Le paradoxe de l’informatique entre plein emploi et chomage

Le paradoxe de l’informatique entre plein emploi et chomage

Pôle emploi le confirme dans ses chiffres de décembre : il y a 48 800 chômeurs dans la catégorie "Systèmes d'information et de télécommunication". Chiffre stable alors que l’on parle de plus en plus de Plein Emploi dans le Digital (Olivier Mathiot co-Président de France Digitale l’évoque souvent). Pourquoi ce paradoxe ?

Le nombre de chômeurs en informatique a augmenté ces dernières années

Le nombre de chômeurs sur le secteur reste élevé. Malgré des périodes plus fastes les chiffres ne sont jamais redescendus sous la barre des 40 000 depuis août 2013. Deux ans auparavant, ils étaient sous la barre des 30 000, et 19 100 en juin 2008.

Tout d’abord, il est normal d’avoir des chiffres plus élevés quand en parallèle le nombre de travailleurs informatiques a considérablement augmenté. Mais c’est quand même révélateur d’une tendance de fond.

D’où vient ce chômage ?

Principalement de l’informatique industrielle (-9% d’offres) et des SSII, pardon des ESN (-3% d’offres) qui occupent une grande place dans l’informatique en France. Les plus concernés sont les informaticiens les plus expérimentés dont le coût journée est élevé donc « difficile » à vendre pour les ESN. Selon l’APEC les SSII / ESN affichent « le record du jeunisme » : 74% des recrutements d'informaticiens se portent sur des Bac+5 ayant moins de 6 ans d'expérience !

L’inadéquation de beaucoup de ces profils au marché actuel

A l’heure des solutions Saas, Cloud, ou web, le déploiement et la maintenance de ces solutions ne nécessitent plus des armées d’informaticiens. Il est intéressant de mettre en lumière en face la prise de pouvoir des Directions Marketing dont les investissements en solutions informatiques sont supérieurs à ceux des DSI classiques.

Cette évolution nécessite donc des profils ayant intégré ces technos web, mais malheureusement pour beaucoup on s’est bien gardé de les former pour les garder en interim (pardon en SSII) bien rentables sur des technos anciennes.

Les nouvelles générations ont bien compris qu’il fallait d’abord compter sur soi-même. Etre curieux, agile, s’autoformer, tester et apprendre est un leimotiv chez eux.

Le plein emploi dans le digital

Et pendant ce temps-là, avec 700000 emplois directs en France le secteur du Digital / Numérique est au bord du plein emploi et même de la pénurie sur les profils techs. Le secteur crée de l’emploi à tour de bras. (lire aussi mon article Pénurie dans la Tech ?)

Les effectifs des startups françaises ont de leur coté augmenté de 27% entre 2014 et 2015 (Source Baromètre E&Y). En moyenne, 13 emplois ont été créés dans chaque start-up en 2015, un chiffre considérable à mettre en perspective avec les milliers de start-up françaises existantes. Cette tendance lourde s'est confirmée en 2016.

Chez Altaïde, spécialiste du recrutement digital / e-commerce, nous sommes bien placés pour le voir. Tous nos clients recrutent des positions techniques. Ces derniers temps, en plus de tous les moyens mis en œuvre habituellement, nous avons passé plusieurs annonces de développeurs sur le site de Pole Emploi. Résultats ? 10 annonces, 8 réponses dont 4 venant d’autres pays !! Tous nos clients cherchent désespérément des ressources au point pour plusieurs d’entre eux d’externaliser pour tenir leur timing de développement.

Le web est devenu une industrie

Le secteur du web / digital / e-commerce est devenu en moins de 15 ans une « industrie » majeure en France. Quand on isole le seul secteur e-commerce, c’est un chiffre d’affaires de 72 milliards d’euros en 2016 ! Plus d'un milliard d'achats en ligne ont été réalisés l'an dernier, au rythme de 33 transactions par seconde. En 2017, la Fevad prévoit que l'e-commerce français atteindra 80 milliards d'euros de chiffre d'affaires, grâce à une croissance dépassant 11%. Aucun autre secteur d’activité présente ce bilan en France.

Et à côté du e-commerce il reste les chiffres de la pub en ligne (plus élevé que la TV), le marketing digital, etc Le recrutement y est hyper actif : c’est la pénurie de développeurs (en PHP, Synfony, .Net, Angular, Node JS, IOS et autres technos récentes), en spécialistes du cloud, de la Big Data et tendu sur les postes en marketing.

Des développeurs mieux reconnus dans le secteur web

En France, nous commençons enfin à avoir comme aux US la culture du développeur star, très expérimenté (lire « vieux » ;) ), bien payé et reconnu. Cela commence vraiment à s’observer dans nos « grosses » startup comme Criteo, Scality, Teads et autres. La valorisation du développeur expert est en route.

Dans nos startups du monde digital, l’expérience est clairement valorisée et nous en prenons donc soin pour les garder. Comme le secteur recrute énormément et est très attirant pour les jeunes diplômés, oui il y a beaucoup de jeunes en startup. Mais non le secteur ne fait pas de jeunisme. Aucun de nos clients, ne nous a refusé un « vieux » développeur qui avait le bon niveau techno.

La culture de l’apprentissage permanent

Une des caractéristiques de la culture web, c’est cette volonté récurrente d’essayer et tester des nouvelles approches et technologies. Ce fameux « Test and learn » pousse les développeurs en particulier vers cette curiosité et soif d’apprendre.

En pratiquant ainsi ils maintiennent leur employabilité dans le temps. Ils sont aussi plus à même de se prendre en main pour changer radicalement de métier. C’est une vraie rupture générationnelle dans le secteur informatique entre une génération maintenue dans son savoir-faire pendant des années et pouvant se retrouver obsolète un jour (exemple frappant de l’informatique industrielle citée plus haut), versus une génération « web » qui évolue en permanence sur son savoir-faire.

Dans les écoles où j’interviens, à #Supdeweb en particulier, c’est un de mes leitmotiv : apprendre aux étudiants à apprendre par eux-mêmes.

Conclusion : un paradoxe appelé à perdurer

Et si cette différence entre chômage d’un côté et plein emploi de l’autre n’était pas la même qu’entre ancienne et nouvelle économie ?

En réalité l’informatique traditionnelle s’est fait « uberisée » par le web / digital. Le marché de l’emploi informatique va donc rester longtemps dans cette dichotomie.

La leçon à retenir quel que soit son métier (qui de toute façon n’existera plus dans 10 ans l'IA et les Chatbots aidant), c’est d’avoir cette curiosité et cette soif d’apprendre permanente.


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Véronique GRAVEROT

CHEF DE PROJET INFORMATIQUE AMOA - Systèmes d'information - Business intelligence

4 ans

Autre paradoxe: Les sociétés recherchent des profils ayant "cette curiosité et cette soif d’apprendre permanente." mais veulent des candidats immédiatement opérationnels, sans s'appliquer à elles-même le pendant de la maxime: "la patience et la soif d'ENSEIGNER". Alors, elles cherchent le mouton à 5 pattes qui matche à 100% sur les technos, la connaissance des processus de l'entreprise et les compétences humaines et le ne trouvent pas tandis que des milliers de chômeurs sont disponibles et conviendraient parfaitement avec un investissement minimal de formation. Un vrai gâchis.

Younes CHAMANE

ADMINISTRATEUR INFRASTRUCTURE (RQTH)

5 ans

L’une de mais phrase préférer tu travail dans l’informatique à c’est tranquille alors toujours sur un bureaux. En plus y a du travail y a des ordinateurs partout maintenant. Malheureusement la réalité est tout autre. 8 ans d’expérience pour apprendre que aujourd’hui on m’inspire à oublier la technique car gérer par prestataire il faut juste savoir rappeler le prestataire en cas de problème même si tu connais déjà la solutions. Tu manipules rien car autrement t’es pas couverts si soucis. Donc t’attend 4 heure pour que quelqu’un rappelle car déborder. Finalement c’est pas nous c’est vous regardez de votre coter. Brefs est j’ai lu un article qui indique que après 40 ans t’es remplacer par des jeunes plus expérimentés car former justement sur la partie web, Cloud, Développer, ingénieur bac + 5, c’est théoriquement gérer un projet mais ne pas savoir dépanner sont pc de bureaux. Je généralise pas bien sûr. Brefs pour dire que avant de jeter les gens à la poubelle il faudrait déjà s’intéresser à une partie importent du métier une personne est un couteau Suisse 🇨🇭 car fait plusieurs métier en même temps est savoir s’adapter ce qui n’est pas donnés à tout le monde. Cependant qu’en tu change de taffe tu repart à zéro.

Il faudra m'expliquer ...

Carole Amary

Business and sales management

7 ans

Je partage , la formation tout au long de la vie professionnelle devrait être obligatoire avec des périodes dédiée .... (difficile de s'auto former quand on a ma tête dans le guidon) , dans la tech comme dans tous les métiers . Merci à la formation continue de me permettre cette remise à niveau.

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