Le train, un coin d'enfance

Débarrassé des pesanteurs

Lorsque le train prend son élan,      

L'homme s'évade avec lenteur

Des tracas lourds et accablants.

Les tentacules d'une ville,

Viles usines encombrantes,

Plongent la souillure servile

Dans les campagnes enivrantes

Fleurant bon le pays fourré.

Le soleil plein de mimosas

Déroule avec ses doigts dorés

Le tapis mouvant de colza

Suivant à reculons l'oiseau

De vénus, la blanche colombe

Et la fauvette des roseaux ;

Chantant à travers monts et combes.

Le train, ce serpent à lunette,      

Rampe sur la colline verte      

Bouclée de maintes maisonnettes,   

Tout au long des vignes inertes

Lorsque le raisin est encore

Dans les entrailles du printemps.

L'homme se grise au décor      

De la colline s'arc-boutant

Contre le fleuve entortillé

Suivant les sinuosités

Des flancs abondamment striés

S'exposant à l'immensité.

Le train de son enfance file

Sur de lénifiants souvenirs :

Les rails le reliaient au fil

D'un éblouissant avenir

Se propageant dans le salon ;

Mu par la fibre voyageuse

L'enfant parcourait le vallon

Imprégné de verve outrageuse.

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