Leader, connais-toi toi-même !

Leader, connais-toi toi-même !

Lors de la soirée d'échange organisée par l'Institut Aristote le 6 Décembre sur cette thématique, Fanchic Babron coach-associé au sein de l'Institut Aristote a répondu à deux questions : pourquoi est-ce si important pour un leader de se connaitre ? Et quelles sont les étapes de ce chemin de connaissance de soi ? Voici une synthèse de son propos.

L’actualité nous montre combien le leadership est confronté à de nouveaux défis. Dans un monde en mutation accélérée, complexe et incertain, le leadership vertical et solitaire est devenu inopérant, et clairement remis en question. Et pourtant, la tentation est grande pour le leader de s’enfermer dans ses représentations, de se carapacer dans une fausse solidité et de porter des masques qui le coupent de lui-même et des autres. Cela est une illusion et ne peut tenir dans la durée. Ceux auxquels le leader s’adresse ne sont pas dupes, et le réel vient toujours nous rappeler nos limites.

Il y a une attente forte dans les organisations, comme dans la société en général, d’un changement de posture, et au-delà, d’un leadership plus partagé. La demande de « co » n’a jamais été aussi forte : coopération, co-construction, co-leadership. Et le développement du numérique vient à la fois stimuler et amplifier cela. Pour aborder ces nouveaux défis, le leader est appelé à développer autant son ancrage et son authenticité que son ouverture à l’autre. L’enjeu de la connaissance de soi n’a jamais été aussi fort.

C’est en se connaissant, en reconnaissant ses parts de lumière et ses parts d’ombre que le leader pourra exprimer le meilleur de lui au service du projet commun. C’est en sachant qui il est vraiment que le leader pourra se présenter de façon authentique et donc juste face aux autres. Il s’agit en définitive de connaitre la meilleure ressource dont on dispose pour embarquer les autres : soi-même.

La connaissance de soi est plus vertueuse que l’emprunt de nouveaux masques.

Chacun apprend à se connaitre tout au long de sa vie bien sûr, au gré des expériences de vie, heureuse ou malheureuse, des succès ou des échecs. La vie est apprenante sur soi, dès lors qu’on a un peu d’humilité et d’intérêt pour soi. Dans le cas d'un coaching, la démarche est volontaire et inscrite dans le temps. Le coach devient cet « ami » dont parlait Aristote : celui ou celle qui accompagne avec bienveillance et sans complaisance. Un miroir confrontant qui aide le leader à franchir les étapes. Quelles sont-elles ?

Le chemin démarre par une envie de changer, parce que le leader est appelé à des nouvelles responsabilités, ou bien parce qu’il a été confronté par ses collaborateurs, ou ses pairs ou sa hiérarchie sur sa posture, ou bien encore parce qu’il a à gérer un nouveau projet particulièrement complexe. Mais la prise de conscience d’un besoin de changer ne suffit pas toujours à déclencher l’engagement dans une démarche introspective. Et c’est là que le rôle du coach commence : montrer que la connaissance de soi est plus vertueuse que l’emprunt de nouveaux masques.

Pour beaucoup, la seconde difficulté sera d’accepter de s’ouvrir à soi comme de s’ouvrir à l’autre. Il s’agit de se connecter à ce qu’on ressent, à ce qu’on éprouve, à ce qu’on pense de soi, et de l’exprimer. Cette étape est un vrai passage, qui permet d’entrer dans le « développement de soi ».

Nos vulnérabilités sont aussi à la source de nos forces essentielles 

L’étape suivante est celle de la découverte et de la confrontation. Le leader prend conscience de ses forces, de ses talents singuliers, de ses besoins, des valeurs qu’il porte, et de ses aspirations. Il est aussi confronté à ses limites, à ses vulnérabilités et à ses ombres. C'est un moment important dans l'approche Aristote où la personne construit progressivement une représentation complète, fine et précise des différentes facettes qui font sa richesse et la singularité de son leadership. Il s'autorise à être lui-même, avec la conscience que ses vulnérabilités sont aussi à la source de ses forces essentielles et spécifiques. Plus attentionné vis-à-vis de lui-même et il devient aussi plus attentif à l'autre.

S'ouvre alors pour le leader la possibilité d'identifier clairement ce vers quoi il veut aller. Il perçoit les possibilités qui lui sont données tout comme les protections dont il a besoin. Il peut alors donner un sens à son identité unique et singulière de leader, pourquoi et pour-quoi il prend la responsabilité du leadership.

Ce chemin de la connaissance de soi induit des révélations, un travail d’acceptation et aussi de célébration. Le processus génère une transformation personnelle : un ancrage, une authenticité, un alignement qui permet au leader d'exprimer toute sa puissance. Parce qu'il a clarifié son chemin, le leader peut donner tout son sens à l'action collective, créer et porter un récit mobilisateur, être en capacité de l’incarner et d’inspirer les autres.

Connais-toi toi-même ! Ce vieux précepte de sagesse pourrait bien nous offrir une clé du leadership de demain.


Dominique Loubao

Ingénieure InterCulturelle - Mise en valeur patrimoine- Industries Culturelles & Artisanat

6 ans

Intéressant ...

Isabelle Baud

Business coordinator

6 ans

Merci pour cette belle soirée d' échanges sincères. 

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