Le point de rupture

J'ai lu les commentaires sous l'article de La Presse et je suis sous le choc... On y parle des prix trop élevés, du fait que les gens vont continuer à acheter en ligne massivement et que les jeunes veulent vivre heureux et sans dettes plutôt que d'investir sur des articles plus cher.

Or, les sites comme Wayfair, Amazon et tous les autres, donnent accès à des articles peu cher à leur clients; c'est une réalité. Mais savez-vous réellement ce qu'il en coûte à la société de consommer sur ces plateformes de ventes en ligne?

Dites-vous qu'en achetant sur ces plateformes, vous donnez l'occasion aux manufactures étrangères de vendre directement aux consommateurs. C'est une bonne chose vous me direz! En êtes-vous convaincus? Les manufactures étrangères ne créent pas de nouveaux articles; ils les fabriquent. Les entreprises, souvent locales, qui créent tous ces super produits, que vous trouvez en ligne, investissent de l'argent et du temps et voient sur ces plateformes sans scrupules présentés leurs produits copiés et vendus au coûtant, directement aux consommateurs.

On s'en fout c'est moins cher, me direz-vous! Bien non, on ne s'en fout pas. Ces manufactures étrangères ne font pas travailler de gens chez nous, elles ne paient pas leur impôts chez nous (les plateformes de ventes en ligne non plus d'ailleurs), elles ne respectent pas les règles éthiques et environnementales. Elles polluent, sans vergogne. Et chaque fois que vous achetez directement d'eux, vous encouragez ces pratiques immorales, dommageables et polluantes.

Vous permettez que des entreprises d'ici se fassent voler leur propriété intellectuelle. Qu'elle n'aie pas la capacité d'exercer une saine concurrence. Vous euthanasiez une entreprise qui fait vivre des familles ici. Vous malmenez l'économie locale au profit des économies étrangères, souvent corrompues ou totalitaires. Vous accentuez le déséquilibre mondial. Vous maintenez les propriétaires d'entreprises d'ici dans un statut précaire, ce qui a pour effet direct de maintenir les prix élevés et les salaires trop bas.

En achetant sur ces plateformes de ventes en ligne, vous ajoutez de la pression sur notre économie, vous aggravez la pollution qui cause les changements climatiques et vous le faites en ne pensant pas du tout aux impacts globaux.

Je comprends qu'il soit tentant de payer vraiment moins cher sur ces sites. Mais demandez-vous si le jeu en vaut réellement la chandelle. Demandez-vous ce que ces achats sur ces sites de ventes en lignes ont réellement comme impact.

Il y a trente ans, nous importions peu. Nos entreprises collaboraient avec des manufactures locales. Nos régions étaient actives et dynamiques. Nous contrôlions nos marchés. Les prix étaient un peu plus élevés mais les salaires allaient de pair. Les emplois étaient variés, bien encadrés, et permettaient d'équilibrer notre rapport consommation / production. Aujourd'hui, nous consommons. Voilà! On ne produit que très peu. On n'équilibre plus notre économie. On est dépendants de l'étranger.

On s'est, collectivement appauvri. Les sites de ventes en ligne sont un symptôme ultime de la mondialisation. Buffet sans fin de gratification instantanée, ces plateformes nourrissent notre besoin insatiable de nous récompenser et brouille notre jugement et notre sentiment de satiété. On ne sait plus vraiment si c'est nécessaire. C'est juste tellement cool de commander sans sortir de la maison, de recevoir, directement à notre porte, sans avoir eu à mettre le pied dehors et de pouvoir tout retourner, sans frais, si on change d'idée.

On fait promener des camions de livraisons, dans un flot continu et sans fin mais pour se donner bonne conscience, on s'achète des véhicules électriques! (là, je ris jaune...)

Avant d'appuyer sur la case passer la commande maintenant peut-être devrions-nous nous demander ceci: est-ce que j'en ai vraiment besoin? Est-ce que c'est un article que je veux garder longtemps? Est-ce que mon bonheur passe vraiment par cet achat? Est-ce que c'est vraiment la meilleure option (qualité, durabilité, entretien, conception)? Si vous répondez non à une seule de ces questions, prenez le temps d'y penser 24 heures. Si, dans ce laps de temps, vous n'avez pas changé d'idée, si vous n'avez pas trouvé une solution meilleure, si vous jugez que c'est la seule bonne chose à faire, ok.

Mais soyez conscients que tout ce que vous consommez a non seulement un prix, mais également un coût social, éthique, environnemental et ultimement peut faire la différence entre la survie d'un maillon de notre économie locale ou son extinction.