Les 7 réformes des candidats de droite qui vont vous faire regretter la loi El Khomri
AFP

Les 7 réformes des candidats de droite qui vont vous faire regretter la loi El Khomri

Après la manif du 14 juin, Philippe Martinez ne désarme pas et la mobilisation va continuer contre la loi Travail. Mais que prévoit-il quand on supprimera les 35 heures, les seuils sociaux et le statut des fonctionnaires ? 

Pour éviter d’avoir à se renier comme qui vous savez, ils ont décidé d’annoncer la couleur. Les candidats à la primaire de droite affirment en chœur  vouloir faire campagne en adoptant la punchline de Nicolas Sarkozy : "Tout dire avant pour tout faire après". Et ça ne traînera pas puisqu’ils ont aussi annoncé qu’ils procéderaient par ordonnances. Encore plus expéditif que le 49-3 !
Vous n’avez pas aimé la loi Travail et son absence de concertation ? Vous allez adorer les potions amères sur ordonnances que préparent les candidats à la primaire de droite. 
Et n’espérez même pas des millions de personnes dans les rues. Avec les ordonnances, tout sera adopté pendant l’été quand les Français défileront sur les plages ou dans les embouteillages.  
Voici le résumé de ce qui nous attend en cas de victoire de l’un des favoris à la primaire de la droite (et du centre, au fait, on l’oublie toujours celui-là). L'occasion de constater qu'il y des différences parfois sensibles entre les candidats et qu'en matière sociale, les plus intransigeants ne sont pas toujours ceux que l'on croit....

1. Le code du travail : du pavé à la brochure ?

C’est ce qu’imagine Bruno Le Maire qui verrait bien le Code du Travail passer de 3700 pages (en fait moins, sans les commentaires, ça ne fait que 675) à 150 (tout en mettant en garde contre la "surenchère libérale"…). Pour Copé, il faut "un grand soir du Code du Travail". Comment on fait ? Par référendum en entreprise, pardi ! Donc, le Code existerait toujours… sauf pour ceux qui veulent s’en passer. Fillon, lui veut rewriter le pavé en ne conservant que les "normes fondamentales". Sinon, il est aussi pour l’auto-entreprenariat dès 16 ans. Il aurait pu réviser ses fiches, parce que c'est déjà possible...

2. Les seuils sociaux : à la trappe !

Mais pas trop vite. Juppé joue le modéré et propose un moratoire de cinq ans quand la taille atteint un nouveau seuil avant d’appliquer ces obligations. Plus radical, Nicolas Sarkozy veut les relever à 50 salariés. Le Maire veut aussi les relever, Fillon les doubler et Copé les supprimer…

3. Le contrat de travail : très renouvelable et vaguement indéterminé

La bourde d’El Khomri qui ne savait plus combien de fois pouvait se renouveler un CDD ne risque pas de se reproduire avec Le Maire partisan du "no limit". Mais attention, avec des droits croissants "ce qui amènera automatiquement l'entrepreneur à basculer en CDI", lit-on dans Le Figarodu lundi 13 juin. Le titulaire d’un CDD est donc un entrepreneur ? 

Copé qui veut que le contrat à durée déterminée puisse être renouvelé trois fois estime lui que tous les Français pourraient se transformer potentiellement en patron : il suffit qu’ils disposent "d’un numéro de Siret qui permettrait à chacun, sans formalités, d’être rémunéré pour des activités en parallèle d’un emploi salarié". Juppé, de son coté, imagine un CDI avec divorce préprogrammé où des "motifs prédéterminés de rupture" seraient inclus "dès la conclusion du contrat de travail"... Hé bé,  ça va en rajouter des pages au Code tout ce système ! 

4. L’assurance chômage : retour au dégressif

Sarkozy ou Le Maire sont pour. Pour Juppé, ce sera à partir de douze mois et seulement si les partenaires sociaux ne parviennent pas à trouver d’accord. Pour NKM, l’allocation dégressive interviendra si les demandeurs d’emploi refusent des offres. Copé, lui, veut carrément enchaîner la dégressivité avec une suppression de l’aide après trois offres d’emplois refusées. Fillon va plus loin : au bout de deux offres déclinées, on coupe les allocs. En revanche, il ne se prononce pas sur la dégressivité (mais veut rendre la formation obligatoire pour les chômeurs longue durée). Toutes ces nuances sont très bien résumées dans ce tableau comparatif des programmes des candidats de ladepeche.fr

5. Les 35 heures évaporées

Pour Sarkozy, on n’y touche pas. Sauf qu’un référendum en entreprise pourrait augmenter le temps de travail. Le Maire est à peu près sur les mêmes positions. Les autres sont plus radicaux : Fillon a été le premier à dégainer la suppression des 35 heures car la norme européenne de durée maximale du travail est de 48 heures…. Juppé a emboité le pas en proposant en prime une défiscalisation des heures sup’. NKM supprime carrément la durée légale du travail et instaure la liberté totale des ouvertures le dimanche (à Paris).

 6. La retraite, oui mais à 65 ans

Ils sont tous d’accord ou presque : Juppé, Le Maire, NKM ou Copé veulent repousser l’âge de la retraite à 65 ans. Sauf un : Sarkozy, encore lui, est moins jusqu’au-boutiste. Il veut repousser l'âge légal de départ à 63 ans dès 2020 puis 64 ans dès 2025 (fonction publique et régimes spéciaux inclus). Pour l’instant, il ne va pas plus loin. Pour tous, les modalités de ce report diffèrent. Juppé, Fillon ou Sarko sont OK pour supprimer le compte pénibilité. Copé prévoit un échéancier très progressif avec  des cotisations qui augmentent de 1,5 trimestres par an de 2018 à 2026. La retraite par points et capitalisation est aussi dans les tuyaux de tous les prétendants…

7. Fonctionnaires : alignement général

Juppé veut-il nous refaire un remake de 1995 ? En tout cas, il s’est prononcé page 129 de son livre Cinq ans pour l’emploi en faveur d’un alignement des régimes de retraite du public et du privé. Il propose donc que "tous les nouveaux fonctionnaires recrutés à partir de 2018 soient dorénavant affiliés au régime général et aux caisses de retraite complémentaires comme tous les salariés du privé". Ça vous rappelle quelque chose ? 
Les autres candidats ne sont pas en reste : NKM veut supprimer le statut pour les nouveaux embauchés. Bruno Le Maire veut éradiquer la fonction publique territoriale, Sarkozy veut abandonner l’avancement automatique et le temps partiel sur-rémunéré, Fillon veut augmenter leur temps de travail… What else ? Ah oui, Copé qui veut instaurer un gel total des embauches. On sent qu’ils ont tous renoncé à cette clientèle électorale, là…

7 + 1 recul annoncé ?

La surenchère libérale, c'est bien pour séduire les patrons, mais ça ne suffit par pour gagner une élection. Car, si les Français sont d'accord (à 82 % !) avec les candidats pour réduire les dépenses de l'Etat de 100 milliards... ça se complique dès que ces coupes drastiques touchent, par ricochet, leur portefeuille. Un sondage d'Atlantico nous apprend que 56 % des électeurs sont contre la suppression des 35 heures et 64 % ne veulent pas de retraite à 65 ans. 

"Notre programme, c'est comme l'huile de foie de morue. Ce n'est pas très bon à avaler mais ça fortifie", affirme un proche de Fillon. Mais tous les autres candidats semblent déjà sur le point de rétro-pédaler...

A lire aussi sur 7x7.press

7 raisons de voter aux primaires de la droite (quand on est de gauche)

Les 7 cadeaux électoraux de Hollande

Mais qui sont les Donald Trump français ?

 

Retrouvez 7x7 sur Linkedin

Alain Bernard

wings and kites designer

8 ans

il semble ,( d’après un ami qui vit aux usa depuis une bonne trentaine d'années et qui ,en tant que consultant d'une des plus grosses industries mondiales, parcours le monde et intervient aussi en France et donc a plutôt une vision globale des enjeux économiques ) que le problème quasi insoluble est que les élites sortant d'HEC , et de l'Ena , élites qu'il côtoie et avec qui il travaille , ne sont pas adaptées aux réalités de l'entreprise : trop théoriciens, ou idéologues , et conséquemment incompétents dans ce domaine , à tel point que, parfois nommés à la tête d'une entreprise pour la redresser , ils ne font hélas que précipiter sa chute. Donc le problème ne serait pas pas la réforme en elle même mais plutôt ceux qui tentent de la construire , politiques, patrons et syndicats confondus d'ailleurs, car les élites ne sont que la partie de l'iceberg France qui est en train de fondre , non à cause du changement climatique mais à cause d'une mentalité typiquement française, pour simplifier , le refus de se remettre soi mème en question . à propos des énarques, il semble aussi que ces personnes trouvent rarement du travail a l’étranger: Pas adaptés à la demande du marché ....étonnant non? ...

Jean-Luc Solignat

Artisan (Logiciel) / Libre penseur

8 ans

Slavery 3.0, bientôt sur vos écrans...

Alain Vanesse

Graphiste Packaging & Maquettiste Sénior - Photographe - En recherche active

8 ans

Faut l'envoyer à Super Mario de le CGT

GUY DARTOIS

Responsable métier industriel chez PSA Peugeot Citroën

8 ans

Sans préjuger du bien fondé de ces projets, Ces 7 là ont tous été aux manettes dans les gouvernements précédents pour certains depuis 25 ans, avec les casseroles qui vont avec, pourquoi réussiraient-ils demain ce qu'ils ont échoué hier? Et dieu sait si l'échec est patent dans tous les domaines, ils sont co-responsables de ce qu'ils dénoncent aujourd'hui ! Il n'y a quand politique que cela est possible . Même si l'un d'entre eux arrive à se faire élire ce sera par défaut ou par une minorité ( au mieux 51% de 80%) comment dans ces conditions croire qu'ils parviendront à convaincre une vraie majorité et à faire passer des mesures à côté desquelles la loi Elkomeri est une douce bluette. Ca nous promet une belle pagaille voire l'explosion . La vérité est que la France ne renouvelle pas son personnel politique "par l'échec" et que nous nous trouvons toujours devant la même offre formatée et de vieilles recettes , bref face à un desert politique.

Identifiez-vous pour afficher ou ajouter un commentaire

Plus d’articles de Eric Le Braz

Autres pages consultées

Explorer les sujets