Le Management par l'émotion

Le Management par l'émotion

 

77%

C’est le pourcentage d’employeurs (majoritairement du CAC40) qui privilégient le Quotient émotionnel au Quotient intellectuel lors d’une embauche, d’après une étude menée par Christophe Haag. 

Maintenant que j’ai attiré votre attention laissez moi vous expliquer ma démarche. Il y a de ça 6 ans lorsque j’étais en 1er du lycée, une proche m’a parlé de ce fameux Christophe Haag qui était alors son professeur à l’EMLyon et c’est ainsi que je suis tombé dans un sujet qui est maintenant devenu une passion pour moi, les nouvelles pratiques managériales.

Le QE pour Quotient émotionnel pourrait se traduire comme la capacité à assimiler, comprendre et adapter nos émotions et celle des autres pour favoriser le dialogue et l’épanouissement. On tente souvent à l’opposer au QI, mais pour être un bon manager il faut savoir jouer sur les deux tableaux.

C’est pourquoi je vais d’abord vous expliquer ce qu’est le QI, et pourquoi on ne peux pas trop s’y fier malgré que pendant des siècles la logique Cartésienne nous a expliqué qu’il s’agissait du vrai seul moyen de calculer l’intelligence d’une personne. Et après ce rapide point nous nous intéresseront vraiment à ce qu’est le QE.

  • QI, ou « science sans conscience n’est que ruine de l’âme » Rabelais

 

Depuis très longtemps l’homme a cherché à réussir à calculer l’intelligence de ses paires.

D’abord on a essayé de la mesurer par la taille de la boite crânienne puis petit à petit est venu des testes pour la mesurer grâce à la réflexion (notamment au travers des recherches de Francis Galton)

Ceci à abouti au teste de QI développé par Alfred Binet en 1912

 

Comment se calcule le QI, j’admet le résumé de wikipédia était plus clair que le mien.. :

 "Il existe :

– le QI classique (ou « en âge mental »). C’est le rapport entre l’âge « mental » que donne le résultat du test sur l’âge réel, multiplié par 100. Ainsi un enfant de 10 ans montrant les mêmes résultats que la moyenne des enfants de 12 ans a « douze ans d’âge mental » et un QI de 120 = (12 / 10) ⅹ 100. Conçu pour détecter et aider les enfants en difficulté, il n’a plus vraiment d’utilité pour un adulte1 ;

– le QI par rang ou QI standard qui correspond au rang auquel se situe une personne relativement à une population représentée par une loi normale (Courbe de Gauss). Il ne s’agit pourtant que d’une approximation.

Selon A. Christodoulou, « la moyenne du QI standard est fixée à 100 pour des raisons historiques. L’écart type à 15 est arbitraire, mais il correspond à un écart probable de 10, ce qui veut dire qu’entre un QI de 90 et de 110, il y a 50 % de la population. Pour les psychologues américains « un individu sur deux est normal », donc, entre 90 et 110, se situe la zone de normalité.

Le test dépend d’une plus ou moins grande familiarité préalable avec les notions utilisées par le test ; c’est pourquoi il est bon lorsqu’on échoue à un test de le retenter quelques mois après. Comme pour le saut à la corde, l’entraînement permet de mieux approcher ses limites réelles, sans permettre — par définition même de ce qu’est une limite — de les dépasser.

Dans la pratique, si le QI constitue un indicateur, un repère valable de quelque chose, il lui manque les trois caractéristiques qui définissent un instrument de mesure dans le monde scientifique : chiffrage de la précision, chiffrage de la justesse et chiffrage de la sensibilité."

 

Ainsi le problème majeur et non des moindres du tests de QI est qu’il peut être, très différent pour une même personne si elle est fatigué, énervé, stressé… Ainsi on a pu voir des testes de QI passés par des patients malades en entrant en hôpital psychiatrique présentant des écarts de résultats jusqu’à 45% avec les mêmes tests qui ont été réalisés lorsque les patients ressortaient de l’hôpital guéries.

Ou bien même dans l’histoire, lorsque les immigrés irlandais ou d’autres nationalités arrivaient sur Liberty island pour tenter d’avoir leur green card et ainsi entrer aux USA ils devaient passer un test de QI. Et bien après plusieurs jours d’une traversée épuisante, une témoin racontait dans un reportage (que je n’arriverai pas à retrouver dsl …) qu’elle voyait des femmes ne même plus arriver à réussir ce jeux basique qui était joué par des enfants en bas âge (voir photo).

D’autre part, est-ce que un bon QI veut vraiment dire une meilleure réussite dans la vie ?? Bien sur que non et heureusement la mentalité a changé. Il suffit malheureusement de voir les parcours de certains surdoués (ou zèbres comme on les appels désormais) la pluparts ont beaucoup de problèmes d’attention, de sommeil, de relation avec les autres.

C’est ainsi qu’au début des année 90 est apparu le QE, de part les recherches de Peter Salovey et Jacques Meyers.

  • Le QE, arme anti-crise ?

 

On ne peut demander de la compétence sans apporter de l’appétence

- Michel Maffesoli

En 1991, Daniel Golman dont je vous recommande de lire ses livres ou bien de suivre ses actualités sur twitter ou Linkedin a fait la 1er de couverture du Times avec son article sur le QE.

Après la Bulle internet de la fin des année 90, et différents autres scandales, on ne pouvait nier que le management par le stresse n’était pas tenable.

C’est à ce moment précis que le quotient émotionnel est devenu un sujet de débat au sein des entreprises.

Alors oui, en France notamment le patronat n’a pas vraiment bonne presse, on vient allègrement présenter l’image du patron froid, cigare à la bouche et ventre bedonnant, et même si le monde patronal a encore beaucoup de travail à fournir à ce sujet là, il ne faut pas cacher les initiatives, et le débat de fond que soulève le QE et plus largement les nouvelles pratiques managériales. Je vous recommande ce discours que vous avez surement déjà vu d’ailleurs du DG de Danone … ou bien cette table ronde que j’avais eu la chance d’organiser il y a 1 mois qui prouve bien que l’émotion et l’épanouissement des collaborateurs est de plus en plus un sujet clé dans les entreprises, en espérant que ça ne reste pas qu’un sujet…

 

Mais on a toujours pas répondu à la question fondamentale, c’est quoi le QE ?

Et bien comme le résume Christophe Haag, le QI c’est se mettre au dessus des autres alors que le QE c’est se mettre au même niveau que les autres

(j’ai même envie de dire qu’un manager devrait être derrière les autres, en référence au rôle du manager comme coach)

Le QE relève de 4 capacités mentales :

  • L’habilité à percevoir dans un environnement des informations émotionnelles chez soi

On distingue 6 émotions de base : qui sont les mêmes dans toutes les cultures.

Fait intéressant vous avez déjà remarqué qu’un aveugle de naissance garde les mêmes mimiques de visages émotionnelles ?

 

  • La capacité d’assimiler les émotions dans la pensée

Alexis Lemaire dont prend référence Christophe Haag s’est entrainé à résonner par l’émotion et a ainsi a réussit à décupler ses capacités de réflexion, mémorisation.

Je déborde un peu car ça fera le sujet d’un autre article mais la mémoire (sujet qui me passionne aussi J ) se travaille énormément par l’émotion.

Exemple : prenez une personne dans une foule avant un speech dite lui « je vais vous parler d’un boulanger » et prenez une autre personne et dites lui « je vais vous parlez de Monsieur boulanger » et bien la personne à qui vous avez dit « je vais vous parler d’un boulanger » mémorisera bien mieux de qui vous allez lui parler car elle fait la liaison avec un souvenir émotionnel, celui de son boulanger de quartier qu’elle voit le matin etc… alors que Monsieur Boulanger est personne sans lien directe, inconnue sans rapport émotionnel.

Autre exemple : Vous souvenez-vous de se que vous faisiez le 11 septembre 2001 quand vous avez appris les attentats du World Trade Center ? Où étiez-vous ? Et le 12 septembre 2001 vous vous souvenez où vous étiez ? Et bien oui quasiment tout le monde se souvient du 11 septembre mais pas du 12 car c’est un souvenir émotionnel.

 

  • La capacité de comprendre les émotions

On peut traduire cela par la capacité à prédire dans quel état émotionnel l’autre sera

Lisa Bellingshausen avec qui a travaillé Christophe Haag a étudié l’impacte de notre état émotionnel dans notre processus de décision.

Exemple : ATTENTION SI VOUS VOULEZ REALISER UN TEST DE QE, CETTE QUESTION PEUT EN FAIRE PARTIE :

Imaginez vous êtes à la tête d’un CODIR qui vient d’apprendre les résultats trimestrielles très mauvais… La tristesse s’empare du Conseil de Direction que faites-vous ?

A- Vous attendez que chacun rentre chez soi, puis le lendemain vous les convoquez pour en discuter ?

B- Vous organisez immédiatement une réunion pour planifier se qui n’a pas été ?

La solution est la réponse B car la tristesse est une émotion qui permet de se focaliser plus facilement sur les éléments d’améliorations 😉

Ainsi grâce à cette capacité on peut arriver à prédire les émotions afin de s’adapter à elle pour driver l’émotion de l’autre dans le but d’améliorer la communication etc…

 

  • Réguler ses propres émotions et celle des autres

Il existe une expérience que fait référence Christophe Haag qui montre bien cette difficulté qu’on les personnes à réguler leurs émotions devant une tentation.

L’expérience du Marshamallow consiste à placer des enfants de 3 à 4 ans dans une pièce isolée devant une confiserie en leur expliquant que si ils patientent un petit peu sans manger le bonbon, ils en auront un deuxième le temps d’aller faire les courses (30 minutes).

Les enfants qui ont su résister ont été suivis pendant leur scolarité et il a été constater qu’ils arrivaient beaucoup plus facilement à se socialiser et avaient des meilleurs résultats scolaires.

 Je vous partage aussi une state que j’ai appris cette année, au niveau cérébrale il a été constaté que pour compenser la réaction négative lorsque l’on reçoit un reproche il faut en moyenne recevoir 3 compliments. Comme quoi on a tendance à se focaliser naturellement sur le négatif :/

Dernier point : L’émotion est contagieuse !

En période de crise un manager émotionnellement intelligent réussit à exprimer une émotion positive qui se propage au CODIR etc…

 

Pour conclure je ne suis pas la pour lapider le QI mais on ne peut pas se baser que sur cet indicateur pour mesurer l’intelligence d’une personne, le travail collectif, la collaboration, l’économie de la connaissance nous tend à nous questionner sur la vraie valeur de l’intelligence et l’émotion en est un pilier essentiel.

Ken Karls

Founder chez 07h31 le rendez-vous du management

5 ans

Excellent article. Beaucoup de référence,  Le sujet est passionnant.  je pense que nous entrons dans une air de l’émotion.  Une air ou l’émotion fera partie intégrante de notre vie professionnel et non plus uniquement priver.   

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