Le nouveau Président d’une France ingérable…
Voilà, c’est fait, la France a un nouveau Président et le spectre de l’extrême droite s’est éloigné de la plus haute fonction publique…, pour au moins 5 ans.
Emmanuel Macron suscite beaucoup de curiosité avec son parcours pour le moins étonnant. Il est certainement le symbole d’un peuple qui a besoin d’espoir et de fraîcheur. Le contexte a aussi son importance. Il est arrivé à un moment où les deux partis traditionnels étaient en train d’éclater.
Dès la fin du premier tour, les marchés boursiers ont poussé un grand « ouf » de soulagement, voyant s’évanouir un éventuel retrait de la France de l’Union européenne et le retour du franc français. La victoire d’un pro-euro et pro-marchés a fait disparaître une décote politique et a donné un nouveau souffle aux actions.
Plusieurs facteurs positifs sont à l’œuvre. L’environnement économique actuel est plutôt favorable sur le Vieux Continent, soutenu par la politique toujours accommodante de la BCE.
...il y a une ombre au tableau, car pour la première fois sous la Ve République, le président élu pourrait être privé d'emblée d'une majorité pour appliquer son programme...
L’arrivée d’une nouvelle équipe de dirigeants non extrémistes dans les semaines à venir sera un facteur d’espoir pour les agents économiques. L’idée relativement consensuelle qu’il faut renforcer la compétitivité des entreprises pour accroître le potentiel du PIB français pourrait conduire assez rapidement à de nouvelles baisses de charges.
Les entreprises ne sont pas les seules à être visées par les projets de réformes du Président Macron qui désire également dépoussiérer la fiscalité des individus en remplaçant par exemple l’ISF (impôt sur la fortune) par un impôt sur la fortune immobilière et sortir du calcul de l’ISF les valeurs mobilières, incitant ainsi les Français à investir en bourse. C’est un impératif économique, pour financer les entreprises, à l’heure où le CAC 40 est détenu pour moitié par des non-résidents.
Mais il y a une ombre au tableau, car pour la première fois sous la Ve République, le président élu pourrait être privé d'emblée d'une majorité pour appliquer son programme.
Car, si c'est bien l'élection du chef de l'État au suffrage universel qui structure l'organisation de la vie politique française, ce sont les élections législatives qui confèrent à l'exécutif et au gouvernement les moyens de réformer le pays une fois que la confiance des députés de la Nation a été exprimée.
Or, suite à l’éclatement de l’échiquier politique français, ce sont 4 blocs politiques qui se font face dans ces élections législatives, allant de l’extrême gauche à l’extrême droite. Un scénario commence donc à émerger : le nouveau Président français n'aura probablement pas de majorité à l'Assemblée nationale.
Par ailleurs, le Front national est en mesure de remporter bon nombre de circonscriptions en triangulaires dans les prochaines semaines et Monsieur Macron sera confronté à l'entrée à l'Assemblée nationale d'un groupe de députés FN, et sans doute à un déséquilibre des forces parlementaires, encore difficile à estimer, débouchant vraisemblablement sur une cohabitation.
Cette perspective n’a pas échappé aux candidats perdants, comme Monsieur Mélenchon qui, loin de baisser les bras, envisage d'arriver au pouvoir à travers une victoire aux législatives.
Une fois la cohabitation installée, la marge de manœuvre politique d'Emmanuel Macron se réduirait considérablement et ce sera donc le programme du premier ministre qui sera appliqué et non celui du président. Le scénario d'une dissolution à court terme, voire d'une démission, serait alors l'ultime recours envisageable, mais entre-temps, ce sont les marchés boursiers qui vont en pâtir.