Le quartier de la Joliette ou la renaissance d'un quartier industriel
En lien avec l’article paru en début de semaine dans La Provence qui traitait du port de la Joliette, j’aimerais aujourd’hui vous parler du quartier dans lequel ce port a été construit, une zone qui vit depuis les années 1990 une révolution sur le plan urbanistique !
Évoquons tout d’abord son nom. Selon une légende tenace, le nom de « Joliette » serait lié à Jules César : ce dernier aurait implanté un camp à cet endroit et Joliette serait donc une dérivation de Jules (Julius en Latin). Selon André Bouyala d’Arnaud, l’origine serait tout autre : le nom de Joliette et proviendrait « en réalité d’une propriété rurale placée en bordure extérieure du rempart » qui portait ce nom.
Jusqu’au 19e siècle, le quartier se trouvait à l’extérieur des murailles de la ville. La porte Gallica (signifiant Gaule) ou porte de la Joliette comme les Marseillais la nommèrent à partir du 17e siècle, donnait accès à la ville du côté Nord. La zone où se situe aujourd’hui le quartier éponyme se trouvait en contact direct avec elle et était donc traversé par toute personne souhaitant entrer dans Marseille. Ce quartier n’était pas du tout urbanisé. On y trouvait surtout des exploitations agricoles et des bastides, demeures de riches marseillais dont il ne reste aujourd’hui plus aucune trace.
Sous l’Ancien Régime, le lieu n’a pas particulièrement bonne presse : si le rivage est reconnu pour sa beauté, le lieu est surtout connu pour abriter « la tuerie municipale » autrement dit les abattoirs. La mer à cet endroit-là devait être particulièrement polluée par les déchets animaliers rejetés à la mer. Pour rappel, à cette époque point de tout à l’égout, les ordures étaient jetées dans la mer ou entreposées à l’extérieur de la ville. En 1663, le quartier de la Joliette est choisi, de par sa position en dehors de la ville pour accueillir le nouveau lazaret de Marseille, c’est-à-dire le lieu où les personnes suspectées d’être porteuses de la peste sont mises en quarantaine.
Dès le 18e siècle, de nombreuses usines s’installent dans le quartier. Déversant elles aussi leurs déchets dans la mer, le coin était alors réputé…pour sa puanteur et sa saleté !
Au milieu du 19e siècle, la création du port de commerce va révolutionner cette zone de Marseille et véritablement donner naissance au quartier de la Joliette. En 1853, le bassin éponyme est ouvert à la navigation au pied de la cathédrale de la Major. D’autres bassins seront ensuite construits le long de la côte afin de permettre aux navires de la marine marchande de disposer de l’espace nécessaire au chargement et au déchargement des marchandises. Désormais, le quartier de la Joliette comme on le nomme devient un centre névralgique de l’économie marseillaise. Plus que les bassins portuaires qui y sont construits, ce sont surtout les grands entrepôts tels que les Docks, et les immeubles hébergeant des bureaux qui y sont bâtis autour de la place nouvellement créée qui vont donner au quartier son dynamisme.
Faute d’activités, à partir de la fin des années 1970 en raison de la crise économique qui frappe le port de Marseille, le quartier va progressivement être abandonné. Les docks par exemple, fleuron des entrepôts marseillais, ferment leurs portes en 1988. Le quartier doit sa renaissance à deux projets. Le premier est celui mené par Christian Pellerin, promoteur de très nombreux grands projets immobiliers en région parisienne, notamment sur le site de la Défense. Précurseur de la transformation du quartier, celui-ci va entreprendre de transformer les docks en vue d’accueillir des bureaux et d’en faire un centre d’affaire, ce qui sera chose faite progressivement jusqu’à la livraison de la dernière tranche en 2001. L’autre projet à qui la zone doit d’avoir retrouvé sa vitalité est un projet d’aménagement et de rénovation urbaine sans précédent par son ampleur, lancé en 1995 : Euroméditérranée. Et c’est ainsi que d’une zone industrielle aux multiples friches et entrepôts, le quartier de la Joliette s’est transformé en un quartier d’affaire de premier ordre. La rénovation de la rue de la République entamée dans les années 2000, l’ouverture en 2014 du centre commercial « Les terrasses du port », puis des Docks village en 2015 ont apporté la touche finale en proposant aux habitants et aux personnes travaillant dans le périmètre d’avoir accès à de très nombreux services. Aujourd’hui, personne ne pourrait affirmer comme c’était encore le cas il y a 20 ans que la zone « craint ». De nombreux néo Marseillais auraient même plutôt tendance à la considérer comme « the place to live » 😉
Si vous souhaitez découvrir des images d'archives du quartier datant pour les plus anciennes du 17e siècle, c'est par ici : Groupe Facebook Une histoire de Marseille
Economiste Transports et expert institutionnel
5 ansMerci pour vos articles toujours intéressants et bien écrits
Responsable régional Conseil PACA - Développement Territorial - Performance publique @SCET
5 ansChristophe Lasnier
Apporteur d'affaires et conseiller technique
5 ansTrès très intéressant. MECI
Présidente fondatrice | Valorisation d'actifs commerciaux et tertiaires et Gestion de projets complexes
5 ansMerci Judith AZIZA !!
Consultant en Développement d'Affaires
5 ansToujours trés bien Judith vos publications.