Le premier jour du reste de notre vie.

Le premier jour du reste de notre vie.

Bonjour à tous,

Je me tiens informée chaque soir du nombre de mes concitoyens atteints du Covid 19, décédés du Covid 19, guéris du Covid 19, des statistiques de développement de la pandémie… J’ai conscience des difficultés de fonctionnement de notre système de santé dans une situation si inédite et si terrible. Je mesure le dévouement des hommes et des femmes qui oeuvrent dans tous les domaines (santé, approvisionnement, maintien de l’ordre, soins aux personnes âgées, logisticiens,  …) pour prendre en charge et faire reculer la pandémie, ainsi que pour nous assurer un confinement sans angoisse de pénurie. Et je sais, comme beaucoup en situation de confinement à la maison, que je ne suis pas utile à grand-chose aujourd’hui, en dehors de mon cercle familial et amical.

Dans une société qui prône, pour toute chose, la gestion des risques et le principe de précaution, au sortir de cette catastrophe, il sera confirmé qu’aussi grandes soient les connaissances, aussi nombreuses soient les mesures d’anticipation, un « simple virus » peut déstabiliser la planète et toute sa population.

En situation de confinement, et avec une vie sociale réduite aux moyens de communication virtuels, il reste forcément un peu de temps à ceux qui ne sont pas sur le pont pour réfléchir à demain (beaucoup moins à ceux qui, au service de tous, déploient toutes leurs forces avec volonté, courage et souvent beaucoup d’abnégation). 

I - Choisir la confiance

« Nous sommes en guerre » : bien entendu nous pouvons gloser sans fin sur le choix de la formule. Il reste bel et bien qu’un péril menace les habitants de notre pays, de notre monde. C’est un péril invisible, sans canon, ni fusil, mais c’est bel et bien un péril national (mondial) auquel il convient de répondre, fort du savoir des hommes de l’Art (nos médecins et nos scientifiques), mais fort également de la volonté, de l’expérience et du sens des responsabilités de ceux qui nous gouvernent et que nous avons librement élus. 

Fatalité et adversité ne sont plus des mots usités. Sommes-nous aujourd’hui si savants, si prévoyants, si responsables que nous ne pouvons admettre notre impuissance face à l’imprévisible, la force majeure ?

Lorsque la pandémie aura été vaincue, devrons-nous assister pendant des mois à une forme de chasse aux sorcières ? Trouverons-nous un quelconque réconfort à blâmer ou porter plaintes contre ceux qui nous gouvernent au sens le plus large qu’il soit et qui n’auraient pas été à la hauteur ? le « manque de masque », la faute à qui ? les "insuffisances d’anticipation de capacités sanitaires", la faute à qui ? les difficultés économiques consécutives aux confinements, nationaux et mondiaux ? la faute à qui ?

Serons-nous apaisés de notre détresse consécutive à cette pandémie, s’il y a, un jour, DES RESPONSABLES DESIGNES ET JUGES ?

D’ores et déjà des embryons de polémiques éclosent. Il est si facile de pousser à la plainte et à l’exaspération n’importe quel quidam dont la vie subit une perturbation extérieure. Il est si facile de faire crier nos soignants à l’inadmissible, lorsque fatigue, inquiétude et désarroi sont installés. Est-il vraiment nécessaire de nourrir nos journaux télévisés et éditions spéciales de ces polémiques stériles et anxiogènes, ne faisant que nourrir la défiance que nous sommes en France si prompts à avoir à l’encontre de ceux qui nous gouvernent. 

Pensez-vous qu’ils puissent garder un état d’esprit volontaire et combatif (parce que « gouverner, c’est choisir » disait Mendès France) s’ils savent toutes leurs décisions susceptibles d’actions judiciaires à venir.

L’état de droit, pour moi, ce n’est pas la défiance perpétuelle envers celui qui a le pouvoir de décider pour une collectivité, ce n’est pas un droit inaliénable au procès d’intention, ce n’est pas un peuple qui vocifère en brandissant le drapeau du « tous pourris » ? En situation de crise, l’état de droit, pour moi, c’est bénéficier d’un corpus juridique qui permette à ceux et celles qui nous gouvernent d’agir quand il le faut et comme il le faut sur les problématiques qui se posent dans l’intérêt de la Nation et de sa population. Ce qui impose des choix et des prises de risque, qu’ils acceptent par avance en se présentant à nos suffrages.

Je veux ici saluer leur courage et leur dévouement. Je choisis la confiance et vous ?

II - Qui serons-nous demain ? Quel rôle nous engagerons-nous à jouer ?

Les analystes de tout poil s’accordent à dire qu’il y aura « un avant et un après Covid 19 », que nos sociétés changeront ou devront changer, que nous-mêmes garderons des stigmates de cette crise sanitaire mondiale. La France, l’Europe, le monde, les équilibres ou déséquilibres sociaux, économiques, politiques, sanitaires, écologiques seront bousculés par une pandémie dont la survenue, le déploiement planétaire et ses conséquences, ont pris de court nos gouvernants et nous-mêmes.

Aurons-nous changé ? 

Aurons-nous changé l’ordre de nos priorités ?

Aurons-nous de nouvelles priorités ?

Aurons-nous peur en permanence ?

Notre rapport à la vie, à la mort, à la maladie aura-t’il changé ?

Notre rapport à l’autre, du plus proche parent à l’homme ou la femme vivant à l’autre bout de la planète sera-t’il modifié ?

Aurons-nous toujours peur de l’autre ? nous méfierons-nous de l’autre ? de celui qui n’appartient pas à notre cercle.

Aurons-nous développé une plus grande conscience collective ou instinctivement opterons-nous pour un repli sur nous et sur la satisfaction de nos besoins propres ?

Quel sera l’état et l’avenir du monde le jour où la pandémie aura été vaincue et où nous vivrons le premier jour du reste de notre vie. 

Je souhaiterais que le premier jour du reste de ma vie, le premier jour du reste de notre vie, lorsque la pandémie aura pris fin, nous soyons tous, citoyens français, citoyens européens, citoyens du monde, quelle que soit notre condition, solidaires et en ordre de marche pour participer personnellement et collectivement au rétablissement de notre pays et de notre monde. 

Commençons déjà à réfléchir à ce que nous pourrons faire pour notre pays et notre monde ? Le confinement, le déploiement de moyens sanitaires inégalées, les mesures sociales et économiques qui doivent amortir les conséquences immédiates d’un pays à l’arrêt, ont été mises en œuvre « quoiqu’il en coûte » et dans un tel cadre nous sommes protégés et assistés bien plus que partout ailleurs dans le monde. C’était une évidence pour chaque français et nous n’aurions pas admis qu’il en soit autrement. Pour autant, il ne faut pas ignorer que la crise passée, il faudra que notre pays endetté plus encore, trouve le moyen de se désendetter et de retrouver la croissance pour rester la France dont nous sommes fières.

Dans ce but, pouvons-nous chacun, forgé de notre vécu, de nos savoirs, de nos talents comme de nos insuffisances, prendre le temps de mettre de l’ordre dans nos esprits ? sans esprit vengeur, ni partisan / sans égoïsme, ni repli sur soi / sans peur, ni angoisse excessive...

Où sont les valeurs qui font de nous des hommes et des femmes de notre temps, attachés à la construction d’un avenir meilleur pour nous et notre descendance, conscients de notre inter dépendance mondiale, mais refusant une mondialisation au seul bénéfice de quelques-uns ?

Réfléchissons ensemble aux forces qui nous animent ? Aux convictions qui nous guident et que nous exprimons si peu de manière positive ? A toutes les ressources qui sont en nous et que nous pourrions mobiliser le temps venu pour faire du premier jour du reste de notre vie, le jour où nous prenons tous en conscience l’engagement d’être réellement acteur de la nécessaire refondation d’une société responsable et solidaire : par son travail, par son sens de l'effort, par sa volonté, par son réalisme, par son imagination, par son nécessaire sens du sacrifice, par sa conscience humaniste et écologique, par sa volonté de remettre l’homme et la femme en mouvement au centre de l’édification d’un autre monde.

Le peuple français bénéficie depuis la seconde guerre mondiale de nombreux avantages sociaux et d’infrastructures collectives. Il est heureux qu’il en soit ainsi parce qu’aucun d’entre nous n’imagine revenir : ni sur l’école pour tous / ni sur la santé pour tous / ni sur la sécurité pour tous / ni sur l’assistance au grand âge ni sur l'assistance au handicap / ni sur les travaux et sur l’entretien de toutes nos infrastructures publiques … 

Si nous voulons que de tels avantages perdurent, il ne fait aucun doute que nous devrons tous être mobilisés. Nous serons contributeurs, comme aujourd’hui via les taxations et les impôts. Mais ce sera insuffisant, des prestations aujourd’hui offertes devront être réduites ou prises en charge suivant de nouveaux modèles de solidarité à renforcer, à inventer, à déployer. La solidarité, ce n’est pas une seule question d’argent et de richesse, c’est la conscience collective que chacun peut apporter sa pierre à la pérennisation d’une société solidaire. 

Cette pierre, ces pierres, c’est une conscience civique accrue et des solidarités directes non marchandes de proximité encrées dans nos vies. Nous avons tous un rôle à jouer. Nous avons l’opportunité de démontrer que toutes les merveilles de solidarités qui fleurissent dans la période de crise que nous vivons devront être pérennisées et même accrues.

Avez-vous le besoin, comme moi, de poursuivre la réflexion pour être acteur de l’avenir et vous engager à faire quelquechose pour vos concitoyens, pour la France, pour l’Europe, pour le monde le premier jour du reste de votre vie ? Réfléchissez !

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