En train entre Le Mans - La Suze - La Flèche

Aujourd’hui en Europe, la France continue à démanteler des infrastructures ferroviaires et à fermer des lignes. La France est à ce jour probablement le dernier pays d’Europe à ne toujours pas développer de chemins de fer péri-urbains. La crise du COVID est là pour nous rappeler que nous sommes vulnérables. En outre, la crise des « gilets jaunes » est née d’un problème de mobilité dans les zones périurbaines et de l’étalement urbain. 

Pourtant, il semble que personne n’en ait tiré de leçon pour autant. D’autres pays d’Europe, tels que l’Allemagne, ont fait des choix contraires, et rouvert des lignes secondaires qui avaient peu de trafic. Grâce à un service optimisé, rapide et fréquent, ces lignes ont su trouver un dynamisme qu’elle n’avaient pas lors de leur fermeture. 

Le département de la Sarthe prévoit de transformer l’ancienne ligne Le Mans - La Suze - La Flèche en voie verte. Le territoire de La Flèche participe au péri-urbain de la ville du Mans, mais joue également un rôle de ville d’entrée du territoire dans la Sarthe et comme deuxième pôle urbain. Le chemin de fer permettrait de revitaliser ce territoire. Une réouverture de cette ligne avait été envisagée, mais uniquement avec électrification et desserte en Citadis Dualis identiques à ceux circulant sur la ligne Nantes - Châteaubriant. Un matériel plus lent que les autorails X 3800 des années 50 qui n’étaient pourtant pas rapides. L’étude a également présenté un bilan carbone faussé car il ne se basait que sur les émissions d’autorails d’ancienne génération, qui d’ailleurs ne sont même plus en circulation dans la région. Cette étude ne prend pas en compte les évolutions techniques futures, comme des automoteurs équipés de motorisations avec de plus faibles émissions, voire basés sur de nouvelles technologies comme l’hydrogène.

Dans les années 30, en France nous savions pourtant mettre en œuvre des techniques modernes et efficaces. Raoul Dautry avait compris cela et créé des automotrices performantes pour la desserte péri-urbaine du Mans et de Paris. Nous avons de nos jours des automotrices encore plus performantes que les Z 3700 et Z 3800 restées longtemps inégalées. Une desserte ferroviaire est complémentaire à la desserte routière existante. Elle est régulière car indépendante des aléas de la circulation, mais aussi plus rapide de 10 à 15 mn selon l’heure et les jours. Le service doit être cadencé et étalé, sans couvre-feu imposé à 20 heures voire même 19 heures. Ces horaires ne correspondent plus aux modes de vie actuels. En comparaison, les allemands fournissent un service en 24/7 dans la Rhur sur leurs lignes régionales.

Le confort du train permet la valorisation du temps, notamment grâce au wifi. Ce temps pouvant être mis à profit pour travailler, réviser ses courts, lire ou même se reposer tout simplement.

En outre, la ligne de La Flèche a la particularité de circuler au pied du zoo, d’ailleurs devenu célèbre grâce à l’émission de France 4, « une saison au zoo ». Le zoo de La Flèche enregistre une fréquentation annuelle de 400 000 visiteurs et est l’un des sites les plus visités de la région des Pays-de-la-Loire. Le train devient un atout majeur pour la desserte du zoo et également la ville de La Flèche. Pourtant, le zoo est plutôt assez mal desservi par les transports en commun, avec un unique aller-retour estival depuis Le Mans. Alors qu’il est ouvert toute l’année. Cette ligne circule par ailleurs à travers des paysages magnifiques qui ont justifié sa conversion en voie verte d’un point de vue touristique à travers la vallée de la Sarthe.

Enfin cette ligne pourrait également être rouverte jusqu’à Saumur et offrir aux habitants du bassin saumurois une meilleure desserte vers Le Mans avec une desserte supplémentaire vers Paris. Le gain de temps serait de 30 à 40 mn en passant par Le Mans par rapport aux trajets actuels par Angers. Les habitants du beaugeois se retrouveraient également mieux connectés aux autres territoires de la région. Le trajet vers Le Mans serait plus rapide que l’autocar vers Angers.

Les atouts d’une desserte ferroviaire péri-urbaine pour Le Mans et La Flèche permettant d’animer le fonctionnement d’un territoire et participer à son développement, semblent prépondérant à l’aménagement d’une piste cyclable à vocation uniquement touristique qui ne sera empruntée que par quelques cyclistes lors des beaux jours. Le transport ferroviaire est un excellent vecteur pour mieux équilibrer les territoires et éviter de toujours tout concentrer dans les grandes villes, tout en étant complémentaire du vélo. Dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique et pour favoriser le report modal, le train a un rôle majeur qu’une myriade d’autocars n’auront jamais. Nous pouvons d’ailleurs le constater en ce moment, en pleine crise du COVID où la distanciation est la norme. Elle est plus facile à réaliser à bord d’un véhicule de grande capacité comme le train, qu’à bord d’un autocar, tout en évitant un recours massif à l’automobile. Je pense qu’il devient grand temps de changer de logiciel et de créer une disruption par rapport à nos anciennes pratiques.

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