Le rond et le carré, le Ciel et la Terre

Dans la Chine ancienne, le couple symbolique principal, était Fu Xi, « l’inventeur (mythique) des trigrammes » et sa contre partie féminine, la belle Nü Wa. Les vestiges les découvrent presque toujours ensemble, reliés par le triple entrelacement de leurs corps reptiliens. Seuls leurs attributs changent : Soit Fu Xi tient à la main une équerre avec laquelle on trace le carré de la terre et Nü Wa un compas avec lequel on trace le rond du ciel, soit Fu Xi tient le soleil et Nü Wa la lune.

Les queues entrelacées symbolisent le croisement entre l’essence et la fonction. Croisement entre le compas de la figure féminine qui permet de tracer le rond de l’ordre du Ciel (masculin) et l’équerre de la figure masculine qui permet de tracer le carré de l’ordre de la Terre (féminin). Le Ciel étant représenté pour les chinois par un rond, comme la voûte céleste, et la Terre par un carré, comme les champs qu’ils cultivent.

Le Ciel est donc comme un cercle. Il ne possède ni commencement ni fin. C’est un trait sans rupture, un trait continu. La Terre, par contre, est articulée selon les orients, les directions, comme un carré. Le tracé d’un carré arrive forcément, à un moment donné, à un angle qui fait basculer dans une autre direction. C’est un trait avec une rupture, un trait discontinu.

Le Yang, représenté dans le Yi Jing par le trait continu, est «fermeté ». C’est le « pareil à soi-même ». Ce trait continu est une unité qui ne transige pas.

Le Yin, représenté par le trait redoublé, est « souplesse ». C’est la multiplicité des actions et des formes, l’ouverture à la différence. Une diffusion dans le temps, une patience qui mène à terme...

Le couple chinois primordial nous enseigne que chaque être possède en lui un côté en acte et un côté en puissance. Il a des fonctions bien précises : Fu Xi est l’étincelle soudaine, l’énergie créatrice (en acte) venant féconder Nü Wa qui, elle, assure la stabilité du monde (en puissance).

Dans les palais impériaux en Chine, l’Autel Céleste était de forme ronde et ouvert sur le ciel. Cela signifiait que la puissance créatrice du Ciel était accessible à toute chose sur terre. Au solstice d’hiver, signalant le point de départ de l’accroissement de l’énergie solaire, on célébrait cet événement encore  imperceptible sur l’Autel du Ciel, fait d’une pierre ronde en jade vert (couleur du printemps, de l’Est et du Yang montant).

Par contre, l’Autel de la Terre était de forme carrée et enfermé dans une salle sombre, telle une matrice protectrice. Au solstice d’été, qui signe l’arrivée inévitable des obscurités hivernales et de la froidure, une cérémonie rituelle était célébrée sur l’Autel constitué d’une pierre carrée jaune (couleur de l’élément Terre et du Centre).