Le marché du coliving en ébullition

4 ans après son apparition sur le marché français, le coliving continue sa progression dans le paysage de l'immobilier résidentiel. Certes le produit reste une niche et représente une part minime de l'offre globale, mais son essor repose sur des bases solides côté offre et demande.

Le parcours du combattant locatif nourrit l'essor du coliving

Le coliving s'appuie, côté demande, sur la difficulté d'accès au logement dans les grandes agglomérations : offre limitée et chère, nécessité de présenter des garants et des revenus élevés dans le locatif privé, insuffisance de l'offre locative sociale ou étudiante... Ces caractéristiques structurelles alimentent les nouveaux besoins dans le résidentiel locatif. Des blocages qu'ont bien intégré les acteurs du coliving qui proposent un parcours administratif simplifié adapté à la population visée : étudiants, jeunes actifs, nouveaux arrivants en France en recherche de logements...

Un effet d'offre massif

L'expansion du coliving repose aussi et surtout sur de puissants moteurs côté offre :

➡️ les acteurs historiques disposent de moyens conséquents suite à des levées de fonds ou engagements de financement de la part de fonds. Les investissements en coliving ont par exemple été multiplié par 13 en 2021. La Casa, Urban Campus ou Sharies ont réalisé de nouveaux tours de table quand Colonies a conclu un deal à 1 Md€ avec Ares Management qui s'engage à financer les projets de l'exploitant en France et en Europe.

➡️ les investisseurs sont aux abois. Avides de nouveaux produits attractifs dans un contexte de marché incertain sur les débouchés traditionnels (bureaux, commerce) ou de pénurie sur le segment résidentiel redevenu à la mode, les investisseurs voient dans le coliving un relais de croissance doté d'un rendement attractif (4%-4,5%)

➡️ le discours marketing fait mouche à travers les promesses de convivialité, praticité et confort

➡️ l'essor de l'offre est portée par des nouveaux acteurs au delà des pionniers Colonies, La Casa, Sharies ou The Babel Community. OpenHouse, Ivynest ou Colodge atteignent déjà la centaine de lits en exploitation. Harvey, qui exploite une résidence de 73 lits à Bordeaux, prévoit par exemple d’ouvrir 7 nouvelles résidences dans les prochaines années. Les acteurs internationaux se positionnent à l'instar de l'Italien Dovevivo qui ne cache pas ses ambitions en France, notamment suite au rachat de Chez Nestor. Le Singapourien Ascott va de son côté ouvrir une résidence de sa marque Lyf à Paris en 2024.

➡️ la structuration de l'offre est actée chez les acteurs traditionnels de l'immobilier. La maturation a été plus longue mais les projets de Bouygues Immobilier ou Vinci Immobilier sont bel et bien en route.

➡️ le marché s'étend au segment connexe de la gestion de colocations traditionnelles, sans services inclus. Ce segment peu structuré dispose d'un potentiel de simplification du parcours clients et permet de proposer un produit d'investissement accessible à des ménages. Colocatère s'est spécialisé sur ce segment où interviennent désormais d'autres acteurs comme Colonies.

➡️ de nouveaux publics sont ciblés comme les seniors autonomes ou les salariés en télétravail à la recherche de logements temporaires proche de leur entreprise pour quelques jours par semaine ou par mois.

On le voit, les moteurs sont puissants et loin d'être épuisés, d'autant plus que les menaces restent encore limitées. Elles portent notamment sur l'absence de reconnaissance juridique qui pourrait freiner le potentiel de croissance.

D'après les projets en cours en développement et nos projections, l'offre devrait tripler d'ici 2025.

Analyse et extraits issus de notre étude "Coliving : comment l’afflux des investissements attise la concurrence" publiée en juin 2022, dont la présentation détaillée est accessible sous ce lien.