Le télétravail et la rétention du personnel
Le 21 mars, La Tribune de Sherbrooke publiait cet article au sujet des défis que la Ville de Sherbrooke rencontre pour retenir son personnel. Je vous dévoile un punch tout de suite, la Ville de Montréal connaît des enjeux similaires. De même que de nombreuses organisations.
Je vous avoue être étonnée à chaque fois que je lis que le télétravail est l’une des stratégies clés, voire la solution, à la rétention de la main-d’œuvre. On sait que le besoin d’appartenance est un élément important dans la mobilisation et l’engagement des employé.es. De même que l’adhésion aux valeurs de l’organisation. Sur le plan du sentiment d’appartenance, il me semble justement que le télétravail nuit. Pas d’appartenance à un lieu physique ou à un espace de bureau personnalisé; moins de contacts sociaux, moins d’intimité ou de connexion avec les collègues, moins de rires ou de pleurs partagés, et donc moins de sentiment d’appartenance au groupe que représente l’équipe; pas ou peu de sentiment d’appartenance à l’organisation puisque l’on peut changer d’emploi comme on change de chemise dans le doux confort de sa maison ou que l’on a moins de chance de croiser le boss dans les corridors. À contrario, le télétravail et le temps passé en visioconférence renforce le sentiment de déconnexion et le manque d’empathie. Sur le plan des valeurs, certes le télétravail peut être un signe de confiance, de liberté et d’agilité. Il peut aussi être accompagné d’un désengagement de l’employeur et il est plus difficile pour ce dernier de faire vivre ses valeurs à distance. Les liens sociaux font partie du travail. Aux enjeux nommés précédemment s’ajoute celui de la créativité, et donc de l’innovation, bien traité dans ce texte de Francis Gosselin.
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Les solutions les plus simples sont parfois les meilleures. Mais pas toujours. Et si, au contraire, pour retenir leur personnel, les employeurs misaient sur une expérience employé.es extraordinaire et un renouvellement profond de leur culture organisationnelle. Certes le télétravail est là pour rester et fait partie de cette expérience employé.es. Mais ça n’est pas la panacée à mon avis. « Les problèmes d’aujourd’hui viennent des solutions d’hier » (Peter Senge). Par conséquent, les solutions d’aujourd’hui sont les problèmes de demain. A moins que l’on change notre façon de penser court-termiste pour un regard holistique et systémique sur notre société.
Socio-explorateur adepte de décélération, du répit et de la nature. NUMANA ~ Macroaccélérateur écosystèmes tech pure et modèles émergents - Focus: les enjeux de santé territoriale et populationnelle
2 ansJ'ajouterais la reconnaissance, elle est primordiale dans nos organisations et ses retombées positives sont puissantes. […] selon de nombreuses études, la reconnaissance favorise la santé psychologique, le bien-être, l’engagement et la performance au travail.
Socio-explorateur adepte de décélération, du répit et de la nature. NUMANA ~ Macroaccélérateur écosystèmes tech pure et modèles émergents - Focus: les enjeux de santé territoriale et populationnelle
2 ansTout se retrouvera dans la magie de nos cultures organisationnelles, et des réels besoins des employés en matière de santé et mieux-être dans nos organisations. Le télétravail fait parti de la flexibilité, ce n'est toutefois pas le seul ingrédient. Une culture apprenante forte, cohérente avec les valeurs d'inclusion et de diversité, et de rapports sociaux justes.
Partenaire stratégie RH et bien-être individuel, équipes et organisations. Chargé de cours
2 ansL’expérience de travail est complexe et la rétention dépend de cette complexité. Le télétravail peut servir de rétention car il répond à des besoins de flexibilité et réduit les stress du transport et de conciliation travaille/vie. Il a ses faiblesses sur les relations informelles je te l’accorde. Toutefois, il ne faut pas sur valoriser le présentiel pour la cohésion d’équipe. Beaucoup l’ont maintenu à distance pendant la pandémie. La popularité du télétravail et l’impression de cohésion m’ont fasciné durant les deux dernières années. S’ il y avait esprit d’équipe avant la pandémie, j’ai remarqué qu’elle s’est renouvelée, pour plusieurs, une fois la technologie apprivoisée. Le défi de cohésion et de rétention ne s’estompera pas avec le retour au travail en présence, tout comme les enjeux de santé psychologique. N’oublions pas que les réunionites, le micromanagement et le harcèlement ont intoxiqué les milieux de travail en présentiel et que le télétravail a donné une bouffée d’aire frais à plusieurs. En télétravail et en présentiel, les organisations ont à repenser la saine participation de tous les équipiers, de nourrir le sentiment d’appartenance et de naviguer entre les besoins individuels, collectifs et relationnels.