Le dilemme éternel du développement : économie ou société, qui doit primer?
Depuis la nuit des temps, une interrogation fondamentale taraude tous ceux qui réfléchissent aux moyens de faire progresser une nation : faut-il privilégier en premier lieu le développement économique ou plutôt se concentrer sur les avancées sociétales ? Quel doit être le chemin prioritaire pour atteindre un niveau de vie décent pour tous ? Ce dilemme de l'oeuf et de la poule n'a jamais trouvé de réponse définitive, relancé sans cesse par les réalités complexes du terrain.
Deux visions radicalement opposées s'affrontent, chacune disposant de ses arguments et contre-arguments, sans que ni l'une ni l'autre ne parvienne réellement à emporter la conviction de façon incontestable. Pragmatiques contre idéalistes, économistes contre sociologues, les tranchées sont bien ancrées dans ce vieux débat qui ressurgit cycliquement.
D'un côté, ceux qui considèrent que la priorité absolue doit être donnée à l'économie, à la création de richesses matérielles. Selon cette vision, c'est la croissance, le développement industriel et entrepreneurial qui constituent le préalable indispensable à toute autre forme de progrès humain. Sans un minimum de ressources, comment espérer satisfaire les besoins primaires d'une population, se loger, se nourrir, se vêtir, se soigner ?
De l'autre, ceux qui objectent qu'un développement sociétal sain et équilibré doit logiquement précéder l'essor économique. À quoi bon créer des richesses matérielles si le terreau humain est incapable d'en profiter et de les faire fructifier durablement ? L'éducation, la santé, la justice, la stabilité sociale et politique ne doivent-elles pas être garanties en premier pour permettre un véritable décollage productif dans la dignité ?
Les exemples historiques, les succès comme les échecs, sont abondamment convoqués des deux côtés pour tenter d'emporter la conviction. Bien peu sont cependant réellement tranchés et font souvent l'objet d'interprétations contradictoires. Le mystère du la poule et de l'oeuf reste entier.
La priorité économique : une logique pragmatique
Pour les défenseurs de la primauté du développement économique, la logique paraît implacable. C'est bien l'activité productive, qu'elle soit agricole, industrielle ou de services, qui permet en premier lieu de créer les ressources indispensables pour tout le reste. Un pays ne pourra jamais émerger de la pauvreté et du dénuement tant qu'il ne dégage pas un minimum de richesses de sa terre, de son sous-sol ou du travail de ses habitants.
Une fois ce moteur économique en marche, alimentant le processus vertueux d'accumulation de capital, alors seulement les surplus nécessaires pourront être réinvestis dans le progrès social : écoles, hôpitaux, logements décents, infrastructures de bases. C'est la conception prônée par les tenants du libéralisme économique pour qui la création d'un environnement des affaires attractif est la clé de tout développement.
Les exemples fourmillent de nations ayant emprunté cette trajectoire, de l'Angleterre de la Révolution industrielle à l'Allemagne, le Japon ou les "dragons" asiatiques d'après-guerre. À chaque fois, c'est bien la relance économique, l'exploitation de nouvelles ressources, qui ont lancé la machine avant que ses fruits ne puissent être réinvestis dans le social.
Recommandé par LinkedIn
La priorité société : l'humain avant tout
Mais cette vision au parfum de matérialisme froid laisse de marbre les partisans d'une autre école de pensée. Selon eux, le moteur économique restera un vain artefact s'il n'est pas d'abord alimenté par un terreau humain fertile. Un développement sociétal équilibré, éduqué, en bonne santé physique et mentale, est la condition sine qua non d'une réelle émergence économique.
Dans cette optique, la priorité numéro un doit être donnée à l'éducation pour tous, à un système de santé accessible au plus grand nombre, à l'affermissement des institutions démocratiques et de l'État de droit. C'est aussi placer la cohésion sociale, l'inclusion de toutes les composantes de la société, au cœur des objectifs premiers à atteindre. Le niveau de vie matériel ne pourra réellement décoller que dans un second temps, porté par ces progrès sociétaux.
Les tenants de cette vision avancent à leur tour de nombreux exemples historiques, du "modèle nordique" scandinave aux "Trente Glorieuses" françaises en passant par le "siècle d'or" des Provinces-Unies au XVIIe siècle. Dans tous ces cas, le cercle vertueux du développement aurait débuté par de profondes avancées sociales avant que l'économie ne prenne le relais de façon pérenne.
Un nouvel équilibre à trouver
Face à ce dilemme de la poule et l'oeuf, la réalité semble une fois encore plurielle et éminemment dépendante des contextes locaux spécifiques. Les deux voies ont fonctionné par le passé, selon les époques et les sociétés considérées. Chaque pays est un cas particulier qui appelle des réponses sur mesure.
Plutôt que de sacrifier à un dogme universel, le défi du développement serait sans doute aujourd'hui de trouver le subtil point d'équilibre entre les deux moteurs, économie et société. Une approche combinée, coordonnée, où réformes structurelles pour asseoir un socle humain solide iraient de pair avec réformes économiques pour libérer les forces productives dans un cercle vertueux global.
C'est peut-être dans cette voie étroite du juste milieu que réside la clé d'un réel progrès humain durable conjuguant prospérité économique et avancées sociétales. Au lieu d'opposer stérilement deux visions dogmatiques, l'art serait alors de savoir lier harmonieusement leurs effets catalyseurs respectifs. Ici comme ailleurs, le salut semble résider dans l'équilibre.
#Développement #Économie #Société #Progrès #CercleVertueux #DéveloppementDurable #ÉquilibreÉconomieSociété #Priorités #Dilemme #Débat #AvancéesSociales #CroissanceÉconomique #CapitalHumain #ÉducationSanté #NiveauDeVie #ÉmergenceÉconomique #DécollageProductif #DéveloppementHumain #DéveloppementGlobal #ModèleDéveloppement #VoiesAlternatives #DéfisDeNotreÉpoque #oligarchhie #droit #richesse #societal