Le Foulsapate marron
Dans les forêts semi-séches et surtout humides de l’ile de la Réunion se cache une plante que seul l’œil aguerri d’un botaniste est capable de trouver parmi les espèces indigènes qui font la canopée. À environ 6 mètres de hauteur elle nous dévoile timidement sa magnifique fleur de couleur rouge.
Connu ici sous le nom de Foulsapate marron elle porte l'appellation botanique de Hibiscus Boryanus. Elle se présente, à l’âge adulte, sous l’aspect d’un arbuste à feuillage hétérophylle qui peut atteindre 8 m de hauteur avec un tronc d'environ 20 cm de diamètre.
Son écorce rugueuse de couleur gris à marron claire n’est pas crevassée.
Le limbe des feuilles juvéniles est profondément trifide, à lobes étroits.
Le limbe des feuilles de transition porte 3 à 5 lobes plus larges, irréguliers, atteignant jusqu’à 19 cm de longueur .
Le limbe des feuilles adultes est elliptique à ovale ou en forme de losange, aigu ou atténué au sommet, obtus à cunéiforme à la base.
Ses fleurs solitaires peuvent être de couleurs rouge, orange voir jaune plus ou moins striées de jaune orangé.
Ses fruits sont des sortes de capsule plus ou moins obovoïde, à surface glanduleuse et portant des poils stellés très petits. A l’intérieur environ 1 à 10 graines densément couvertes de poils.
Ces graines germes facilement contre un peu de patience.
Les plants présentent des cotylédons et des petites feuilles trifides.
C’est une plante endémique rare. A la Réunion elle ne bénéficie d’aucune mesure de protection particulière. A l’île Maurice elle ne subsisterait que sur deux ou trois sites.
Dans la littérature scientifique et botanique elle est souvent confondus avec H. Columnaris ou H. Fragillis qui sont pourtant très différentes. Ai-je vu ainsi dans un ouvrage traitant des pratiques et utilisations des tisanes à l’ile de la Réunion, une illustration montant un H. Boryanus avec la légende H. Columnaris.
Cette plante accueille un nombre important d’insectes, les merles pays, les zoizos blancs, les zoizos verts, et parfois mêmes les endormi.
D'après Cordemoy, le bois de cette plante aurait été utilisé autrefois dans la construction. Cela semble fondé.
Elle présente un intérêt médicinal en raison de propriétés potentiellements émollientes et pectorales . Elle a aussi un intérêt ornementale mais il est rare de la retrouver dans les opérations d’embellissement.
A ce sujet, en 2018, j’ai fait don de trois plants de cette espèces à une commune dans le cadre d’une opération d’embellissement d’un quartier. Malheureusement deux plants ont été volé au bout d’une semaine et le troisième a été victime du débroussaillage municipale.
Notre environnement est fragile et nous avons aujourd’hui les moyens de le préserver, de le valoriser, mais l’expérience montre que l’ignorance est toujours et sera encore le nerf de la guerre.