{ Le droit, le numérique et l'innovation de rupture }
Je vous propose aujourd'hui de poursuivre notre exploration du jargon du juriste numérique avec une expression souvent utilisée dans l'écosystème de la Legaltech : l'innovation de rupture. Selon Wikipedia, une innovation de rupture (ou rupture technologique) est une innovation technologique qui porte sur un produit ou un service et qui finit par remplacer une technologie dominante sur un marché.
On parle également parfois de disruption, à savoir d'une rupture au sein d'un marché, d'un secteur d'activité ou d'une habitude de consommation.
Alors peut-on considérer aujourd'hui que la pratique du droit en France fait l'objet d'innovation de rupture ?
Si le secteur du numérique dans le droit est en forte progression en France, il reste un secteur naissant. Rien à voir notamment avec le phénomène du numérique dans le droit anglo-saxon, et particulièrement aux Etats-Unis où la legaltech pesait en 2017 environ 3 milliards de dollars (sur un marché du droit de plus de 400 milliards de dollars).
Or, le plus souvent, l'évolution numérique passe d'abord par une évolution des outils utilisés par ses acteurs, en digitalisant l'existant sans pour autant transformer complètement la pratique. A titre d'exemple, la recherche juridique est passée de l'époque de la mise à jour de classeurs volumineux, à un moteur de recherche connecté à une base de données en ligne. Mais aucun outil ne permet aujourd'hui de remplacer le cheminement de l'avocat lorsqu'il traduit les mots de son client en une problématique juridique.
Les véritables innovations de rupture dans la pratique du droit français devraient donc arriver dans les prochaines années, à mesure notamment que le justiciable viendra influencer sa "consommation" des services juridiques. Reste aux praticiens du droit à s'emparer rapidement du sujet !