L'effondrement professionnel, indicateur d'un nécessaire changement de paradigme?

Le sanitaire est touché, le médico-social est touché, le social est touché...
La perte de sens touche les professionnels de ces secteurs, coincés entre des exigences de "soins de qualité", de "déploiement de la bientraitance", de "personnalisation de l'accompagnement", et des baisse de personnel, des restrictions budgétaires, des protocolisations qui protègent et entravent, des mutualisations de moyens...
En commentaire de l'article d'Hospimédia, Mr Jandrok précise : "pas étonnant que nombre de ces "acteurs" cherchent le sens de leurs actions alors que plus personne n'exige d'eux qu'ils se questionnent et réfléchissent. Il leur suffit juste d'agir ! Cette politique de l'acte répond à la logique financière et managériale en vogue de nos jours. On confond désormais qualité des soins et soins de qualité, penser et panser. L'acte s'affiche en substitution de toute parole, alors que la parole peut également faire office d'acte, mais elle n'est pas quotable."
Nous sommes entrés dans le sanitaire (T2A) dans une période de mutualisation des moyens et d'optimisation des ressources pour "performer les organisations", nous y arrivons dans le médico-social avec "l’objectivation des activités des ESMS" (Séraphin PH - avec néanmoins la volonté d’ « adapter les réponses aux besoins de personnes et en déduire les modalités financières et contractuelles optimales »)... Les GHT et les CPOM sont dans la même optique : mutualiser, coordonner, optimiser….
Les organisations s’enkystent et s’alourdissent, des couches de hiérarchie provoquent un effet joule non négligeable et une carburant incroyable disparaît dans les méandres administratifs, les démarches protocolaires, les circuits de décisions…. pour laisser les énergies créatrices, les opportunités d’inventer et les initiatives se mélanger au lot des potentiels perdus…

Finalement, rien de surprenant à ce que cette période s'accompagne d'une explosion de la souffrance au travail, tant chez les salariés que chez les cadres et directeurs : des burn out et désormais des brown out ponctuent les motifs de consultation des instances de médecine du travail et des cabinets de médecine générale (1 professionnel sur 3 exprime "un niveau de tension ayant un impact sur leur travail" – 1 sur 5 dans les entreprises privées)*...

Accompagner et soutenir les professionnels dans la recherche de sens est un levier incontournable. Favoriser l'empowerment de chacun, la responsabilisation des acteurs devient une nécessité,interroger les pratiques collectives à travers le prisme du SENS de l'accompagnement une urgence. 

"L’intelligence collective, mâtinée d’altruisme, d’humilité, de générosité, peut en revanche faire de nos diversités et de nos différences une formidable force créative et transformatrice. Nous avons besoin les uns des autres pour changer" Pierre Rabhi

* Source : http://www.lexpress.fr/actualite/societe/hopital-1-professionnel-sur-3-en-risque-de-burn-out_1549230.html Vincent Olivier, « Hôpital: un professionnel sur trois en risque de burn out? » publié le 06/06/2014