Lecture numérique et cognition

1/ Du fait de la navigation hypertextuelle et des distractions qu’apporte le flot d’informations au lecteur connecté, celle-ci présente un impact négatif sur nos facultés attentionnelles et mémorielles : « notre attention est dispersée et notre concentration devient diffuse.

2/ Ceci transforme la « structure » même de notre « personnalité », qui délaisse la complexité et la profondeur interprétative au profit d’une recherche de l’efficacité et de l’instantanéité. Notre « densité interne », par où chacun « porte en soi-même une version unique et construite personnellement de l’héritage tout entier de l’occident » périt, au bénéfice d’une « surcharge d’information » et d’une quête de la disponibilité immédiate qui, finalement, aliènent l’épaisseur de notre subjectivité.

3) Cette lecture superficielle fait le jeu de modèles économiques des grandes firmes dominant l’Internet, qui ont tout intérêt à l’entretenir. « La plupart des propriétaires de sites commerciaux ont un enjeu financier à collecter les miettes de données que nous laissons derrière nous lorsque nous voletons de lien en lien : plus il y a de miettes, mieux c’est. Une lecture tranquille ou une réflexion lente et concentrée sont bien les dernières choses que ces compagnies désirent. C’est dans leur intérêt commercial de nous distraire ».

Les nouveaux modes de lecture présentent donc des enjeux colossaux en termes économique et politique, dont la facilité des indicateurs de mesure et la rentabilité rapide éloignent vite toute analyse sérieuse des conséquences sur nos facultés cognitives et notre identité personnelle.

d'après Nicholas Carr, in The Shallows - juin 2010

Anne Pallatin

Change Leadership Expert - Cooperative intelligence - Psychoanalyst

7 ans

Oui, Simon, les causes des perturbations cognitives sont multiples en effet, mais peu de littérature aujourd'hui pour parler du fait que la cognition, la réflexion, la pensée, - et donc notre rapport au monde -, s'étaye à partir de corrélations multiples établies peu à peu grâce aux capacités mnésiques, elles-mêmes liées à notre imaginaire, nos songes, nos rêves (qualité du sommeil), ce qui exige un temps de perlaboration et de métabolisation nécessairement lent. Il s'agit bien de l'étayage subjectif de chacun, de notre "conscience", de notre intériorité, capital majeur lorsque l'essentiel de la vie est en jeu, ou lorsqu'il s'agit de réellement réfléchir par / pour soi-même.

Simon Vuillaume

Transitions, Industries, lifelong learning & Jardins

7 ans

Merci Anne.... le smartphone - notre cerveau déporté, que j'utilise pour lire votre post et pour partager ce commentaire, est sans doute le premier responsable de ce zapping cognitif (voir aussi larticle lhttp://sco.lt/5pzwxde ) Comme "la télévision met du temps de cerveau disponible aux annonceurs", l'internet transforme notre cerveau au bénéfice des Gafa et des marketeurs digitaux... Certes, mais aussi au bénéfice de grandes causes ou d'échanges improbables et quelquefois assez profonds . Apparemment d'autres facteurs pourraient également perturber notre cognition, en effet des études récentes montrent que le QI des jeunes américains baisse et que les 2 causes principales seraient 1) une moindre stimulation intellectuelle et 2) les perturbateurs endocriniens ... )

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