Le Royaume désuni

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Hier, j’ai voté en faveur de l’accord de retrait du Royaume-Uni. Avec mes collègues nous avons voté pour cet accord, non pas parce que nous sommes pour le Brexit, mais par respect pour la démocratie et pour la volonté exprimée par les britanniques.

Le 31 janvier, à minuit, le Royaume-Uni quittera l’Union Européenne. Cette date marquera le Brexit politique, car concrètement rien ne changera au 1er février 2020 dans la vie quotidienne des britanniques et des européens. Les mêmes règles continueront à s’appliquer jusqu’au 31 décembre 2020, c’est ce que nous avons décidé dans l’accord de retrait qui entre en application ce jour.

Maintenant commence la négociation du Brexit économique. Nous avons dix mois pour mener des négociations commerciales afin de définir la nature de notre future relation économique avec le Royaume-Uni.

Pendant ces dix mois, je continuerai à me battre pour défendre l’intérêt des européens autour d’un principe simple : le Royaume-Uni ne bénéficiera jamais d’un accès au marché européen sans quotas ni droits de douane si ces produits ne respectent pas les mêmes règles que nous.

Tout particulièrement, en tant que président de la commission Environnement, santé publique et sécurité alimentaire je serai extrêmement attentif à éviter toute tentative de réduction des standards climatiques ou de sécurité alimentaire : nous ne laisserons pas de place au dumping environnemental ni à une réduction des normes de qualité européens. Les produits non-compatibles avec nos règles, tels que les poulets chlorés américains, ne pourront pas rentrer sur le marché européen via le Royaume-Uni.

Le Royaume-Uni est en effet maintenant écartelé entre la négociation commerciale avec l’Union européenne et avec les États-Unis. Boris Johnson sera pris entre deux feux, puisque Donald Trump a déjà annoncé que tout accord commercial avec les britanniques se fera à ses conditions compte tenu du rapport de force déséquilibré entre les deux pays.

Si cette première phase du Brexit n’aura pas de conséquences immédiates pour la vie des britanniques et des européens, il porte en lui une conséquence plus profonde peut-être : la désunion du pays. Les gallois, les écossais, les londoniens, les jeunes et tous ceux qui ont voté contre le Brexit se retrouvent dans un Royaume désuni.

Vendredi, à 23h (minuit en Europe) Boris Johnson fêtera sa réussite. Mais ses chants de victoire retentiront à travers un pays isolé, fragmenté et divisé.

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