tour de force de l’auteur consiste selon moi à montrer, avec forts exemples parlants jusque dans votre frigo, comment chacune de ces pratiques se voit renversée par le numérique, non pas seulement considérées isolément mais aussi deux par deux et, mieux encore, toutes ensembles, tant leur interdépendance est forte. « Si le lecteur est d’accord avec chacun de mes chapitres, alors il est d’accord avec la démonstration générale de mon livre : le numérique oblige désormais les entreprises à innover à l’envers » estime l’auteur de cet ouvrage que lui-même qualifie de manifeste, convaincu de l’évidence à partager en fin de démonstration.
Néophyte, l'évidence m'a sauté aux yeux, jusqu'au dernier paragraphe de sa conclusion qui intègre également des tableaux récapitulatifs des mauvaises pratiques et des bonnes pratiques, parmi lesquelles une règle d'or dans le digital : "si vous ne maîtrisez pas un sujet, internalisez-le !" Une règle que Thomas Houy n'a pas manqué de s'appliquer à lui-même, gardant la main sur toutes les dimensions de son ouvrage, de sa conception à sa distribution, en passant par son édition!
Alors, si vous souhaitez en savoir plus sur la bookingisation, nouveau néologisme issu en fait du cas Booking.com, si vous vous interrogez sur les moyens d’optimiser votre stratégie d’innovation par le numérique, en mettant en oeuvre une politique vous évitant notamment de devenir captif par le jeu d’asymétries d’informations, c’est par là, sous format papier ou sous format numérique... www.ledemitournumérique.com
Que vous dire encore? Bonne lecture et bon débat!
CEO, Antigone Communication SAS
6 ansCela ouvre un grand débat et c'est très bien, je pense qu'il ne faut pas avoir peur de ce nouveau monde économique vers lequel nous allons. Même si, il est vrai que certaines corporations ont beaucoup à perdre.
Maître de Conférences
6 ansMerci bcp Sophie !