Les 7 péchés capitaux de la communication
Voici, sous une forme un peu caricaturale, au travers de ce qu’il me plaît de dénommer « les sept péchés capitaux », certaines caractéristiques de nos pratiques courantes en matière de communication. Je l’avoue, faire entrer ainsi les comportements de ses semblables dans une classification analytique n’est guère systémique ! Il s’agit ici d’un petit exercice ludique, une sorte de clin d’œil aux modes de classificatio.
Un peu de fantaisie peut-être parfois bénéfique !
· Le péché de primauté
Ce péché consiste, dès qu’un problème est posé, à se précipiter pour donner son avis le premier. Celui qui le commet oblige son interlocuteur à réagir à une logique qui n’est pas la sienne et à émettre des contre-avis. Dans le même temps, il se prive des informations que son contradicteur lui aurait données s’il n’était pas acculé à se défendre. Deux logiques ainsi s’affrontent dès le début de l’échange : difficile, pour l’un comme pour l’autre, de prendre du recul.
· Le péché de voyance
Ce péché semble donner le pouvoir, évidemment illusoire, de saisir ce qui se passe dans la tête de son interlocuteur et de lui restituer, « à sa façon », les raisons d’un tel comportement. On s’autorise à lui faire de vrais procès d’intention :
– « Tu as peur de l’échec » ; – « Tu ne peux le comprendre car tu ne l’aimes pas » ; – « Tu t’absentes souvent parce que tu es démotivé... »
En interprétant ainsi, selon son propre cadre de référence, ce que dit son interlocuteur, on le conduit à réagir de façon émotionnelle, à se bloquer ou à se défendre.
· Le péché de causalité
Ce péché se commet au nom de l’esprit de déduction logique, érigé en système de pensée. Confronté à un dysfonctionnement relationnel, on en recherche les causes, avec la croyance bien enracinée que tout problème a une cause parfaitement isolable dont la prise de conscience, à elle seule, en permet la résolution. On pose alors des questions commençant par « pourquoi » :
– « Pourquoi n’avez-vous pas atteint votre objectif ? » – « Pourquoi réalisez-vous ce travail de cette façon ? »
De cette manière, on conduit son interlocuteur à regarder vers le passé et à se justifier. Il peut se sentir accusé et se voir contraint à adopter une position défensive.
· Le péché de souveraineté
Voici un péché qui semble conférer à celui qui le commet la charge du respect des valeurs sociales et des lois. Il l’autorise à juger les comportements et les résultats de ses semblables. C’est à lui de leur dicter ce qu’ils doivent croire ou ne pas croire, faire ou ne pas faire :
– « Tu devrais mettre une cravate pour aller à la réunion de service » - « Tu ne devrais pas t’afficher avec cette personne, elle a mauvaise réputation « - « A ta place, j’éviterais de lui parler de cette façon ».
Cette attitude peut avoir deux conséquences opposées : soit l’interlocuteur se soumet servilement à un système de valeurs qui n’est pas le sien, soit, au contraire, il le nie et rejette instinctivement le donneur de leçon en tant que personne. Ce faisant, on se ferme à tout mode de fonctionnement différent du sien et on limite ses propres possibilités d’adaptation.
· Le péché de conditionnement
Ce péché donne, croit-on, le droit de classer chacun dans telle ou telle catégorie et de prédire son comportement selon la catégorie qui lui échoit. Car, bien entendu, ce pécheur-là est convaincu que le comportement d’un homme est permanent quel que soit le contexte. D’où les jugements préfabriqués :
– « C’est bien un raisonnement de polytechnicien ! » – « Il a une réaction de syndicaliste ! » – « Vous qui êtes juriste, vous devriez savoir que... ».
Ainsi, l’interlocuteur se sent littéralement « fiché ». On ne s’étonnera pas de le voir adopter des réactions excessives pour prouver le contraire ou, inversement, s’installer dans une attitude stéréotypée. De son côté, le pécheur se prive de découvrir les qualités ou les compétences de cette personne.
· Le péché de halo
Il consiste à jauger une personne, lors d’une première rencontre, dans les quinze premières secondes. C’est le repérage instantané de quelques éléments révélés selon un code purement affectif fait de sympathie ou de répulsion. Ce choix s’opère le plus souvent à partir d’expériences antérieures et, plus généralement, selon l’attitude du « pécheur » devant la vie et les êtres.
Si la perception globale est positive, l’échange devient plutôt favorable ; en situation d’embauche, il fera un bon candidat ! Dans le cas contraire on évite de s’engager ou de l’engager ! Cet effet dit de « halo » existe aussi pour des personnes que l’on ne connaît pas mais dont on a entendu parler. Notre préjugé, que l’on cherche à confirmer, affecte alors notre perception sélective.
Celui qui le commet ne se rend pas compte de l’erreur commise. Il prend le risque de passer à côté d’une opportunité de relation ou, au contraire, de regretter de s’être un peu trop avancé.
· Le péché d’urgence
Avec les outils de communication actuels (SMS, e-mail, Facebook, Twitter, Linkedin...), chacun est conduit à commettre ce péché, souvent malgré lui, en s’adressant aux autres brièvement, rapidement. De même cet impatient qui, se justifiant par l’urgence ou l’importance éventuelle de l’appel ne peut résister à la tentation de jeter un œil à tout signal de son smartphone pour identifier l’auteur, voire de répondre, et cela quels que soient les contextes : en réunion, au restaurant, en entretien, en voiture, en face de son patron... En zappant ainsi de façon instantanée, il néglige le temps indispensable à la réflexion et au respect de son interlocuteur. Il devient contre-productif et prend le risque d’erreurs de compréhension.
En résumé, commettre ces sept péchés capitaux revient à se priver d’opportunités de relations positives et à devenir auteur de malentendus. C’est succomber à la tentation de croire que l’autre nous est semblable : l’autre voit ce que nous voyons, sait ce que nous savons, croit ce que nous croyons. Il n’existe alors qu’une « réalité » définitive, intemporelle, bonne pour tous : la nôtre.
A votre avis, quel péché suis-je en train de commettre en écrivant cet article ?
Intervenant coaching consultant
6 ansTrès, trop riche pour ne pas s'y mêler quelque part. Et si le pêché altruiste s'y mêlait ? Quel serait il ? Celui peut être de demander quelle ambition est recherchée ? Que souhaite l'autre, et pouvons nous, toutes génération confondues, toutes langues confondues, toutes cultures confondues avoir la capacité de répondre à ce message, à vos questions ? Cela pose la question, quelque soit la catégorisation établie, de la propension à cerner ET le contexte Et l'interlocuteur qui dit. Selon ses propres formes de valeurs, selon sa propre individualité. Ma conclusion est donc... Tout dépend de... Mais merci pour cette nourriture indigeste qui permet la réflexion. Phrase qui pourrait paraître insolente, mais qui ne l'est pas du tout, vous êtes support à la réflexion, c'est l'important et merci pour ça. Si je devais vous challenger, je vous demanderai de répondre à mon commentaire. Quel péché utiliseriez vous ? Et si finalement c'était le mot péché qui était en cause ?
Expert Qualité certifié Consultant-Formateur-Coach Accompagnement professionnel et personnel. #agilitécomportementale #intelligenceémotionnelle Méthodes M.M.V | S.C.O.R.E | G.R.O.W | Psychologie Positive
6 ans👏
Internal Trainer Self Development and Management chez STMicroelectronics
6 ansPéché de la position haute. Mais il est si difficile de transmettre sans succomber à ce péché, et ce que vous nous transmettez a de la valeur pour moi. Alors continuer à nous transmettre votre sagesse...
Chargée de projet de référentiel chez Centre national de ressources et de résilience
6 ansMerci pour ce partage ! Je retrouve tous mes péchés. Je devrai trouver un remède à cela ;)