Le végétal et la ville
La végétalisation des villes semble être à l’ordre du jour de tous les mandats qui se sont ouverts en France à la mi-2020. Forêt urbaine ici, agriculture en ville par là, désimperméabilisation dans les cours d’école… Quelle réponse forte et engagée pour améliorer la biodiversité, le quotidien des urbains et la capacité des villes à résister aux changements à venir. Les projets se multiplient avec une vitesse vertigineuse par rapport à quelques années plus tôt où l’on parlait simplement de coefficient de pleine terre dans les plans locaux d’urbanisme ou de m² d’espaces verts à créer. Tout ceci va évidemment dans le bon sens et je m’en réjouis en tant que professionnel du paysage mais j’ai peur. Oui, j’ai peur que ce profond besoin de nature exprimé par les citadins ne rencontre qu’une réponse de circonstance, une réponse électorale ou simplement technique. J’ai peur qu’il n’y ait pas de questionnement profond sur la place du végétal en ville, son accompagnement et son avenir.
Pourquoi ai-je peur? Parce que je suis convaincu qu’une révolution culturelle est encore à mener au sein de ma profession et a fortiori dans la société dans son ensemble.
Cette révolution culturelle pourrait peut-être se résumer en une phrase simple: le végétal est vivant ! Il est impossible de prétendre lui donner une vraie place dans la ville sans intégrer cette dimension ontologique. Cela signifie comme tout être vivant, qu’ils ont des noms, des patrimoines génétiques, des identités différenciées (idéalement), qu’ils ont des capacités de développement parfois extraordinaire ou encore des conditions de vie minimales à respecter...
Sans cette réflexion, nous retombons dans l’horrible définition de “l’espace vert”, ces zones que certains remplissaient à l’aide de l’outil “pot de peinture” de leur logiciel de conception par ordinateur ou de la “choucroute” ou “moquette verte” pour les maquettes.
Ma peur pourrait diminuer si je constate au moins des mouvements significatifs sur les thématiques suivantes:
- l’opposition permanente, culturelle et juridique entre monde rural et urbanisation
- une réforme des terminologies dans le monde du paysage (propreté, entretien, création…)
- l’intégration systématique d’écologues dans les équipes de conception ou au moins l’intégration de critères écologiques comme éléments non négociables et préalables à toute réflexion de conception d’espace "renaturaliser" en ville
- l’accompagnement à grande échelle de la population pour intégrer les idées d’interdépendances entre l’espèce humaine et le reste du monde vivant
- la présence dans les médias et parmi nos décideurs d’une parole qui replace l’humanité à son humble place face à la complexité infinie du vivant et du système naturel planétaire (le covid pourrait nous en donner l’occasion)
“Quelles belles intentions!” vous me direz et vous avez raison... mais je crois sincèrement que nous pouvons nous réveiller collectivement à cette nécessité absolue que de remettre en question notre relation au vivant qui nous entoure, qui nous englobe tous !
Cette révolution, changement de paradigme, transition écologique - le nom importe finalement peu- est possible et je suis profondément persuadé que les entreprises du paysage ont leur rôle à jouer à condition qu’elles mènent elles-mêmes leur aggiornamento.
L’abandon programmé des produits phytosanitaires n’est qu’un élément logique de santé publique. Les entreprises du paysage doivent se construire un nouveau référentiel de pensée. Nous -entrepreneurs du paysage- avons le rôle voir la mission d’apporter du bien-être à nos concitoyens en nous appuyant sur: le génie écologique, le “talent” artistique de la nature à nous offrir du beau, son exceptionnelle capacité à nourrir et soigner nos corps et enfin le don absolument ordinaire de nous faire respirer, de nous donner de l’ombre, de la pluie et de la fraîcheur pour nos villes.
Avec les sept années à développer l’expérience Pistyles, les rencontres réalisées depuis plus de 10ans, mes réflexions et recherches, je suis disponible pour accompagner et partager mon expérience. C’est dans cette optique que je construis actuellement ma nouvelle activité: transition paysage, une agence pour accompagner, conseiller et former tous les acteurs (et plus particulièrement les paysagistes) qui font la ville de demain avec la conviction qu’un changement de paradigme n’est désormais plus un choix mais un mouvement déjà enclenché et porteur d’avenir.
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2 ansTout est dit THOMAS GENTILLEAU ! Le végétal est vivant, en tant que biologiste je ne peux qu’adhérer ! Et nous devons vivre avec lui, ce qui suppose entretien, soins, prise en compte d’un environnement viable. Et non le contraire, ce qui est trop souvent fait.
Gérant de l'entreprise Atout Vert | IMPLANTER DU VERT DANS VOS ESPACES PROFESSIONNELS 🌿
3 ansTrès intéressant cet article 🌱
Expert International Environnement chez Expertise Environnement et Parcs Public
3 ansBel article plein de bon sens. Le chemin pour l'éveil des consciences à l'environnement et au vegetal est long et semé d'embûches. Mais il me semble que les attentes de la population sont grandes et que de nombreuses équipes d'élus et de techniciens font avancer les choses dans le bon sens.
Secrétaire général adjoint de l'inirr
3 ansMerci pour ce témoignage et l'élan que tu portes au service de ce changement de paradigme ! C'est, sans nul doute, une responsabilité pour les professionnels du paysage, mais c'est aussi un défi pour chacun, à sa petite échelle : se (re)connecter au vivant en soi et autour de soi. Merci !