Les éclaireurs et les fossoyeurs /Episode 39/ Relier le frein à l’accélérateur

La Poste a nommé parmi ses facteurs des « facteurs ambassadeurs ». Des postiers qui se portent volontaires pour devenir sur le terrain, les bons génies, les acteurs de l’indispensable évolution, de l’inévitable transformation de leur profession.

Toute entreprise comporte dans ses forces humaines, des forces proactives et positives, téméraires et preneuses de risques, et des forces passives, craintives ou prudentes, voire négatives. Telles sont les composantes de la comédie humaine, qui parfois vire à la tragédie. D’un côté les éclaireurs, les catalyseurs, les ambassadeurs, de l’autre, les « empanneurs », les « procrastineurs », les fossoyeurs de projets : ceux qui incarnent le pouvoir de freiner, de mettre du sable dans les rouages, de dire non. « Chacun son rythme, chacun son chemin » pourrait-on dire pour parodier une chanson bien connue.

Il convient cependant de ne surtout pas opposer les avant-gardes aux arrière-gardes. Il faut essayer de sublimer ces dernières, d’inciter les avocats du diables -utiles à leur manière puisqu’ils ont au moins le mérite de souligner le revers des médailles, le côté négatif des choses- à devenir les avocats du Bon Dieu, à remplacer le plus souvent possible la pelletée de sable par la burette d’huile.

Il y a donc là encore matière à tisser un « lien ». Entre ceux qui accélèrent et qui poussent et ceux qui freinent et qui traînent, pour que personne ne reste en dehors du jeu et de la trajectoire, du plan de vol de l’entreprise.

Jean-Pierre Guéno