« Les acteurs économiques et industriels doivent créer une alliance nouvelle avec la nature.»
Le lien entre l’impact sur le climat de l’activité humaine et l’érosion de la biodiversité est connu, documenté de longue date par les scientifiques. Nous le savons : il n’y a pas de transition énergétique sans transition écologique. Climat, ressources, biodiversité sont intrinsèquement imbriqués. Pourtant, la protection du vivant est restée pendant longtemps dans l’angle mort des stratégies de développement durable des grands acteurs économiques et industriels.
Car, si la prise en compte de la biodiversité comme enjeu à part entière ne va pas forcément de soi, c’est qu’elle doit être le fruit d’un cheminement à la fois individuel et collectif.
Ce parcours, nous l’avons éprouvé chez RTE depuis deux décennies. Cette histoire est avant tout celle d’un changement de regard, que l’on peut raconter en 3 actes : de la nature facteur de risque à la nature-alliée.
Acte 1 : Une nature omniprésente et facteur de risque
Avec nos 100 000 kilomètres de lignes électriques traversant les territoires, notre réseau est en interaction constante avec la nature. La gestion de la végétation est même notre 1er poste de dépenses en matière de maintenance ! Des arbres trop proches, des nids trop envahissants… et ce sont des risques de coupures d’électricité préjudiciables.
Avant les années 2000, la nature est perçue comme un risque, un élément perturbateur à maîtriser et à contrôler. Nos équipes enlevaient des nids, coupaient des arbres, désherbaient…
Acte 2 : Quand la nature devient une partie prenante à part entière
Les années 2000 scellent l’époque des premiers partenariats avec les experts de la nature, tel que le muséum national d’histoire naturel (MNHN), qui nous amènent à réfléchir aux interactions pour mieux composer avec elle. Nous découvrons alors que nos infrastructures recèlent d’incroyables ressources de biodiversité, sur lesquelles nous pouvons avoir un impact positif en développant des stratégies de gestion alternative de la végétation sous nos lignes : création de prairies, restauration de mares, sélection d’essences d’arbres plus petits, mais également baguage d’oiseaux nichés dans nos pylônes ou postes électriques… Grâce à de telles interactions avec la nature, on ne voit plus son métier de la même manière.
Et tout le monde y gagne : l’environnement, bien sûr, les riverains de nos lignes, mais aussi l’entreprise qui réduit ses coûts de maintenance sur le long terme.
Acte 3 : Le temps de l’alliance avec la nature pour changer d’échelle
Préserver la nature ne suffit plus, il faut agir pour la régénérer. En travaillant avec nos parties prenantes, par exemple pour assurer une meilleure continuité écologique de nos couloirs de lignes en les prolongeant jusque dans les sites industriels de nos clients ou en travaillant de concert avec le monde agricole.
La biodiversité ignore les frontières de nos organisations. Il y a 4 ans, nous avons commencé à travailler au sein de la Commission Biodiversité de l’association Entreprises pour l’Environnement (EPE) à la conjugaison de nos efforts pour changer d’échelle. Cela a permis à des acteurs économiques majeurs de prendre conscience des enjeux et de s’engager.
Forts de ce travail accompli depuis des années, nous sommes désormais prêts à passer à la phase d’accélération et d’industrialisation. Nous nous sommes ainsi dotés d’objectifs précis, parmi lesquels :
- Doubler nos surfaces de gestion alternative de la végétation d’ici 2024, soit 2 400 hectares, et diffuser ces pratiques dans toutes les régions,
- Passer au 0 phytosanitaire dans nos postes électriques d’ici 2025,
- Faire 100 % des espaces verts de nos sites tertiaires, nouveaux ou réhabilités, des lieux favorables à la biodiversité.
Toutes les composantes de l’entreprise seront impliquées. La biodiversité ne doit pas être le sujet de quelques-uns, mais elle est bien l’affaire de tous.
Pour en savoir plus
- Retrouvez tous nos engagements en faveur de la biodiversité sur la plateforme « Entreprises engagées pour la nature »
- Découvrez la publication « Solutions des entreprises pour la biodiversité : changer d’échelle », qui regroupe plus de 60 contributions imaginées par les entreprises et challengées par les scientifiques et les ONG