Le projet Dounia Parc traîne : L’Algérie devant le cirdi
Les Emiratis avaient exigé «le droit de mobiliser le financement du projet Dounia Parc à leur convenance, soit en crédits à lever auprès de banques en Algérie, soit en fonds à lever à l’étranger».
Au lendemain du feu vert du CPE pour deux sociétés algéro-émiraties, l’une dans la sidérurgie et l’autre dans la transformation du tabac, l’Emirates International Investment & Co (EIIC) et sa filiale algérienne Société des parcs d’Alger (SPA) ont entamé une action d’arbitrage économique contre l’Algérie. En effet, elles ont chargé le cabinet King & Spalding de saisir, le 5 avril dernier, l’instance arbitrale de la Banque mondiale CIRDI, contre l’Agence nationale de développement de l’investissement (ANDI) et le ministère algérien de la Justice.
Cette affaire, qui refait surface une décennie après, remet au- devant de l’actualité l’un des plus importants gâchis économiques commis par l’Etat algérien sous le règne de Bouteflika.
En effet, le 5 mars 2011, selon El Watan du 9 juin 2012, qui se réfère à TSA, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, avait adressé au ministre de l’Industrie, de la PME et de la Promotion de l’investissement, Mohamed Benmeradi un courrier où le chef de l’Etat est cité, en lui rappelant que « conformément aux directives du président de la République, le gouvernement a arrêté en mai 2009 les conditions applicables à la réalisation du projet Dounia Parc, notamment la nécessité pour son promoteur, le groupe EIIC, de mobiliser à l’extérieur les crédits requis pour le projet.
Ces conditions ont été consignées dans mon envoi n°222 du 28 mai 2009». «Elles ont été, précise l’expéditeur, acceptées par les Emiratis dès juin 2009, donnant lieu à l’élaboration du projet de convention pertinente avec l’Agence nationale du développement de l’investissement (ANDI)». Mais une année et demie après, EIIC avait décliné les termes de l’accord qui la liaient à la partie algérienne.
C’est en décembre 2010, lorsque l’ANDI les avait invités à signer la convention, que les responsables du fonds d’investissement d’Abu Dhabi imposaient leurs nouvelles exigences. Ils avaient exigé «le droit de mobiliser le financement du projet Dounia Parc à leur convenance, soit en crédits à lever auprès de banques en Algérie, soit en fonds à lever à l’étranger», mentionne le document, repris par El Watan.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le gouvernement algérien se soumet à la demande des investisseurs émiratis et les autorise, en effet, à lever 100 milliards de dinars auprès des banques algériennes. Exceptionnelles à plus d’un titre car ces faveurs avaient été accordées à la demande du président de la République. Avocat d’affaires et spécialiste dans l’arbitrage économique, Me Nasreddine Lezzar décrypte ce rocambolesque dossier qui, selon lui, promet des révélations fracassantes tant que l’affaire a été parrainée à l’époque par le président Bouteflika.