Le portefeuille 60/40 est-il mort?
Je voulais communiquer à mes amis et conseillers du Québec un article récent écrit par le gestionnaire de portefeuille Michael Greenberg.
Cliquez ici pour lire l’article original en anglais.
Une nouvelle répartition pour réussir
Le portefeuille équilibré composé à 60 % d’actions et à 40 % d’obligations (60/40) a constitué une recette gagnante toute simple pendant de nombreuses années en raison de quatre principes de base :
1. Les actions dégagent des rendements positifs à long terme grâce à la croissance économique sous-jacente.
2. Les taux obligataires baissent tout en restant positifs, notamment du côté des obligations souveraines.
3. L’inflation est faible et contenue.
4. La corrélation entre les actions et les obligations est négative (les deux évoluent dans des directions opposées), particulièrement pendant les récessions.
Compte tenu de la faiblesse actuelle des taux obligataires – qui pourrait réduire les avantages de la corrélation, accroître dans une certaine mesure le risque d’inflation et limiter davantage l’efficacité des mesures des banques centrales –, le portefeuille 60/40 produira-t-il encore de bons résultats?
Quatre obstacles importants
- Faibles taux obligataires – Les taux peu élevés, voire négatifs des obligations d’État des marchés développés nuiront assurément à mesure que les attentes en matière de rendements seront réduites.
- Incidence de corrélation négative réduite – Dans un contexte de taux aussi peu élevés, la corrélation négative entre les obligations et les actions pourrait diminuer.
- Recul de la désinflation – La hausse des pressions sur l’inflation découlant des mesures de relance monétaire et budgétaire énergiques, de la montée du protectionnisme et du nationalisme, ainsi que des perturbations et du rapatriement des chaînes d’approvisionnement pourraient avoir un effet défavorable sur les prix des obligations en raison de l’augmentation des taux.
- Outils monétaires limités – Lorsque les taux d’intérêt sont près de zéro ou négatifs, et que les bilans sont gonflés, les banques centrales disposent de moins de munitions advenant un repli économique. L’adoption d’une politique budgétaire plus intense et l’augmentation des émissions gouvernementales qui en découlera pourraient peser sur les prix des obligations.
Pour l’avenir : Un rajustement, et non une refonte du portefeuille 60/40
Nous croyons que malgré ses difficultés et les rajustements dont il a besoin, le portefeuille 60/40 demeure un choix judicieux pour de nombreux investisseurs, mais quelques changements s’imposent :
- Ajuster les attentes en matière de rendement – Bien que la contribution au rendement des obligations sera beaucoup moins élevée, nous sommes d’avis que l’augmentation des taux et la rapidité de cette hausse pourraient être limitées, atténuant ainsi le risque de baisse. Les attentes plus modestes à l’égard du rendement du portefeuille 60/40 qui sont fondées sur nos prévisions à long terme pour les marchés financiers donnent à penser qu’un rendement de 4 % à 5 % est probablement raisonnable (ces prévisions ne tiennent pas compte de la valeur ajoutée potentielle découlant de la sélection active des titres et de la répartition dynamique de l’actif par le gestionnaire).
- Faire preuve de discernement lors de l’affectation des placements en obligations – À mesure que les taux augmentent, le coût de détention des obligations d’État s’accroît, mais celles-ci commencent aussi à procurer une protection supplémentaire contre les baisses. Certaines obligations d’État ont encore le vent dans les voiles étant donné la hausse des taux et l’accentuation des courbes, et elles fourniront une meilleure diversification par rapport aux actions.
L’agilité dans la répartition de l’actif et la sélection des titres permet d’éviter des risques et de profiter des possibilités. Nous pourrions constater une appréciation du capital plus importante sur certains marchés obligataires où les taux de départ sont plus élevés.
- D’autres outils de placement pourraient être envisagés à titre de complément – Les catégories d’actif comme l’or, les titres protégés contre l’inflation, les placements non traditionnels, les facteurs de style boursier et certaines paires de monnaies peuvent compléter les obligations d’État et, par le fait même, devenir des composantes de base utiles du portefeuille 60/40 traditionnel.
- Consultez un conseiller financier – L’objectif est de constituer un bon pécule pour lequel le rendement des placements ne constitue qu’une composante. Dans le contexte actuel de faibles rendements, il est impératif d’éviter les erreurs coûteuses. Il est possible de maximiser son patrimoine en évitant les pièges découlant de certains préjugés comportementaux et en optimisant ses régimes d’épargne, ses stratégies d’assurance et sa planification fiscale, testamentaire et successorale, tous ces éléments étant essentiels. Les recherches laissent entendre qu’un conseiller professionnel peut aider les investisseurs à accumuler un patrimoine beaucoup plus important.
- Intégrez une solution multiactifs – Pour composer avec l’environnement de placement complexe et changeant, envisagez une solution multiactifs gérée par un professionnel. Il existe différentes façons d’intégrer une solution multiactifs dans un processus de placement pour en rehausser l’efficacité et profiter du savoir-faire des professionnels. Une solution multiactifs peut :
o être utilisée comme volet d’un portefeuille largement diversifié;
o être intégrée à titre de placement de base au sein d’une approche de base/stellite;
o être intégrée en totalité à titre d’instrument de placement unique dans un modèle de délégation entière.
La solution 60/40 : Une question d’évolution, et non d’abandon
Les réussites passées du portefeuille 60/40 reposent sur le rendement et la corrélation négative des obligations d’État des marchés développés. Il est possible qu’à l’avenir, il en coûte quelque chose pour détenir ces obligations. Nous croyons toutefois que la corrélation négative persistera, mais que l’ampleur de la protection diminuera.
Maintenir le statu quo ne suffira pas. Pour que le portefeuille 60/40 continue de procurer des rendements raisonnables, une certaine adaptation s’impose. Les investisseurs devront donc :
- Revoir leurs attentes en matière de rendement;
- Faire preuve de dynamisme et de discernement à l’égard des obligations d’État des marchés développés;
- Élargir les outils qu’ils utilisent pour diversifier et compléter leurs placements en obligations d’État des marchés développés;
- Obtenir des conseils de professionnels pour maximiser la valeur définitive de leur pécule;
- Intégrer une solution multiactifs gérée par des professionnels dans leur processus de placement.
Pour résumer, la solution 60/40 (ou tout autre portefeuille multiactifs à répartition de l’actif variable adaptée à la tolérance au risque de votre client) demeure tout indiquée pour de nombreux investisseurs ayant un horizon à moyen et à long terme. Cela dit, pour atteindre leurs objectifs, ces mêmes investisseurs doivent adopter des pratiques exemplaires et défier le statu quo.