Lecture Santé : Votre Futur Bébé en Pleine Santé – L’Ordonnance Grossesse pour lui transmettre un bon microbiote

Le Dr William BERREBI , gastroentérologue et spécialiste du microbiote, signe début 2024 un 5ème ouvrage, Votre Futur Bébé en Pleine Santé, après Hépatologie Gastrologie Entérologie, et Diagnostics et Thérapeutique destinés aux étudiants en médecine, et ses derniers Médecine Microbiotique et Mission Ventre Plat, où il rend l’intervention par le microbiote concrète et accessible au grand public. Je le remercie de m’en avoir envoyé un exemplaire.

Rédigé pour les femmes enceintes ou en désir de grossesse, ce médecin leur livre les clefs pour prendre des décisions informées sur les gestes et choix du quotidien qui impactent le microbiote, l’inflammation, et la santé du futur enfant – pour lui transmettre le meilleur deuxième génome possible.

Ce que je salue avant tout, c’est qu’il met vraiment en avant l’alimentation comme le premier médicament. Son livre offre une éducation nutritionnelle empreinte à la fois de la sagesse antique et de la science moderne.

Comme dans Médecine Microbiotique (mon commentaire du livre disponible ici), il inclut dans ses recommandations des protocoles – comme par exemple le probiotique B. infantis EVC001 Evivo, 1 sachet par jour pendant 28 jours dans du lait. Mais aussi d’autres probiotiques contre le diabète gestationnel ou l’eczéma atopique. Comme dans ses ouvrages précédents, la limite est qu’il propose ces solutions concrètes sans une analyse exhaustive et comparative des produits sur le marché, et donc sa recommandation n’est pas forcément la meilleure à disposition des jeunes parents. Je me demande notamment pourquoi il ne recommande pas L. reuteri DSM 17938 de BioGaia pour les nourrissons, notamment contre les coliques, incontestablement le leader du marché et du paysage scientifique pour cette application (une récente méta-analyse le montre ici).

Autre point qui me gêne est qu’il continue de considérer les kéfirs et autres aliments fermentés comme des « probiotiques », alors qu’en absence de caractérisation des souches et de recherche scientifique sur ces formulations, elles ne sont pas qualifiables de probiotiques, définis comme « des microorganismes vivants qui, administrés en quantités adéquates, confèrent un bénéfice pour la santé » (FAO/OMS 2001). Il y a une grande variabilité des bénéfices d’un produit à l’autre (comme montré dans l’étude de Bourrie et al., 2022) et les microorganismes précis qui constituent ces produits ne sont pas déclarés sur les étiquettes des produits commerciaux, et encore moins sur les grains que nous échangeons entre famille et entre amis. Il est donc difficile de savoir si les produits fermentés apportent des bénéfices définis et démontrés. Les associations internationales sur les probiotiques International Probiotic Association (IPA) et International Scientific Association for Probiotics and Prebiotics (ISAPP) ont défini des critères pour qualifier un microorganisme en tant que probiotique (et critères ISAPP), et ils doivent d’abord être caractérisés au niveau de la souche (c’est-à-dire pas seulement L. reuteri, par exemple qui est seulement l’espèce, mais bien L. reuteri DSM 17938). Cela ne veut pas dire que les aliments fermentés ne soient pas une bonne addition dans notre alimentation, et j’en consomme moi-même quotidiennement, mais je les considère comme des aliments fermentés ou des microbes alimentaires et non comme des probiotiques.

Dans ses 10 commandements alimentaires, le Dr. Berrebi propose en premier lieu de bannir les aliments ultra-transformés (qui représentent aujourd’hui près d’un tiers des apports journaliers des français !). En cause, les calories vides, concentrées et addictives, les additifs qui favorisent l’inflammation intestinale chronique, et le manque de fibres, nécessaires aux bonnes bactéries. Les conséquences pour le bébé ? Une moins bonne croissance de l’embryon, notamment.

Ensuite, il encourage à la réduction du sucre, mauvais pour le développement cognitif de l’enfant, et il propose quelques trucs et recettes pour aider à cette entreprise difficile. Puis à consommer beaucoup de fruits, légumes et légumineuses parmi les moins contaminés (maïs, asperges, betteraves, patates douces, concombre, dit-il), manger Bio si possible, choisir du riz complet, manger des oléagineux et fruits séchés, booster le taux de dopamine avec le sport, le lait, les œufs, la viande, l’avocat, les champignons, les haricots verts, pommes de terre, aubergine, tofu, et bien choisir les poissons et crustacés.

L’auteur focalise dans une seconde partie sur les micronutriments, l’importance de la vitamine D, du fer, de l’iode, du magnésium, et des oméga 3 pendant la grossesse, recoupant avec les conseils macro précédents. Il avertit contre l’alcool, le café et la cigarette – en informant sans juger – avise sur la filtration de l’eau au binchotan (charbon de bois qui assainit l'eau), et aide à composer avec un environnement pollué (par exemple éviter le chauffage au bois pendant la grossesse, ses fumées étant néfastes). Il parle de l’importance de bouger (et précise quelles activités sont sûres pendant la grossesse), de surveiller son indice de masse corporelle, et il revient sur les microbes avec ceux qui nous veulent du mal (listeria, toxoplasma), explicitant les aliments à éviter et l’hygiène de conservation des aliments.

Le Dr. Berrebi évoque enfin les médicaments et alerte de l’impact de l’utilisation des antibiotiques en période périnatale qui augmentent le risque d’obésité de 84% !

« Désormais, il existe un nouveau paradigme de la grossesse : la transmission d’un microbiote intestinal le plus équilibré possible à votre bébé, gage d’une bonne santé. » - Dr. William Berrerbi.