Le travail au temps du Corona...

Je fais partie des privilégiés ici dont le corps de métier n’est que peu affecté de manière directe par ce confinement. J’ai la chance de pouvoir travailler avec des outils majoritairement digitaux ou avec un crayon et du papier, mais avant tout d’avoir ma place dans une entreprise qui permettait le « home-office » bien avant qu’il soit à la mode (forcée).

En ce temps de quarantaine et de pandémie, j’ai fortement pensé à un livre de mes années formatrices en Colombie : « L’amour aux temps du choléra… » de Gabriel García Márquez. C’est un livre qui se penche avant tout sur la résilience et la volonté têtue et parfois chaotique d’un homme, Florentino, à attendre patiemment que l’amour qu’il porte inconditionnellement lui soit retourné.

Dans le livre, l’objet de cet amour est Fermina qui pour moi offre un beau parallèle avec la situation actuelle : Elle représente notre manière de travailler, nos habitudes, notre vie d’avant qui nous manque tant et à laquelle on aspire à revenir tellement nous l’avons idéalisée.

Juvenal, l’avenant jeune médecin qui se bat contre l'épidémie de Choléra dans le livre et vole les grâces de Fermina, est quant à lui aussi évocateur de cet épisode pandémique que nous vivons aujourd'hui. On l’imaginait passager et superflu mais il s’inscrit finalement dans la durée et chamboule notre « plan parfait ». Il nous sépare de notre Fermina (nos habitudes) et nous pousse, peu à peu par l’usure, à vivre différemment dans l’attente d’un éventuel retour à la normale.

Sauf que pour nous, et pour ne pas retomber dans les erreurs de Florentino, il s’agit avant tout de prendre conscience de cette histoire d’amour illogique et faussement rassurante que l'on entretient avec notre quotidien et le fait qu'elle doit laisser place à une relation plus saine avec l’incertain. Une relation basée sur l’ouverture à la nouveauté, à l’acquisition de différentes perspectives et à la prise de conscience que notre monde accélère exponentiellement, qu’il n’attend sur personne et certainement pas sur une entreprise à la traîne.

COVID ou pas, le changement des paradigmes et l’évolutivité constante des activités iront de paire avec le progrès de l’innovation dans la période de révolution digitale qu’on vit.

Contrairement à Florentino qui passe une vie à espérer le retour d’un amour platonique ( spoiler alert : il attend exactement 53 ans, 9 mois et 4 jours…), nous ne devrions pas vivre un demi-siècle d’incertitude pour comprendre que la vie continue malgré les difficultés de ce nouveaux paradigmes temporaires ou pas. Ainsi, idéalement ce sera notre capacité à accepter la réalité et trouver des solutions qui apporteront du réconfort ainsi qu’un semblant de stabilité.

En conclusion, nous avons tous vu circuler une variante de cette phrase par ici :

La transformation digitale de mon entreprise amenée par le COVID plutôt que par le CEO, CTO et CIO.

C’est drôle... pas totalement faux… mais aussi maladroitement réducteur. La mise en place d’une culture de l’innovation dans une entreprise est un processus qui s’affine et qui doit s’accorder avec stratégie, vision et mission pour apporter une réelle valeur pérenne ; elle ne se réduit pas à maîtriser un pauvre outil vidéo ou découvrir l'app de mood-boarding géniale du moment.

En souhaitant à tous un confinement productif, dans l’ouverture d’esprit, la patience et le respect!

PS : Pour ceux qui veulent découvrir les écrits particuliers de ce prix Nobel de la Littérature. 

Le livre : L'amour aux temps du choléra sur Payot

Le docu : L'excellent documentaire Gabo, retraçant la vie de Gabriel García Márquez

Disponible sur Netflix sauf erreur ;-)