Le Pacte de la haie, et de l'arbre !
Une très bonne nouvelle annoncée hier. Les ministères de l'agriculture et de l'environnement semble avoir bien pris la mesure du sujet, inventoriant et hiérarchisant les priorités. Mais comme on est jamais satisfait, pour arriver à l'idéal, il faudrait y ajouter encore quelques choses : Un pacte pour l'arbre agricole. En effet la haie n'est pas la seule expression de la végétation arborée compagne et complice de l'agronomie. Il y a les bosquets, bandes boisées, ripisylves, arbres isolés, prés-vergers, alignements intraparcellaires, parcours sylvopastoraux "dehesa". Ainsi, toutes les activités agricoles, toutes les solutions techniques pourraient être embrassées, de la Corse aux Flandre en passant par le Larzac et le Maine .
Prenons bien la mesure de l'opportunité historique qui nous est proposé. Gardons nous d'en faire un sujet idéologique, vertical et bureaucratique. Et je ne fait pas là un procès à priori aux Ministères concernés (MANA et MTE) qui semblent plutôt dans une approche pragmatique. Nous professionnels agricoles, mais aussi organisations de protections de l'environnement, sommes tout à fait capables, par un mélange subtile de corporatisme, opportunisme et parasitisme de transformer une bonne idée en usine à gaz propre à détourner les moyens de l'objectif prévu...
Je m'explique pour les non initiés : penser que les seuls plans de gestion durables et labels vont sauver le bocage relève de la naïveté ou de la mauvaise foi. Et surtout vouloir faire payer le collectivité à tout les niveaux est abusif : pour l'étude, pour l'investissement, pour le fonctionnement et pour les PSE... Cela relève un peu de la pompe à phynance, un outil par ailleurs très connu dans l'ouest de la France.
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Créons un écosystème simple, avec des subventions à l'investissement mesurées (pas de haies "gratuites" façon plan de relance ou Breizh Bocage) des outils de gestion sobres, intelligents, instruits par les agriculteurs eux mêmes, aidés par un tissus d'entreprises de travaux compétentes. Nous avons besoin d'un personnel de praticiens de terrain agiles et motivés : agrosylviculteurs, planteurs, bûcherons, chauffeurs de machines. Les débouchés doivent être favorisés, ceux ci ne s'arrêtant pas aux chaufferies collectives. La valorisation locale en rondins (plus rémunératrice), bois d’œuvre, litière, amendement doit être priorisée. Il faut être lucide, Il y a loin de la coupe aux lèvres et l'arbre comme sujet vivant et productif ne fait plus parti de la mémoire collective rurale : des agriculteurs ne le voyant plus que comme une gêne, des conseillers agronomiques l'ignorant, des ETA, collectivités et concessionnaires de réseau habituées à le réduire avec opiniâtreté et un public à l'opposé confondant parfois arrachage et récolte. Un travail énorme d'acculturation nous attend.
Et n'oublions pas le carbone comme levier. L'agroforesterie est un moyen incontestable de séquestration "additionnelle". Peut être le meilleur avec l'ACS ! Nous avons là un moyen de créer un modèle de revenu annuel complémentaire de la valeur "physique", durable et vertueux.
Agronome | Directeur chez Association Française d'Agroforesterie
1 ansSouhaitons que ce soit aussi un pacte pour l'agriculture (et les agriculteurs) 😉. #LAgroforesterieNAttendPas Association Française d'Agroforesterie