Le film de la crise de la dette française. Rassurez-vous c’est une fiction.
25 Novembre, CAC 8000, Spread France-Allemagne 88bp, Taux 10 ans français 3,12%
En ce beau, mais frais, lundi 25 Novembre l’ambiance sur les marchés est finalement assez bonne. Le Nasdaq, de nouveau porté par les résultats complètement fous de Nvidia, monte tranquillement et franchi jour après jour de nouveaux paliers, le plan chinois de relance mis en oeuvre depuis fin septembre semble porter ses fruits et a globalement contribué à la bonne tenue de valeurs liées à l’activité chinoise. Le luxe en particulier a également vivement progressé et a aidé le CAC 40 à revenir sur les 8000 points.
Bien sûr les premières déclarations du nouveau président américain Donald Trump auraient pu inquiéter. L’arrêt immédiat du soutien à l’Ukraine a un peu affolé les chancelleries européennes mais surtout l’idée de créer un Golf et un resort Trump à Gaza a désespéré le monde entier. La FED a cependant poursuivi sa baisse des taux et envisagé d’accroître la taille de son bilan ; les marchés actions mondiaux ont ainsi pu accélérer leur progression. Certains, comme Goldman Sachs, envisagent même un rallye de fin d’année historique.
Taux et devises sont finalement assez calmes. L’écart entre les 10 ans français et allemands a touché 100bp juste avant la présentation du budget par le nouveau premier ministre Michel Barnier. L’adoption de ce budget avec quelques voix de socialistes et surtout du fait de l’abstention du RN a fait retomber un peu la pression.
Michel Barnier a déclaré : les 3 milliards d’économie réalisées et le milliard d’impôt supplémentaire vont nous permettre de construire une France forte dans une Europe admirative de la démocratie française.
Marine Le Pen ne cache pas sa satisfaction : la voix du peuple a été entendue, tous les amendements du RN ont été adopté.
Jean-Luc Mélenchon, après 6 motions de censure en 2 mois, ne décolère pas : l’austérité mortifère de l’état français a été mise en oeuvre par un gouvernement illégitime aux ordres d’une doxa totalitaire.
Les économistes sont atterrés.
28 Novembre à la clôture, CAC 7850, Spread 93 bp, Taux 10 ans 3,28%
Le RN a finalement voté avec le NFP pour abroger la réforme des retraites.
Les chaînes infos sont en boucle : le gouvernement malgré tous ses efforts n’a pas réussi à empêcher les extrêmes de voter ensemble.
Les marchés étaient bien orientés et se sont nettement retournés au moment de l’annonce.
Le NFP réclame la démission du gouvernement et appelle à la grève dans les services publics dès le 2 décembre.
Les membres du RN refusent les interviews et ne veulent surtout pas apparaître comme des factieux.
Michel Barnier reconnaît sa défaite et propose un Grenelle de la Retraite afin de trouver une solution pour financer les retraites.
Sous pression de Mélenchon, les syndicats refusent de participer à toute réunion avec un gouvernement illégitime à leurs yeux.
A 23h les agences de notation dégradent la note de la France avec perspective négative. Le triple A est un lointain souvenir.
Aucune réaction coté BCE.
L’Élysée envoie un communiqué qui indique en substance : Nous prenons acte de l’abrogation de la réforme des retraites et renouvelons notre confiance dans le gouvernement de M.Barnier.
Un conseil des ministres exceptionnel se tiendra dès demain pour évaluer la situation financière de la France.
29 novembre 8h avant marché : le CAC 7700, Spread 105bp, 10 ans fiançais 3,45%
5 ministres démissionnent : ils ne veulent plus soutenir un gouvernement mis en minorité sur un texte aussi important.
Plusieurs personnalités de gauche se déclarent « disponibles » pour entrer au gouvernement et aider la France.
Le conseil des ministres est reporté.
Le ministre des finances, interrogé sur France-Inter déclare que « cela ne change pas grand-chose, la trajectoire de la dette n’est pas modifiée à 20 ou 30 milliards près, sur un horizon 10 ans, c’est l’épaisseur du trait »
La classe politique s’insurge devant autant de désinvolture.
Les éditorialistes sont effondrés et appellent à un remaniement profond.
Interrogé sur CNBC le gérant du plus grands fonds souverains norvégiens indique : nous avons suspendus les achats de dettes françaises et allons analyser ce week-end si nous passons à la vente.
Le président de la Banque de France va de plateau en radio et de radio en plateau pour déclarer : Les fondamentaux de l’économie française sont solides, les intérêts de la dette française seront payés et les emprunts remboursés normalement. Il n’y a aucune raison de s’inquiéter.
Après une séance agitée, le CAC finit en légère hausse à 7730, spread et taux inchangés.
1er Décembre, marchés fermés. Article sur le site du Financial Times à 17h
L’article publié sur le site du FT à 17h00 fait l’effet d’une bombe. Après plusieurs semaines d’investigation, les journalistes du FT ont découvert que le déficit français serait plus proche de 8% du PIB au lieu des 6% espérés par le ministre des finances dans sa dernière interview aux Echos le vendredi 29. Le problème est qu’il apparaît clairement que la France a sciemment falsifié ses comptes.
La déflagration.
Bruno Le Maire, depuis Lausanne où il enseigne depuis quelques semaines, répond à une interview de LCI. Il déclare ne rien avoir à se reprocher. Le journaliste lui demande s’il peut le jurer les yeux dans les yeux. La liaison est interrompue.
Le NFP crie au scandale et Manuel Bompard présent sur le plateau hurle « honte au ministre des finances en fuite, il sera jugé par un tribunal populaire dès que le NFP sera au pouvoir »
Silence total du coté de l’Elysée. Michel Barnier qui avait prévu de répondre à une interview au JT de TF1 annule au dernier moment.
2 Décembre, dès l’ouverture des marchés asiatiques, c’est l’hystérie. A 9h les marchés ouvrent : CAC 40 7450, Sprea110bp, Taux 10 ans : 4,01%
On assiste à un véritable pilonnage de la part des investisseurs asiatiques et moyen orientaux : en résumé, ils sont dans une colère noire. L’attentisme n’est plus de mise. Ils communiquent tous en indiquant qu’ils vont sortir de la France.
L’Euro passe sous les 1,08 contre le Dollar. Le CAC40 passe sous les 7300, les valeurs bancaires sont massacrés, Société Générale est réservée à la baisse. Le spread est à 120bp, le 10 ans français passe à 4,30%.
A midi, un communiqué de l’Elysée sort. Beaucoup de mots. Peu d’informations.
En synthèse : l’article du FT est un ramassis de mensonge, une commission d’enquête sénatoriale va enquêter et rendre ses conclusions d’ici « la fin d’année ».
La Banque de France poursuit ses discours lénifiant. Le ministre des finances garde un silence inquiétant.
Tout ça n’est rien comparé à l’ambiance de feu qui règne à l’Assemblée Nationale. LFI réclame un vote de confiance. Les députés RN chante la Marseillaise à chaque début de retour au calme. Les ministres présents ne peuvent parler, leur voix sont couvertes par les cris des députés LFI et les chants de ceux du RN.
A 23h, Michel Barnier monte en tribune et demande la confiance. Le verdict est sans appel. Il n’a plus le soutien que des députés LR et quelques Modem (qui diront après coup « s’être trompés de bouton »)
Il quitte l’assemblée livide et annonce sa démission dans la foulée.
Le Président l’accepte à 2h du matin.
3 Décembre. 9h. Le CAC est suspendu. Le spread se situerait aux environs de 150 bp et le 10 ans à 4,75. L’Euro passe sous les 1,05, contre 1,11 fin novembre.
La BCE indique suivre la situation avec préoccupation et souligne qu’il revient aux autorités françaises de prendre les mesures adéquates pour assurer un retour au calme.
C’est le signal qu’attendaient les spéculateurs. La BCE laisse faire le marché.
C’est le déchainement.
A 14h quelques valeurs cotent.
LVMH perd 15%
Les bancaires perdent entre 20 et 25%
Le spread est à 200bp. Le 10 ans à 5%. L’Euro à 1.02.
Les chaines infos ont 2 équipes : une à l’Assemblée, l’autre devant la bourse.
L’Elysée annonce que le Président prendra la parole à 20h.
Le marché ferme. Aucune valeur n’est en hausse. Le CAC finit en baisse de près de 10%, quelques acheteurs sont venus faire la chasse aux bonnes affaires en toute fin de séance.
Le président prend la parole à 20h. Il est livide et lit son prompteur de manière mécanique. Il annonce qu’il nomme M.Villeroy de Galhau comme 1er Ministre.
Il n’y aura que 10 ministres. Tous des techniciens. Il indique également que ce gouvernement travaillera en étroite collaboration avec les autorités européennes pour assurer un retour « aux jours heureux des Jeux Olympiques ».
Cette dernière phrase ne figurait pas sur son prompteur et sème la consternation dans ses équipes.
1h après, Alexis Kohler annonce sa démission du secrétariat général de l’Elysée.
Le Canard Enchainé dans son édition du 4 décembre écrira que M.Macron a eu une crise de nerfs lors de cette annonce.
4 décembre. 9h CAC : 6200 ; spread 215 bp, 10 ans 5,20%, Euro 1.01.
Sur les marchés, une forme de calme apparaît. Tout le monde attend la première déclaration du nouveau 1er Ministre. La passation de pouvoir a eu lieu à 6h du matin sans journaliste. Dans la foulée, VdG a pris le train pour Bruxelles immédiatement après.
Invité sur BFM, JL Melenchon dénonce le nouveau déni démocratique et moque celui qu’il appelle désormais « le Gauleiter » Villeroy aux ordres de l’étranger.
L’Assemblée est en feu. RN et NFP indiquent qu’ils censureront immédiatement le nouveau gouvernement quelque soit ses décisions.
Retour à la case départ.
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A 11h JL Mélenchon annonce une grève générale à partir du 5 décembre. Il est suivi par l’ensemble des syndicats du public et du privé. L'ensemble des syndicats annoncent suivre ce mouvement.
Marine Le Pen refuse de prendre M.Macron au téléphone.
Ségolène Royal envoi un communiqué indiquant qu’elle est disponible.
Ce sera le seul moment vraiment drôle de la journée.
Après 14h de réunion, VdG et les autorités européennes sortent. Rien ne filtre des décisions prises.
VdG rentre à Paris faire part « des conclusions » de la réunion au Président.
Il a vieilli de 20 ans en 24h.
Ursula Von der Leyen sort avec le sourire mais ne dit rien.
Un silence navré règne parmi les journalistes quand Christine Lagarde sort. Elle a visiblement pleuré.
5 décembre. Pas de cotation.
Dans la nuit, les autorités européennes ont annoncé que les marchés européens allaient restés fermés jusqu’au 10 décembre inclus.
Effectivement depuis le début de ce que le FT appelle « Crisis of the French crooks », (la crise des escrocs français) l’ensemble des marchés européens est sous pression avec comme d’habitude le secteur bancaire comme victime principale. Les marchés obligataires sont également sous tension même si les discours et les interventions discrètes de la BCE ont permis de limiter la casse.
Les gérants et experts de marchés qui se succèdent sur l’antenne de BFM Business appellent au calme. Le message général est qu’il faut profiter de la baisse pour renforcer les positions.
On apprend alors que VdG est resté bloqué à Amiens. La grève des cheminots ayant paralysé les trains à minuit.
La France est à l’arrêt. Tout est fermé.
Les banques ont bloqué les systèmes de virement.
De nombreux commerces sont fermés en solidarité avec les grévistes.
Par précaution, l’adjudication de 20 Milliards d’Euros d’obligation à 5, 10 et 30 ans prévue ce jeudi 5 décembre est « reportée » (les marchés sont fermés de toutes façons).
Il se murmure que le cumul des demandes s’élevait à moins de 1 Milliard.
6 Décembre. Pas de cotation.
Les pénuries, en particulier pour l’essence, se multiplient un peu partout en France créant de ci de là des tensions avec les forces de l’ordre.
Le gouvernement annonce procéder à des réquisitions pour rétablir « l’ordre républicain ».
Les marchés asiatiques et américains sont ouverts mais après des reculs de moins de 5%se reprennent progressivement.
La FED et les autorités chinoises annoncent encore des baisses de taux et indiquent vouloir assurer « une liquidité optimale » des marchés.
L’Euro reste sous pression et passe à 0,95 contre le Dollar.
La crise est concentrée sur la zone Euro et en particulier la France.
Les grands médias européens sont inquiets d’une contamination dans leur pays de la crise Française mais ne manque pas de stigmatiser l’arrogance historique de la France.
La presse économique mondiale est déchainée contre les autorités françaises.
Poutine a appelé E.Macron pour lui demander de prendre les mesures appropriées afin de rétablir la stabilité.
Aucune communication n’émane de l’Elysée ou de Matignon.
La seule chose que l’on sait est que les réunions s’enchaînent.
Samedi 7 Décembre.
Plus aucun homme politique français ne veut collaborer avec E.Macron.
Tout le monde pense que la seule issue réside dans une démission du Président de la République.
Les grands leaders préparent leur candidature.
La « troïka » au chevet de la France créée un nouveau séisme en annonçant que le financement de la France sera assurée uniquement si l’ensemble des mesures arrêtées avec les autorités françaises est irrévocablement mises en oeuvre. Tout manquement sera immédiatement accompagné d’un arrêt des financements par la BCE.
C’est le choc. RN et LFI annoncent que la seule solution est de sortir de l’Euro et exigent un référendum.
La France est, en pratique, mise sous tutelle et sous surveillance.
Le Président annonce qu’il s’adressera à la nation à 20h.
A 20h la France est à l’arrêt.
Son allocution comporte 2 volets : économique et politique.
Les mesures du plan de la « troïka » :
Le volet économique est annoncé d’une voix blanche, le Président étant visiblement sous le choc lui aussi. Il indique que ce plan représente une économie de l’ordre de 100 Milliards, le choc est rude ajoute t’il mais c’est la seule solution pour sortir de la spirale de la dette. Il insiste beaucoup sur le fait que cela ne durera « que » 3 ans.
Le Président explique qu’il a accepté ces mesures car la situation fait que sans elle, la France ne pouvait plus payer ni ses fonctionnaires ni ses retraités…
C’est le coeur serré qu’il a demandé à toutes les forces politiques d’accepter ces propositions pour que la France revienne plus forte dans le concert des nations.
Il est ensuite passé au volet politique.
Il indique qu’il a contacté l’ensemble de l’arc républicain et que personne n’a voulu valider ce plan.
Il annonce dès lors que le fonctionnement régulier des pouvoirs publics est interrompu et que conformément à l’article 16 de la constitution « il prendra dès demain les mesures exigées par ces circonstances, après consultation officielle du Premier ministre, des Présidents des Assemblées ainsi que du Conseil constitutionnel ».
L’allocution d’E.Macron a duré 17 minutes et passé les quelques minutes de stupeur, les passions se déchaînent chez les politiques.
Aucune discussion n’est possible sur les plateaux télés.
La soirée se termine dans la confusion totale.
Dimanche 8 décembre Bizarrement, la population est calme malgré les appels à l’émeute de la part de LFI ou à l’insurrection civique (même si personne ne sait ce que cela veut dire) de la part du RN.
Il semble en effet que les français dans leur immense majorité savaient qu’un choc était indispensable un jour ou l’autre, ils se disent en fait que cela aurait pu être bien pire…
En fin de journée, l’information est presque passée au second plan.
Lundi 16 décembre, 9 h ouverture des marchés. CAC 5120 Spread 350 Taux 10 ans 6% Euro 0,88
Bien sûr la potion est sévère pour la population française, mais il apparaît que les appels à la grève et autres mots d’ordre à la sédition soient restés lettre morte.
La troïka a fait passer le message aux politiques français : le plan est à prendre ou à laisser. Leur responsabilité sera engagée s’ils s’opposent à sa mise en oeuvre.
La menace a porté malgré des discours affirmant le contraire.
Les français ont en effet compris que l’Europe était leur seul porte de sortie.
Vendredi 7 février, 60 jours après le déclenchement de l’article 16.
Les pouvoirs exceptionnels du Président s’arrêtent.
A 20h, Emmanuel Macron, bronzé et souriant annonce sa démission, a la fin de son allocution, sobre et digne, il dit simplement « au revoir » et se lève.
A 20h15 Gérard Larcher prête serment et devient « par interim », en charge de l’état français.
La campagne commence.
Président de EL Consulting, conseiller municipal de Neuilly sur Seine
2 moisTop
Gérant de logiplus Nouvelle-Calédonie - Master black belt lean 6 sigma - Certifié TPM au Japon - formateur des Instructeurs certifiés MAXER - Représentant de la méthode MAXER pour le Pacifique Sud et le Japon.
2 moisExcellent ! Cette fiction qui me rappelle le film "margin call" est un scénario "catastrophe" pour la France mais le réalisme est présent avec de vraies interrogations comme la réaction de la BCE. Va t'elle intervenir en cas de banqueroute ? Pas sûr !
Partner @Ailancy - Investor Services and Asset Management
2 moisExcellent exercice de politique fiction qui pourrait bien être proche de la réalité en cas d’emballement de la situation