Le temps olympique
Nous, aménageurs, constructeurs, promoteurs, avons l’habitude de donner un prix au temps, au-delà du simple « le temps c’est de l’argent ». S’il change selon les projets et leur ampleur, selon la période et le pays, ce prix est défini de longue date, par le manque à gagner que ferait courir un retard de livraison à un projet, il se compte en pénalités journalières de retard, et se calcule au départ de chaque projet. Il définit un risque, pour lequel les entreprises peuvent s’assurer.
Quand, au démarrage de la Solideo, il s’est agi de créer notre système de management des risques, afin d’envisager les zones où ils pourraient se présenter au cours des 78 mois qui nous séparaient de l’ouverture des Jeux, comme de prévoir des budgets d’assurances, j’avais naturellement à l’esprit la spécificité des ouvrages olympiques.
Ou je croyais l’avoir.
J’avais en effet conscience de l’échelle du projet, de son ambition planétaire, de l’immense enjeu. Mais je ne m’étais pas encore confronté à sa nature profonde, si évidente pourtant dès l’instant qu’on l’énonce : une ressource bien particulière ne pourrait pas s’acquérir pour ce cas précis, et cette ressource c’était le temps.
Le temps olympique ne se mesure pas uniquement dans le centième de seconde qui décrochera l’or au gagnant. Il n’est pas seulement dépendant de la gigantesque machine horlogère qui régulera les épreuves. Le temps olympique que j’évoque, c’est le décompte implacable des grains du grand sablier qui a été retourné le 13 septembre 2017 à Lima, à 20h heure française, lorsque Paris a été choisi pour organiser les Jeux de 2024. Le tas de sable avait beau être énorme ce jour-là, il était fini ; il ne s’en rajouterait pas un seul grain.
Il s’écoule depuis. Et pendant que nous prenions conscience de cette finitude, il continuait de s’écouler. Nul budget, nulle assurance, fut-elle la plus excellente, ne pourrait alimenter cette ressource. Il s’agissait donc de construire autrement notre système de management des risques. Sans droit à l’erreur, ni pour nous, ni pour les 29 maîtres d’ouvrages dont nous supervisons les livraisons, ni pour les Jeux2024 de Paris. Nous avons alors mis en place un management du risque différent.
C’est cette vision que Béatrice Laurent, directrice de projets RTE de la Solideo, et moi avons tenté de partager, à l’invitation de Gisèle Ducrot, associate partner d’EY, avec une audience d’assureurs, aux 28e Rencontres du Risk management de l’AMRAE, à Deauville le 6 février, avec un exemple pratique, celui de l’enfouissement des lignes hautes tension sur le site du Village olympique.
Nous avons simplement raconté comment nous devions tenir à jour une cartographie qui, chaque trimestre, et pour chaque ouvrage, analyse et quantifie les risques que pourraient nous faire prendre le choix de chaque option, ou une absence de décision, et les rend lisible. Des risques de risques émergent à chaque session, d’autres s’éteignent. On est en quelque sorte dans un décompte négatif des risques afin simplement de s’assurer qu’il ne puisse s’en produire aucun qui pût avoir un effet sur le temps.
Ce temps olympique particulier, ce temps sans élasticité.
Architecture, Urbanisme-PUCA
4 ansParce qu'à la SOLIDEO , comme pour la NASA,, " failure is not an option"
TECH ENTREPRENEUR
4 ansRemarquable, les athlètes s'entraînent pour les Jeux Olympiques 2020, les équipes Solideo travaillent sur les Jeux Olympiques 2024 depuis septembre 2017, bravo à vos équipes et à vous
Head of Executive Office at European Club Association (ECA)
4 ansGisèle DUCROT 👏