Le Pays basque
Quoi de plus étonnant que le Pays basque ?
Ce pays qui est basque (on aurait pu dire : « le pays des Basques ») n’en est pas un, alors que celui qui est dit bas (les Pays-Bas), lui, s’avère une vraie nation, même s’il fut autrefois espagnol.
Alors que le Pays basque existe, qu’il soit espagnol ou français.
Pire, côté français, il n’est même pas une Région, alors que les Pays de la Loire, qui ont été constitués par le regroupement informe de régions disparates et de provinces hétérogènes par quelques technocrates ignares, figurent officiellement à côté d’entités historiques comme la Normandie, seule région historique au tracé exact survivante du massacre des anciennes Provinces.
D’ailleurs, lorsque l’on passe du Béarn ou des Landes au Pays basque absolument rien n’indique que l’on entre dans ce pays. C’est comme si le Pays basque était un Royaume imaginaire ! Quelle différence avec la Région Auvergne-Rhône-Alpes, par exemple, où, d’où qu’on vienne, on sait par des panneaux impressionnants que l’on pénètre dans la seconde Région économique de France…
Seuls, le style architectural typé des maisons, le double affichage bilingue franco-basque des entrées des villes et villages, parfois bariolés de peinture noire sur la version française destinée à égarer le touriste et à affirmer sa seule identité, signalent aux voyageurs qu’ils pénètrent dans un Nouveau Monde.
Et pourtant, par rapport à Auvergne-Rhône-Alpes, et surtout à Rhône-Alpes, quelle différence en termes d’homogénéité, d’histoire commune, de langue et de culture !
Le Pays basque, coincé entre la France et l’Espagne, deux nations hostiles pendant des siècles, aurait pu être une autre Belgique, État tampon entre deux puissances.
Il avait une autre identité à faire valoir que ce Sud des Pays-Bas artificiel, un moment espagnol, partagé entre Flamands et Français.
Il avait tous les atouts, avec la Catalogne, déjà constituée en Marche d’Empire de Charlemagne, pour devenir une petite nation entre deux Royaumes.
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Mais pour qu’une telle solution s’imposât, encore eut-il fallu que la pression d’autres pays européens s’exerçât avec force, tout comme l’Angleterre, voulant supprimer la présence de la France à Anvers (« pistolet braqué sur l’Angleterre » Victor Hugo) imposa et favorisa la création des Pays bas catholiques.
Sous Philippe II et Henri IV, on aurait pu imaginer à cette époque, la création d’un nouvel État européen.
Mais, Henri IV, roi de Navarre, ne pouvait le concevoir et Ferdinand le Catholique parvint en 1512 à s’emparer de la Haute-Navarre…, si bien que la France et l’Espagne préférèrent se partager le Pays basque et la Navarre plutôt que de favoriser l’émergence et la résurgence d’une Navarre impériale, tout comme elles se sont partagé la Catalogne, Louis XIV arrachant le Roussillon à la Catalogne d’Alphonse II, roi d’Aragon et Comte de Barcelone.
Dans les deux cas, la France n’a obtenu que des appendices des deux « Nations » séparées par la ligne de crête des montagnes pyrénéennes.
Si bien qu’en refaisant l’Histoire selon une uchronie réaliste, faute de cette période d’ascendance française face à un Empire espagnol sur le déclin, on pourrait tout à fait être aujourd’hui face à une Espagne intégrant totalement à elle seule, comme jadis, l’ensemble du Pays basque et de la Catalogne.
Et il est vrai qu’au niveau européen et mondial, lorsque l’on évoque ces deux entités, on songe d’entrée de jeu à l’Espagne et il faut presque un effort de l’esprit pour se souvenir qu’il y a aussi trois petites régions du Pays basque en France et que le Roussillon n’est que la partie française de la Catalogne.