L'empathie et la recherche de la juste distance émotionnelle dans les métiers de l'accompagnement.
L’empathie est la capacité d’entendre un récit en mettant de côté ses valeurs personnelles et de percevoir le monde de l’autre comme une possibilité d’exister.
Dans le cadre des métiers de l’accompagnement, l’empathie permet au professionnel par la suspension de tout jugement, de ses a priori et de son système de valeurs et de croyances, une qualité d’écoute et d’observation.
Elle permet d’installer un rapport de confiance entre les différents acteurs, un rapport d’égal à égal et ainsi de créer l’alliance nécessaire pour permettre à l’accompagné de progresser sur son propre chemin.
Pour que l’alliance puisse s’établir, il est nécessaire pour la personne qui accompagne de trouver une juste distance émotionnelle qui passe à la fois par :
- Une écoute active:
L’écoute active permet au professionnel de voir le monde à travers les yeux de la personne qu’il accompagne, de comprendre ses mécanismes de pensée, de perception et ainsi ressentir son émotion et la lui renvoyer.
Le bénéficiaire se sent alors écouté, entendu et compris. Il se retrouve ainsi face à lui-même et non plus aux filtres (valeurs, opinions etc.) de la personne qui l’accompagne , ce qui lui permettra de clarifier sa problématique et de trouver ses propres solutions.
L’accompagnant pourra pour cela :
- Utiliser des accusés de réception qui montreront à l’accompagné qu’il est attentif à ses propos et qu’il a entendu son message.
- Poser des questions ouvertes lui permettant de clarifier sa pensée
- Répéter ce qu’il dit avec ses propres mots.
- Résumer ses propos évitant ainsi les interprétations.
Cette écoute active en plus de renforcer le rapport de confiance et l’alliance entre les parties, permettra au professionnel de ne pas absorber les émotions du consultant puisque ce sont les mots, les émotions de la personne accompagnée qu’il exprime et non les siens.
2. La réalité objective de l’accompagnant:
Dans les métiers de l’accompagnement, l’empathie renvoie au principe de réalité objective de la personne qui accompagne. En effet, afin que cette dernière puisse trouver la juste distance relationnelle, elle doit comprendre et percevoir son propre état de conscience pour en tenir compte face à celui de son consultant.
Il est ainsi primordial au professionnel de faire la différence entre ses maux et ceux de la personne qu’il accompagne. Il lui est pour cela nécessaire de connaître son propre mode de fonctionnement afin d’identifier une émotion « étrangère » à soi. Cela évitera à l’accompagnant de tomber dans la sympathie ou à l’inverse dans l’absence d’empathie, qui seraient le reflet de ses propres émotions, de son propre système de valeurs et de croyances.
Etre dans la sympathie, reviendrait pour le professionnel à laisser le consultant dans son statut de « victime » et ne pas l’en extraire malgré sa volonté. Ceci l’amènerait également à écouter ses propres besoins au détriment de ceux de l’accompagné.
A l’inverse, pas assez d’empathie amènerait à une froideur relationnelle qui mènerait le consultant à percevoir l’accompagnant comme insensible et l’alliance, primordiale à la relation d’aide ne serait pas au rendez-vous.
Dans les deux cas, la personne ne se sentirait ni écoutée, ni entendue, ni comprise.
La juste distance émotionnelle est pour le professionnel à réinventer à chaque fois face à chaque accompagné et sa carte du monde.